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Équateur : des bains de sang dans les prisons, le gouvernement impuissant

En un peu plus d’un an, 350 détenus ont été tués dans certaines des pires tueries carcérales d’Amérique latine.

Les bains de sang s’enchaînent dans les prisons d’Equateur, révélant l’impuissance du gouvernement à reprendre le contrôle des lieux de détention. Les derniers affrontements entre détenus sont survenus dimanche dans le sud du pays, à Cuenca, dans la prison d’El Turi, où vingt prisonniers ont trouvé la mort et certains corps ont été mutilés.

“Une indifférence généralisée”

C’est le cinquième épisode de violence depuis février 2021, date à laquelle a éclaté, selon le gouvernement, une guerre entre gangs de trafiquants de drogue qui ont pris le contrôle du système pénitentiaire surpeuplé et que les autorités ne parviennent pas à endiguer. La séquence se répète inlassablement: une fusillade en pleine nuit, des explosions, et des corps démembrés choquant les familles de prisonniers et le pays tout entier.

Acculé par les critiques, le président de droite Guillermo Lasso a débloqué des fonds pour améliorer la sécurité et promis une augmentation du nombre de surveillants. En décembre, il a mis en place une commission civile chargée de se joindre à la réflexion et son rapport est sans appel: « Vu les conditions dans lesquelles survivent les personnes privées de liberté, ces centres de détention sont plutôt des entrepôts à êtres humains et des centres de torture ». Vianca Gavilanes, avocate de la Fondation Dignité, qui défend les droits des prisonniers, pointe deux raisons à la répétition de ces crises: « Une indifférence généralisée » à l’égard de la vie des prisonniers et un Etat qui a oublié « ses devoirs » à leur égard. Elle s’interroge sur l’absence de réaction des autorités malgré les signaux d’alerte sur l’imminence de nouvelles violences.