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Source : le JDD
Voir le panoramaFrance : "Les prisons étouffent ? Il faut leur donner de l'air"
L’ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, évoque les solutions possibles pour répondre à la colère des surveillants pénitentiaires.
Il est aisé de prédire des événements réalisés. Admettons pourtant que la colère des surveillants pénitentiaires (peut-on arrêter de les baptiser “gardiens de prison”?) était aisément prévisible.
Il y a des signes de retrait du travail qui ne trompent pas depuis plusieurs années, qui auraient dû préoccuper les responsables : peu de candidats aux concours de recrutement (avec la baisse de qualité corollaire); démissions nombreuses dans les premières années du métier; et surtout, quotidiennement, absentéisme important (“maladies”) des surveillants de coursive, ceux qui s’occupent directement des personnes détenues.
A cet égard, le conflit actuel a bien des traits communs avec le “soulèvement” spontané des fonctionnaires de police voici quelques mois.
Un dialogue “impossible”
Cette colère n’a pas pour origine l’agression de la prison de Vendin-le-Vieil. Ses causes résident dans l’étouffement progressif de l’exercice du métier en raison du surpeuplement des maisons d’arrêt : il y devient impossible de pratiquer le dialogue, avec pour conséquence le développement des rapports de force; il y faut renoncer à des missions que l’on sait indispensables, avec comme suite la frustration qui en résulte.
Mais les causes résident aussi, dans tous les établissements, dans une hiérarchie trop souvent “omniabsente” dans les coursives de la détention; dans l’anonymat complet qu’engendre le gigantisme des nouvelles prisons; dans la difficulté à affirmer l’autorité face à des jeunes générations de prisonniers (et non pas seulement des terroristes) indociles, ignorantes des règles et intolérantes à la frustration; dans l’absence de normes et l’accroissement des brutalités qui en résultent dans les relations entre surveillants et personnes détenues; dans l’accroissement des tâches sans augmentation corrélative des effectifs; dans le peu d’appétence – c’est une litote – pour les questions humaines et sociales du personnel d’une administration pénitentiaire opaque et jalouse, elle, de son autorité; dans le “populisme” (puisque c’est ainsi qu’on le baptise) enfin, qui gagne en influence dans les métiers de la sécurité et pèse sur la conception que l’on se fait des choses et des gens.
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