Le gouvernement s’enorgueillit de proposer “des actions concrètes pour faciliter la réinsertion des détenus”. En fait de concret, les annonces en la matière sont creuses, floues, parcellaires et surtout, pas à la hauteur de l’urgence. Car, rappelons-le, le quotidien en maison d’arrêt, c’est être confiné 22h sur 24 en cellule. Or le plan ne contient pas un mot sur le développement des activités.
Concernant la formation professionnelle, délaissée au point que 85 % des détenus n’y ont pas accès, il se contente d’évoquer “un travail mené avec les régions” qui en ont la charge avec “un effort d’investissement” de l’État, sans plus de précision. Pour donner le change sur la prise en compte de la question du travail en prison, le gouvernement l’intègre opportunément, au pied levé, au champ de compétences de l’agence du travail d’intérêt général initialement prévue, créant une confusion totale tant sur le contenu que sur la finalité de l’un et de l’autre. Et passe sous silence l’introduction du droit du travail en prison, pourtant annoncée par le président en mars dernier.
Un flou qui contraste violemment avec la précision des mesures prévues en matière de sécurité pénitentiaire.
[Ce] point qui bénéficie, lui, d’un budget dédié (plus de 80 millions d’euros), et d’actions déclinées (acquisitions de filins anti-projections et anti-hélicoptères, de brouilleurs de téléphone portable, dispositif de lutte contre les drones, renforcement des effectifs du renseignement, etc.). Un secteur qui ne connaît pas la crise…
L’ensemble de ces mesures est censé être soumis au vote du parlement. Mais par cette opération de communication, et en faisant fi des travaux parlementaires à venir, le gouvernement prend pour acquis un plan qui, de par les enjeux de société qu’il soulève, mériterait pourtant un véritable débat démocratique.