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Source : Worldzine
Voir le panoramaFrance : soignants en psychiatrie, le "règne de l’absurde" ?
Entre 400 et 500 personnes ont manifesté dans les rues d’Amiens, dans la Somme, le samedi 3 novembre 2018. Un mouvement à l’initiative des grévistes de l’hôpital Philippe Pinel, en faveur d’une “psychiatrie humaniste” et pour plus de moyens.
Djembé, trombones, saxophones, clarinettes… Les instruments accompagnent gaiement la foule. La vingtaine de musiciens s’est placée devant les premières banderoles du cortège. L’Arrache Fanfare ne s’arrêtera pas de jouer de l’après-midi. Entre 400 et 500 personnes ont défilé dans les rues d’Amiens pour protester contre un manque de moyens à l’hôpital psychiatrique Philippe Pinel. Ils revendiquent une psychiatrie “humaniste”. Depuis le 15 juin 2018, des membres du personnel sont en grève : 142 jours au compteur le 3 novembre, date de la manifestation. Comme les soignants sont “assignés”, c’est-à-dire réquisitionnés à l’hôpital, ils doivent continuer à travailler mais se déclarent tout de même “en grève”.
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Une durée d’hospitalisation trop courte et un manque de temps
Selon Chloé, la durée d’hospitalisation des patients est trop courte, du fait du manque de place. Ce temps d’hospitalisation ne permet pas la stabilité du patient, et cela altère sa prise en charge à la sortie ce qui est associé à une ré-hospitalisation précoce. “C’est le serpent qui se mord la queue” avance l’infirmière. Elle hausse un peu le ton de sa voix pour couvrir les slogans scandés par les manifestants et la musique s’échappant du cortège.
Quand un patient arrête un suivi, les symptômes reprennent le dessus. S’il n’y a pas d’accompagnement, il n’est pas possible d’acquérir de l’autonomie. “On en est à un point où le système de santé est exsangue. Le personnel est au bout du bout”, poursuit-elle. Elle semble de plus en plus déterminée et lance : “Nous faisons face à une pénurie médicale et en plus de cela nous n’avons pas assez de temps pour accompagner les familles”.
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Besoin de récréer du lien
Les blouses personnalisées apparaissent comme la matérialisation des liens qui unissent les soignants. “Nous sommes dans un milieu où l’affectif joue beaucoup, détaille Chloé. On est entre collègues en permanence. Pour faire ce métier et travailler en équipe, il faut une bonne connaissance des autres”. Aussi, les problèmes présents aujourd’hui dans la psychiatrie renvoient à une souffrance éthique. “Par exemple, on n’avait régulièrement pas le temps de laver tous les patients. Comment réagir face à cela ? Notre job, c’est pas ça” lance-t-elle, révoltée.
Lors des prises de parole à l’issue de la mobilisation à la Hotoie, le député François Ruffin s’est exprimé. Il a également affirmé cette nécessité de recréer du lien. “Ce qui s’est détérioré, c’est la parole et le lien social. Ce sont des choses déconsidérées dans la société” affirme-t-il. Finalement, selon lui, le traitement réservé à la psychiatrie est le traitement réservé à la société. “Guérir la psychiatrie est un moyen de guérir la société” conclue-t-il. Les grévistes demandent ainsi la création de 60 postes, l’ouverture de 2 services et l’effacement de la dette. En 2016, la dette des établissements publics de santé en France s’élevait à plus de 29 milliards d’euros.
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