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Source : Le Monde
Voir le panoramaFrance : "au feu, la pénit’ brûle" : à Fleury-Mérogis, les surveillants en colère bloquent la prison
Un rendez-vous entre l’intersyndicale et l’administration pénitentiaire est prévu mardi. Les syndicats organiseront une « marche des oubliés de la République » dans la ville de Fleury-Mérogis.
Au fond de leur cellule, certains détenus ont dû avoir les yeux qui piquent, le nez qui coule et la gorge qui brûle. Il était un peu plus de 23 heures, lundi 10 avril, lorsqu’un nuage de gaz lacrymogène a enveloppé la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), au pied de laquelle s’étaient retranchés les plus déterminés des 400 surveillants pénitentiaires en colère qui avaient entrepris d’en bloquer l’accès tout au long de la soirée.
Au moment où les gendarmes mobiles donnaient l’assaut final face aux manifestants – curieux spectacle de l’Etat luttant contre l’Etat –, cela faisait déjà quatre heures que l’avenue des Peupliers, principale porte d’entrée de la prison, avait été recouverte de barricades de pneus et de palettes de bois vouées à s’embraser, et que les dizaines de personnes qui devaient y être écrouées n’avaient donc pas pu y être conduites. Quatre jours plus tôt, un mouvement de protestation symbolique avait été décidé par les surveillants du plus grand établissement pénitentiaire d’Europe.
Jeudi 6 avril, dans le quartier des mineurs, plusieurs d’entre eux étaient intervenus pour séparer deux détenus qui en étaient venus aux mains dans une coursive au moment de la promenade. Un autre groupe de jeunes prisonniers s’est mêlé à la bagarre. Six surveillants ont fini à l’hôpital. L’un d’eux a le bras dans le plâtre. Un autre est blessé au genou. Certains ont dû passer des IRM après avoir été frappés à la tête.
“C’est l’agression de trop, on ne pouvait pas laisser passer ça parce que là, il s’agit de nos vies, tonne le costaud Marcel Duredon, secrétaire local du syndicat Force ouvrière à Fleury-Mérogis. Ça fait vingt-neuf ans que je fais ce métier, et que je vois les conditions de travail se désagréger.” Christian, 33 ans, dont dix comme surveillant à Fleury, acquiesce : “Tous les jours, on nous demande de faire des miracles. Parce que travailler dans ces conditions, ici, aujourd’hui, c’est faire des miracles.”
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