Liban
Capitale — Beyrouth
Dernières mises à jour
Les mouvements collectifs sont recensés
-
La prison de Roumieh connait souvent des mouvements de protestation. Le Comité des Nations unies contre la torture observe que l’état de surpopulation des prisons entraine une perte de contrôle du personnel de surveillance et des mutineries, comme celles de 2011 et 2015.1
En 2011, des détenus se soulèvent pendant quatre jours. Ils réclament de meilleures conditions de vie et des délais moins longs de détention provisoire. Deux détenus sont tués et une quarantaine sont blessés par les FSI.
En 2015, une émeute se déclenche après le transfert de détenus du bâtiment B vers un autre bâtiment au régime de détention plus restreint.2 Les détenus brûlent des matelas, cassent des portes, des caméras, et des lampes. Les FSI répriment violemment le mouvement : des actes de torture sont pratiqués sur les détenus. Des vidéos fuitent et sont postées sur les réseaux sociaux. Les autorités reconnaissent les faits et s’engagent à mener une enquête transparente et à imposer des mesures disciplinaires. 3
En 2020, des protestations éclatent, entre mars et juillet, dans les prisons de Roumieh, Qobbeh et Zahle, dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19.
En 2023, des personnes détenues de la prison de Tyr (Liban-Sud) manifestent contre leurs conditions de détention en s’automutilant avec des objets tranchants.
Comité des Nations unies contre la torture, “Examen des rapports soumis par les États parties en application de l’article 19 de la Convention, Rapports initiaux des États parties attendus en 2001“, 14 avril 2016, § 435 p. 84. ↩
“Les médias ont rapporté que les visites des détenus du bâtiment B étaient jusque-là relativement libres, que les détenus disposaient de téléphones portables et d’armes blanches, et même qu’une chambre d’opération terroriste était opérationnelle au sein du bâtiment B”, rapportent les enquêteurs de la mission d’ECPM. ↩
Comité des droits de l’homme, “Observations finales concernant le troisième rapport périodique du Liban“ 9 mai 2018, §29, p. 6. ↩
-
Une rixe entre prisonniers dégénère, le 10 juin, à la prison de Roumieh, en mutinerie. Un membre des Forces de sécurité intérieure (FSI) est pris en otage avant d’être libéré en fin d’après-midi. Un incendie, dont l’origine n’est pas communiquée, est éteint dans la journée.
Nombre d’évasions
-
Une personne détenue s’évade, dans la nuit du 27 au 28 mars, du siège de la Sécurité de l’État à Beyrouth. Il est arrêté quelques heures plus tard en Syrie.
La poursuite et/ou l'incarcération d'une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre est interdite
La législation sanctionne toute pratique sexuelle considérée “contre l’ordre de la nature”. Cela peut entraîner une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et une amende de 200 000 à un million de livres libanaises (article 534 du Code pénal).1
Proud Lebanon, Report submitted to the Committee against Torture in the context of the initial review of Lebanon, “The LGBTI community in Lebanon”, 2017, p. 1. ↩
-
Neuf parlementaires présentent, en juillet 2023, une proposition de loi visant à abroger l’article 534 du Code pénal, punissant d’un an d’emprisonnement et d’une amende “tout rapport sexuel contraire à l’ordre de la nature”. Un député et le ministre de la Culture présentent en réaction, en août, une proposition de loi chacun criminalisant explicitement les relations consenties entre personnes de même sexe et la “promotion de l’homosexualité”.
L’eau potable est accessible, sans frais, partout où résident les personnes détenues
Des organisations de la société civile signalent que l’eau potable est rare en détention.1 Le Comité des Nations unies contre la torture constate, en 2016, que l’eau disponible dans les établissements pénitentiaires est non potable. Elle est surtout utilisée pour l’hygiène personnelle et le nettoyage des locaux.2
Civil Society Reports, “Universal Periodic Review (UPR) Third Round Lebanon“, 2020, p. 101 (en anglais). ↩
Comité des Nations unies contre la torture, “Examen des rapports soumis par les États parties en application de l’article 19 de la Convention, Rapports initiaux des États parties attendus en 2001“, 14 avril 2016, § 442 p. 87. ↩
-
Les personnes détenues n’ont, en raison de pénuries dans les établissements pénitentiaires, pas accès à l’eau potable. Les personnes détenues n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau en bouteille.
Le personnel pénitentiaire est représenté par un/des syndicat(s)
-
Les médecins et le personnel infirmier se mettent en grève, en février 2024, pour protester contre le montant trop faible des salaires.
La restauration relève
de l’administration
Les repas peuvent être préparés par un cuisiner, comme à la prison de Qobbeh, ou par des personnes détenues, comme à Roumieh.1
Le Comité pour la prévention de la torture libanais (CPT) remarque, en mars 2021, qu’une importante part de la nourriture est fournie à la prison de Roumieh par Dar Al Fatwah, l’autorité sunnite libanaise chargée d’émettre des décisions juridiques pour la communauté sunnite, d’administrer les écoles religieuses et de superviser les mosquées.2
Ensemble contre la peine de mort, Carole Berrih et Karim El Mufti, “Vivants sans l’être, mission d’enquête, Liban”, 2020, p. 106. ↩
National Human Right Commission including the Committee for the Prevention of Torture (NHRC-CPT) / Lebanon’s National CPT – Report to the UNSPT, 2022, p. 12 ↩
-
Six entreprises menacent les Forces de sécurité intérieure de cesser la fourniture de vivres à plusieurs prisons libanaises à partir du 31 décembre 2023. Elles fournissent habituellement les prisons de Roumieh, Zahlé, Tripoli et l’établissement pour femmes de Baabda. Ces entreprises attendent depuis 2020 des paiements que l’État ne parvient pas à honorer en raison de l’inflation. Cet ultimatum est renouvelé en janvier 2024.
Toutes les personnes détenues sont admises en prison avec un ordre d'incarcération valable
Des organisations de la société civile font état de cas de détention arbitraire. Le Centre libanais des droits humains (CLDH) publie, en 2011 et en 2016, deux rapports sur le sujet. Ils indiquent que des centaines de personnes, arrêtées dans le cadre “d’affaires sécuritaires” auraient subi des violations de procédures.
Le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies publie, en 2017, un avis sur l’affaire Nizar Bou Nasr Eddine, colonel des Forces de sécurité intérieure (FSI), arrêté et détenu pour des allégations de corruption. Monsieur Bou Nasr Eddine est arrêté, en avril 2016, sans mandat et maintenu en garde à vue sans justification légale et sans accès à un avocat pendant 40 jours.
Un autre avis est publié, en 2020, sur l’affaire Hassan Al-Dika. Le groupe de travail constate que monsieur Al-Dika est arrêté et détenu, en 2018, sans bénéficier d’un procès équitable. Il est torturé et contraint à signer des aveux. Trois experts indépendants des Nations unies adressent une lettre au gouvernement libanais pour faire part de leur “grave préoccupation concernant les allégations de détention arbitraire et de mauvais traitements infligés à M. Al-Dika depuis son arrestation”.
De nombreuses arrestations arbitraires des manifestants sont constatées depuis les mouvements populaires qui secouent le pays en 2019.
Amnesty International dénonce des arrestations et détentions arbitraires de réfugiés syriens accusés de terrorisme. L’ONG les interroge en mars 2021. Elle constate “qu’ils n’avaient pas été informés du motif de leur arrestation et qu’ils n’avaient pas eu accès à un avocat ou à leur famille pendant les premières phases de leur détention.”1
-
Human Rights Watch appelle, le 16 janvier 2024, les autorités libanaises à libérer immédiatement Hannibal Kadhafi. Hannibal Kadhafi est en détention provisoire arbitraire depuis décembre 2015 sur la base “d’accusations fallacieuses”. Il est accusé par les autorités libanaises d’avoir dissimulé des informations et d’avoir participé à l’enlèvement de l’imam chiite libanais Moussa al-Sadr. Il n’avait que deux ans lors de sa disparition.