Détenu à l’étranger : loin des yeux, loin des terres

Emma Rowland. Prisoners Abroad travaille habituellement avec près de 1 100 prisonniers à la fois. Si plus de la moitié vivent en Europe ou en Amérique du Nord, Prisoners Abroad travaille également avec plusieurs centaines de personnes détenues dans de très mauvaises conditions en Asie, en Amérique Latine, en Afrique et aux Caraïbes.
Les infractions aux lois sur les stupéfiants restent les motifs d’incarcération les plus courants pour les Britanniques arrêtés à l’étranger.
On constate cependant des variations notables en fonction de la région. En Amérique Latine et aux Caraïbes, le motif d’arrestation le plus fréquent est l’infraction à la législation sur les stupéfiants ; en France, le motif le plus courant est l’infraction aux lois sur l’immigration, des gens accusés de faire passer des clandestins ; en Thaïlande, le dépassement des dates limites de visa ; et en Allemagne, la fraude fiscale.

ER Les besoins des personnes détenues à l’étranger varient énormément en fonction de leur lieu de détention et de leur situation personnelle. Pourtant, certains problèmes sont récurrents pour la plupart de nos clients. Qu’on soit détenu en Australie, au Pérou, au Kenya ou en Espagne, le fait de se sentir isolé et coupé de la vie de son pays peut-être extrêmement difficile à gérer. Pour maintenir leur lien avec le monde extérieur, nous fournissons des journaux et des magazines britanniques à tous ceux avec qui nous travaillons avec nous. Nous leur envoyons aussi notre lettre d’information trois fois par an.

Dans de nombreux pays, communiquer avec sa famille est loin d’être facile, et dépendre d’un système postal qui met des mois à remettre une lettre importante peut être très frustrant, en particulier à l’ère de la communication instantanée, avec Internet.

Là où l’anglais n’est pas beaucoup parlé, la communication au sein même de la prison peut devenir une difficulté supplémentaire. Dans ce cas, Prisoners Abroad fait de son mieux pour fournir des guides de conversation, des dictionnaires et des manuels pour permettre aux détenus d’apprendre les bases de la langue locale.
Bien sûr, pour certains, la réalité quotidienne de l’emprisonnement à l’étranger est un combat pour survivre à des conditions carcérales épouvantables. Prisoners Abroad finance une partie de la nourriture, de l’eau potable, des vitamines et des traitements médicaux vitaux, car dans certains cas, les prisons subviennent si peu aux besoins des détenus qu’il leur serait presque impossible de survivre sans soutien financier.

ER. Beaucoup de personnes emprisonnées à l’étranger nous écrivent au sujet d’un transfert pour terminer de purger leur peine au Royaume-Uni. Quand c’est possible, nous essayons de rendre visite aux détenus transférés dans les prisons britanniques.

On constate qu’ils ont des ressentis mitigés au sujet du système carcéral au Royaume-Uni en comparaison à leur détention à l’étranger. En général, ils sont heureux d’être plus près de leurs familles et découvrent que maintenir le contact est plutôt simple. Mais ils constatent aussi qu’en étant enfermés dans leur cellule jusqu’à 23 heures par jour, ils ne peuvent pas réellement travailler ou nouer des liens comme ils le faisaient lorsqu’ils étaient emprisonnés à l’étranger.

Dans certains cas, les personnes qui reviennent d’Europe découvrent que les conditions des anciennes prisons de Londres sont bien pires que celles des pays dans lesquels ils étaient détenus.

Cela dit, j’ai rencontré plusieurs personnes transférées au Royaume-Uni après avoir purgé le début de leur peine en Amérique du Sud ou en Asie. Ils étaient profondément soulagés de ne plus devoir s’inquiéter de leur accès aux soins médicaux ou de leur prochain repas. Même si le système carcéral du Royaume-Uni est loin d’être parfait, pour ceux qui reviennent d’établissements surpeuplés et insalubres dans des pays en développement, c’est une grande amélioration par rapport à ce qu’ils ont connu ailleurs.