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Source : Le Monde (28/02/2020)
Voir le panoramaFrance : assesseurs extérieurs en prison
Depuis 2011, la France est le seul pays à rendre obligatoire la présence d’un citoyen au sein des commissions de discipline, pour apporter davantage de transparence dans un milieu carcéral opaque.
Depuis quatre ans, c’est le même rituel. Au moins trois fois par mois, Sophie D.* abandonne à l’entrée toutes ses affaires de civil. Seul un crayon et un carnet sont tolérés. Il lui faut franchir le détecteur de métaux, juste avant la première porte fermée par une lourde serrure à l’ancienne ; puis un deuxième sas, où elle doit s’équiper d’un petit boîtier “alarme sécurité”. “Ce n’est pas très utile, mais on ne fait pas ce qu’on veut en prison”, résume cette ancienne responsable d’une chocolaterie.
La quinquagénaire pénètre alors dans la cour de cette prison du centre de la France, où évoluent des détenus. Parfois, elle prend un café ou un plat chaud à la cantine. Accompagnée d’un surveillant, elle gagne ensuite le quartier disciplinaire, en longeant les cellules. Enfin, elle touche au but : une petite salle de quelques mètres carrés, où Sophie D. rejoint le directeur, un greffier et un surveillant officier. Assis face à eux, à moins de deux mètres, un prisonnier, accompagné s’il le souhaite d’un avocat.
Violence, consommation de drogue ou possession d’un téléphone portable… le détenu est là parce qu’il a enfreint les règles de détention de l’établissement, et sera sanctionné en conséquence. Mais depuis 2011, le personnel pénitentiaire n’est plus seul pour établir cette décision : la France est le seul pays à rendre obligatoire la présence d’un citoyen extérieur au sein de ces commissions de discipline, selon la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP).
“Faire tomber un certain nombre de fantasmes”
L’objectif ? Apporter davantage de transparence dans les quelque 55 000 décisions rendues chaque année par les 186 établissements pénitentiaires français – maisons d’arrêt, centres de détention ou maisons centrales. “Nous sommes les yeux, les oreilles et la voix de la société civile dans cet univers si fermé”, résume Sophie D.