• 22 février La Direction de l’administration pénitentiaire italienne diffuse une circulaire interdisant l’entrée des prisons à tous les personnels pénitentiaires, bénévoles et proches des détenus habitant les « zones rouges » (zones de forte contamination). Les transferts vers et en provenance de ces zones rouges sont suspendus, tout comme les activités au sein des prisons, et notamment celles organisées par des personnes extérieures. Dans la plupart des zones affectées, les visites familiales sont toutes interdites. Elles sont, dans d’autres régions, limitées à un membre de la famille par détenu.

• 5 mars Antigone soumet une recommandation d’urgence au ministre de la Justice, dans le but d’assurer le maintien des liens familiaux. En temps normal, les personnes détenues n’ont droit qu’à un seul appel téléphonique par semaine, d’une durée de dix minutes. Antigone suggère non seulement d’augmenter leur fréquence et de passer à un appel par jour, mais aussi de remplacer les visites familiales par des appels vidéo.

• 8 mars Le Conseil des ministres ordonne la suspension totale des visites dans toutes les prisons du pays et facilite l’accès aux appels téléphoniques et vidéo. Cependant, tous les centres pénitentiaires n’appliquent pas immédiatement ces nouvelles mesures et la suspension des droits de visite déclenche des mutineries dans plusieurs prisons du pays. Des détenus frappent sur les barreaux de leurs cellules et mettent le feu à leurs matelas. D’autres échappent aux surveillants pour se rendre sur les toits des établissements. Plusieurs détenus s’évadent de la prison de Foggia. Une mutinerie éclate à la prison de Modène, où plusieurs détenus s’introduisent dans l’infirmerie pour y dérober des médicaments. Plusieurs sont victimes d’une surdose. Les décès de 12 personnes détenues sont confirmés par les autorités. Des soulèvements et mutineries sont signalés dans 27 établissements. La situation se calme lundi 9 mars, en fin de journée.

Le système pénitentiaire italien souffre de surpopulation depuis des années. Le taux d’occupation s’élève à environ 130 %. Le risque posé par l’épidémie de coronavirus était donc évident : la surpopulation carcérale rend quasiment impossible l’application des mesures de confinement visant à contenir la propagation du virus.

Antigone a élaboré des propositions visant à alléger la pression sur le système pénitentiaire pendant cette période critique. L’ONG a soumis ces propositions aux administrations pénitentiaires, aux juges d’application des peines (magistratura di sorveglianza) et au ministre de la Justice.

• Chaque établissement pénitentiaire doit acheter un Smartphone pour 100 détenus, et activer une carte mobile prépayée. Les téléphones devraient permettre à chaque détenu, sous le contrôle visuel d’un agent de la police pénitentiaire, de passer un appel téléphonique ou vidéo de 20 minutes par jour, vers les numéros autorisés.

• Mise en liberté conditionnelle dans les cas particuliers (Affidamento in prova in casi particolari) : l’article 47-bis de la loi 354/75 doit être étendu à tous les détenus dont les problèmes de santé pourraient s’aggraver avec le coronavirus. Ils doivent aussi pouvoir recevoir des soins thérapeutiques.

• L’assignation à résidence (art. 47-ter, §1 de la loi 354/75) doit être étendue aux détenus dont les problèmes de santé pourraient être aggravés par le coronavirus (quelle que soit la durée de la peine)

• Tous les détenus bénéficiant d’un régime de détention semi-ouvert (Semi-libertà) doivent être autorisés à passer la nuit assignés à domicile.

• Les personnes en attente de l’exécution de leur peine de prison, non placées en détention provisoire, doivent voir leur peine commuée en mesure d’assignation à résidence (sauf pour des cas spécifiques et dûment justifiés).

• L’assignation à résidence doit être étendue aux détenus qui exécutent des peines de prison allant jusqu’à 36 mois et à ceux dont le temps restant à purger n’excède pas cette durée (loi 119 de 2010, confirmée par le décret-loi 146 de 2013).