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Source : Libération (13/08/2020)
Voir le panoramaBiélorussie : les protestataires libérés racontent les tortures en prison
Privés d’eau, de nourriture et de sommeil en détention, torturés à l’électricité et brûlés aux cigarettes, ils ont été détenus par dizaines dans les cellules destinées à quatre ou six personnes. Des centaines de contestataires, libérés après avoir été détenus en Biélorussie lors des protestations contre la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko, ont raconté vendredi à l’AFP des scènes subies en prison.
Au total, au moins 6 700 personnes ont été arrêtées en Biélorussie depuis dimanche soir. A peine sortis de prison, plusieurs ex-détenus ont été amenés à l’hôpital à bord d’ambulances. Parmi eux, Maxim Dovjenko, 25 ans, qui assure n’avoir même pas participé aux manifestations mais s’être simplement trouvé sur les lieux au moment de la répression policière.
“On m’a frappé très fort sur la tête (…), mon dos est couvert de bleus après des coups de matraque, ils m’ont brûlé les mains avec des cigarettes”, raconte-t-il.
Mikhaïl Tchernenkov, entrepreneur de 43 ans, montre ses fesses entièrement bleues, en racontant à l’AFP avoir été torturé à l’électricité et frappé avec des matraques.
“On pensait qu’on serait enterrées ici”, lance Iana Bobrovskaïa, 27 ans, en quittant vendredi une prison de Minsk. Cette professeure de mathématiques a été libérée après avoir passé quatre jours en prison, partageant avec une cinquantaine de détenues une cellule destinée à quatre personnes.
Selon l’ONG Amnesty International, plusieurs femmes ont été menacées de viol en détention et des hommes ont parfois été obligés de se mettre à quatre pattes, entièrement nus, pour être battus avec des matraques.
Iana Bobrovskaïa dit avoir été privée de nourriture pendant trois jours et s’être vu refuser du papier toilette et des protections hygiéniques, les gardiens proposant aux femmes détenues de s’essuyer avec leurs vêtements.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Iouri Karaev, a présenté jeudi ses excuses pour les violences commises contre “des passants” qui n’étaient pas impliqués dans les protestations.