A propos de la prison et de la récidive

André Kuhn, professeur de criminologie aux universités de Neuchâtel et Genève, s’indigne: non la prison n’empêche pas la récidive !

En lisant la page 3 de l’édition du jeudi 30 mars de ce journal, je n’en crois pas mes yeux: «Le seul vrai moyen d’empêcher la récidive reste la prison»… Cette phrase, attribuée à Madame Bula – qui est tout de même la cheffe du service pénitentiaire du canton de Vaud – est tout simplement fausse et inacceptable. De deux choses l’une: soit les propos de Madame Bula n’ont pas été retranscrits fidèlement et/ou ont été décontextualisés, soit elle a consciemment décidé de faire fi de certaines connaissances scientifiques pourtant bien étayées en la matière.

En effet, on ne peut pas ignorer aujourd’hui la recommandation (Rec 2014 4) sur la surveillance électronique, qui décrit à la fois le potentiel et les limites, les avantages et les risques de toutes les formes de surveillance. On ne peut pas se passer de se questionner sur le fait que les Etats les plus punitifs sont aussi ceux qui connaissent les taux de criminalité les plus élevés (pensons aux Etats-Unis) et que les Etats les moins criminogènes sont ceux qui appliquent les peines les plus humaines (pensons aux pays du Nord de l’Europe).

Et surtout, on ne peut pas tout bonnement ignorer les travaux effectués en Suisse sur la récidive dans le cadre de l’Office fédéral de la statistique, travaux qui montrent que la plus ou moins grande utilisation de la prison n’a aucun effet sur la récidive.

Lire l’article entier.