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Dire la prison avec humanité
Les films de Janusz Mrozowski disent, sous des formes les plus inattendues, que des hommes et des femmes sont enfermés dans les plus inhumaines des conditions
Luc Alavoine
Auteur
Luc Alavoine accompagne les mouvements de la société depuis de nombreuses années.
Citoyen, il agit dans de multiples domaines : l’action culturelle dans la cité, les images et les sons, l’organisation des soins palliatifs au domicile, l’évaluation des actions et l’écriture.
Il rencontre Janusz Mrozowski en 2017, partage avec nous son regard de spectateur, présente l’homme, le cinéaste et ses films.
Avec au fond une volonté sourde qui martèle une conviction : "Je veux être l’un d’eux. Donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et devenir l’un d’eux pour partager cette intimité bafouée."
Fugues carcérales (2005)
"J’aimerais que les gens ayant vu le film aient ensuite une pensée chaude et sympathique. Qu’ils pensent à eux comme à des frères…"
Bad boys cellule 425 (2009)
"Quand je sortais le soir de la cellule, j’étais complètement épuisé sans me souvenir de rien en fait… De temps en temps je me rappelais les 'peurs', il n’y en pas eu beaucoup mais il y en a eu…"
Bad girls cellule 77 (2010)
"Plus j’avançais dans cette prison, plus je voyais ces femmes tristes, abandonnées, sans vie et moins j’avais envie de faire le film. J’étais presque soulagé qu’elles refusent."
Bad Boy cellule haute sécurité (2012)
"Je ne savais pas ce que j’allais, ni comment j’allais faire. C’était traumatisant."
Janusz Mrosowski
Janusz Mrosowski
Cinéaste
Je suis originaire de Pologne où, du haut de mes 7 ans, j’affirmais un désir profond pour toute vocation : être un étranger. Les uns et les autres aspiraient à devenir pompiers ou miliciens, moi je voulais être un étranger. C’est mon seul souvenir intelligent de l’enfance et je ne garde en mémoire aucun autre. Puis adolescent, j’ai découvert que je vivais dans un pays totalitaire où tout n’était pour moi qu’enfermement. Mon engagement dans l’univers carcéral tient à cette découverte de ma vie polonaise dans cet univers irrespirable qu’était le régime communiste de type soviétique, un univers d’enfermement. Je me suis senti enfermé.
Janusz Mrozowski, ancien journaliste à l’ex-ORTF, a collaboré, en tant que “ghost writer” - scénariste non officiel - à de nombreuses adaptations de romans, avant de produire et réaliser “Mille Univers, Une Langue”, une série de téléfilms inspirés de nouvelles africaines qu’il a tournés au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, au Togo et en République centrafricaine ; puis, un long métrage au Burkina Faso, “La revanche de Lucy”. Fin 1999, il est touché et ému par un appel lancé dans le journal Libération par un “collectif de détenus longues peines” de la Maison Centrale de Lannemezan dénonçant la misère culturelle dans les prisons. Depuis ce jour, ateliers d’écriture et films se succèdent en France, en Pologne ou au Burkina Faso pour donner à voir l’humanité emprisonnée car c’est bien d’humanité dont il s’agit.
- 2000 - 2002 : Atelier d’écriture à Lannemezan, Rennes, Poissy
- 2005 : Fugues carcérales
- 2006 : Pèlerinage pénitentiaire
- 2007 : Le mouton noir
- 2008 : La vierge noire derrière les barreaux
- 2009 : Bad boys cellule 425
- 2010 : Bad girls cellule 77
- 2012 : Portrait d’un directeur de prison
- 2012 : Bad Boy cellule haute sécurité (QHS)
- 2013 - 2016 : Prison match
- 2016 - 2017 : Baba François - le jubilé des prisonniers