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France : "Ils se sont vus mourir" : après l'incendie de Rouen, des détenus de la maison d'arrêt vont porter plainte

PRISON - Après l’incendie de l’usine Lubrizol, les inquiétudes demeurent malgré les explications des autorités. Alors que le préfet a annoncé qu’il restait “160 fûts dans un état délicat à évacuer” et que la qualité de l’air était “habituelle”, à la maison d’arrêt de Rouen, des détenus présentent des symptômes de stress important et de déshydratation, indique à LCI Julia Massardier, avocate de plusieurs d’entre eux.

Après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, les angoisses demeurent. Sur le front judiciaire, de nombreux recours ont été déposés devant les tribunaux, notamment de la part de syndicats, dont l’Unité SGP Police Seine-Maritime pour les forces de l’ordre ou encore des syndicats de France Télévisions pour les équipes de France 3 Rouen.

A côté de ces recours, il y a celui de maître Julia Massardier, avocate de deux détenus de la Maison d’arrêt de Rouen. Elle avait saisi en référé le tribunal administratif afin que des relevés soient effectués et que l’air ainsi que l’eau soient testés dans l’établissement pénitentiaire, celui-ci se situant à un kilomètre de l’usine. Elle souhaitait également que des constatations médicales soient faites. La décision est tombée ce mardi 1er octobre à la mi-journée : elle a été déboutée de son référé. Reste que désormais, des plaintes au pénal vont être déposées.

Des détenus décrivent une atmosphère étouffante, avec une odeur intense

Des contacts qu’elle a pu avoir avec les familles de certains de ses clients, ceux-ci décrivent “une atmosphère étouffante à l’intérieur de la maison d’arrêt”.

“Mes clients présentent des symptômes de stress importants”, dit-elle à LCI. “Tout le quartier de semi-liberté a été réveillé au moment de l’incendie, ils ont pensé que la station-service située à côté de la prison avait explosé et ils se sont vus mourir”, explique Me Massardier.

“Ils décrivent une odeur intense dans les bâtiments. Dans cet endroit, les fenêtres sont limitées et il est impossible d’aérer. Certains ont même développé des symptômes de déshydratation, l’eau leur paraissait impropre”, confie-t-elle. “Tous m’ont dit que c’était compliqué de vivre dans la Maison d’arrêt”, précise l’avocate.

Une dizaine de plaintes au pénal

Si elle a déposé un référé devant le tribunal administratif, pour que des tests soient effectués, c’est que selon elle, la maison d’arrêt présente “une atmosphère témoin car les détenus n’ont pas aéré les cellules”. “Les tests effectués auraient permis probablement de savoir si des substances dangereuses étaient passées dans l’air, sachant que cela n’a pas été aéré”, dit-elle.

Dans sa décision, le président du tribunal a estimé qu’il n’y avait pas d’urgence à faire ces tests, précise l’avocate.

Me Massardier l’assure : “Plusieurs familles m’ont contacté de la part de certains détenus, cela se compte en dizaines. Et pour le moment, deux d’entre eux ont décidé de déposer plainte au pénal”. Ces deux plaintes s’ajoutent à d’autres et ce sont désormais une dizaine de personnes, dont des familles et des détenus, qui ont choisi de porter plainte.

Des avocats rouennais se mobilisent également et ont décidé d’organiser “des consultations gratuites spécifiques” sur l’incendie. A titre personnel, plusieurs d’entre eux ont aussi porté plainte.

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