JC. Nos espoirs sont limités, les politiques sont rigides. Sur le terrain cependant, l’administration pénitentiaire commence déjà à faire “ouh la la” face à ce projet de loi. Les syndicats de directeurs se mettent, eux aussi, à le critiquer. Ils montrent que les créations de postes prévues suffiront à peine à éponger le manque de personnel actuel et ne pourront donc pas répondre aux besoins associés aux nouveaux établissements prévus.
La société civile n’est pas convoquée dans ce projet de loi.
Je pense directement à la conférence de consensus organisée par Christiane Taubira en février 2013[^plusloin]. C’était une discussion pluridisciplinaire issue de la société civile. Les prises de parole provenaient tout autant du monde professionnel du droit, de la politique et du pénitentiaire. Le travail énorme réalisé lors de cette conférence de consensus aurait largement pu être repris pour ce projet. Il n’en est rien. La contrainte pénale était une mesure mise en place suite à cette conférence. Les politiques ne lui ont jamais donné les moyens d’exister et projettent de la supprimer dans la nouvelle réforme. Il s’agissait pourtant d’un dispositif qui avait été réfléchi avec la société ! Celle-ci était prête à s’investir notamment par le biais des acteurs associatifs. Ils auraient pu constituer un levier à-même de faire participer de plus en plus de citoyens dans ces dispositifs favorisant la réinsertion.
Le projet de loi fait à nouveau écho à la création d’une agence du travail d’intérêt général (TIG), montrant l’intérêt de l’État pour la réinsertion par le travail.
Encore une fois, les moyens devraient être alloués au développement de ce type de peines alternatives : en mettant l’accent sur la réinsertion par le travail, la société sera de toute façon impliquée.
Au delà de notre appéciation de cette loi contre-productive, nous avons rédigé ce plaidoyer pour une loi de programmation de la justice plus juste. Notre expérience nous permet de considérer avec recul certaines des réformes évoquées et sur leurs conséquences. Ce plaidoyer est donc là pour alerter les politiques et enclencher le dialogue. Il nous permettra de réfléchir ensemble et de mutualiser nos connaissances et nos expériences.
À travers ce débat et ce projet de loi, une question reste encore permanente : la prison ne constitue-t-elle pas, au final, un fond de commerce politique ?
[^plusloin]:Le principe de la Conférence de consensus de prévention de la récidive.
** Pour aller plus loin **
• Le plaidoyer - Projet de loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice : une réforme qui ne convainc pas
• Le site internet du secours catholique - prisons et personnes détenues.