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États-Unis : les spectaculaires progrès de New York contre l’incarcération massive des Noirs

Le maire démocrate, Bill de Blasio, a réduit les motifs d’interpellation et les contrôles au faciès, en maintenant un taux de criminalité bas.

“I can’t breathe”, “j’étouffe”. Ces derniers mots expirés par George Floyd, mort le 25 mai lors de son interpellation par un policier de Minneapolis (Minnesota), avaient aussi été prononcés six ans plus tôt à New York par Eric Garner.

Cet Afro-Américain de 43 ans était décédé le 17 juillet 2014, lors de son interpellation à Staten Island, étranglé par le coude d’un policier, Daniel Pantaleo, tandis que deux autres pesaient sur sa poitrine. Il était soupçonné d’avoir vendu au noir des cigarettes. L’affaire, filmée, avait fait scandale, contribuant au déclenchement du mouvement Black Lives Matter.

Mais un grand jury new-yorkais avait refusé d’inculper le policier, et le ministre de la justice de Donald Trump, William Barr, avait renoncé à toute poursuite fédérale cinq ans après les faits, en juillet 2019. Il a fallu attendre août 2019 pour que le maire de New York, Bill de Blasio, et le chef de la police renvoient, enfin, Daniel Pantaleo de la police.

Six ans après le drame, New York a accompli d’immenses progrès dans sa gestion des relations entre police et minorités et mis fin à l’incarcération de masse des Afro-Américains. Le chef de la police de la ville, Terence Monahan, a pris fait et cause pour les manifestants, mettant le genou à terre lundi 1er juin, lors d’une manifestation près de Washington Square, dans le sud de Manhattan.

“Cela doit s’arrêter. Nous savons tous que le Minnesota a commis une faute. Pas un seul policier d’ici ne pense que ce qui s’est passé au Minnesota est justifié. Nous sommes de votre côté sur ce point.”

Taux de criminalité au plus bas

Le maire Bill de Blasio, qui est marié à une Afro-Américaine et a des enfants métis, est particulièrement sensible au sujet, même s’il tente de ménager ses 35 000 policiers. Réduction massive de l’incarcération des Noirs, suppression des contrôles aux faciès et abandon des cautions financières qui conduisaient à maintenir en prison les plus pauvres : le bilan de M. de Blasio et du gouverneur démocrate de l’Etat, Andrew Cuomo, est impressionnant, alors que le taux de criminalité est au plus bas dans la cité peuplée de 8,5 millions d’habitants.

Petit retour en arrière, à la fin des années 1980. New York est alors ravagée par la guerre de la drogue et des gangs. C’est l’époque où une joggeuse est violée brutalement dans Central Park, conduisant à la condamnation de cinq adolescents afro-américains innocents. Les homicides atteignent le record de 2 262 en 1990 : six morts par jour ; les prisons de la ville débordent avec 21 600 détenus. Vont se succéder une série de mesures, qui vont diviser ce taux par sept (en 2019, il n’y a eu que 320 homicides à New York). Au prix, d’abord, de mesures extrêmement brutales.

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