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France : le centre éducatif fermé pour mineurs, une alternative imparfaite à la prison

À Bruay-la-Buissière, ils sont douze mineurs condamnés, placés en centre éducatif fermé. Un dispositif à mi-chemin entre l’accueil en milieu ouvert et la prison que le gouvernement va étendre. StreetPress s’est glissé derrière les murs de ce centre.

Côté pile, un majestueux donjon s’élève au-dessus des vestiges du château de la commune. Côté face, sur le flanc est de ce domaine de plusieurs hectares, le paysage oscille entre des bâtiments vides et décharnés d’un côté, et une clôture grillagée s’étirant à perte de vue de l’autre. Derrière, un terrain de basket et deux bâtisses aux couleurs tristes semblent comme pris au piège. Un chemin traverse ce décor désenchanté. Puis entre les grilles, une porte surmontée d’une plaque à l’effigie du ministère de la Justice se dévoile. Bienvenue au Centre éducatif fermé (CEF).

À l’accueil, la responsable de cette structure pour mineurs délinquants, Carole Lehingue, reçoit. Elle est accompagnée de la chargée de communication de la Direction de la Protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) Grand Nord. À peine l’échange est-il engagé avec la responsable du centre qu’il est aussitôt interrompu par l’irruption d’un éducateur, porteur d’une mauvaise nouvelle. La veille, un jeune a fugué. Pourtant, personne n’a l’air vraiment interloqué. Comme si c’était banal. “Cela peut arriver”, admet Carole Lehingue, en poste cependant depuis tout juste un mois : “Mais de là à dire régulièrement, je ne sais pas.”

Une visite sous contrôle

Les CEF sont des structures à mi-chemin entre l’accueil en milieu ouvert et la prison. Encadrés par dix-sept éducateurs, les mineurs sont soumis ici à ce qu’on appelle une “contrainte éducative”. Comprendre : les jeunes n’ont pas été placés ici pour se la couler douce, et il y a des règles à suivre. Car les CEF sont des établissements où les mineurs sont placés après une condamnation. Braquages, vols, violences, affaires criminelles, le tableau est parfois sombre. Des jeunes à la personnalité explosive et au parcours de vie souvent difficile. Durant leur séjour, d’une période minimale de six mois, les jeunes sont donc tenus de respecter les obligations fixées dans le cadre de leur placement. Cela commence par l’adhésion à l’emploi du temps hebdomadaire. Un programme strict et individualisé autant que possible, avec comme objectif final de leur transmettre les outils pédagogiques et éducatifs nécessaires pour une réinsertion réussie.

Depuis la création des CEF en 2002, le nombre de mineurs placés dans ces structures ne cesse de croître, relève la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH). Une inflation qui devrait se poursuivre. En effet, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé cette année la création de 20 CEF supplémentaires d’ici à 2021, ce qui portera le nombre total de ces établissements à 71. Pour convaincre des bienfaits du dispositif, l’administration a accepté de nous ouvrir les portes du CEF de Bruay-la-Buissière. Une visite sous contrôle au programme imposé. Impossible par exemple de prendre nos repas avec les jeunes. Et nous ne pourrons interroger que trois d’entre eux, en présence de responsables de l’administration, les autres ne disposant pas de l’autorisation parentale. La visite nous donnera tout de même un aperçu du quotidien de ce centre.

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