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Arabie saoudite : "Pourquoi maintenir ces femmes en prison?"

Paris Match. L’Arabie saoudite a démenti, la semaine dernière, les accusations de torture sur des militantes emprisonnées. Est-ce rare que le pouvoir nie ?

Clarence Rodriguez. Oui, car généralement, ils ne disent rien. Après voir été attaquées sur l’affaire Khashoggi, les autorités se sont senties obligées de contredire. On assiste à quelque chose de curieux depuis quelques temps : avant, toutes ces affaires étaient traitées en catimini. Mais maintenant, ça fuite de plus en plus, grâce aux réseaux sociaux, au poids des ONG, aux familles qui relaient les informations, même si elles font très attention car elles sont surveillées.

Aujourd’hui, le fait de dénoncer les tortures sur ces femmes ne tombe pas bien, avec l’affaire Khashoggi.

Ça fait beaucoup de choses en peu de temps. Nous parlons de ces femmes, mais combien d’hommes et de femmes ont été torturés avant qu’on en parle? C’est une pratique courante, Amnesty et les ONG le dénoncent régulièrement. Il suffit de voir l’exemple de Raif Badawi, qui a reçu 50 coups de fouet en janvier 2015. C’est barbare. Depuis l’avènement de Mohammed ben Salmane, qui a tenu à communiquer sur tout et notamment ses projets de réformes, cette volonté de communication revient comme un boomerang. Ça ne se passe pas réellement comme il l’aurait souhaité.

Une vague d’arrestations a eu lieu depuis le printemps dernier à l’encontre de militants des droits de l’Homme.

Les toutes premières remontent à septembre 2017, avec la purge à l’endroit d’intellectuels, de religieux modérés. C’est là que Jamal Khashoggi est parti s’exiler aux Etats-Unis. A ce moment-là, on a compris que nous étions dans une politique de répression avec Mohammed ben Salmane. Le moment où il a touché à ces femmes très connues à l’international a été le détonateur, pour moi, le début d’un basculement : on ne pouvait plus parler de politique réformatrice. Il les a emprisonnées car il voulait s’arroger les lauriers de l’autorisation de conduite. Je trouve cela très primaire.

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