Le journal Le Monde (daté du 6 février 2021, voir ici), qualifie ainsi Lokman Slim : “ce créateur touche-à-tout, à la fois éditeur, essayiste, archiviste et documentariste, né dans une famille chiite mais profondément laïque et libéral, dénonçait à voix haute la mainmise du Hezbollah sur cette communauté”.
Ce qui devait nous rapprocher, ce sont ses travaux réalisés avec son épouse, Monika Borgmann. Pour TADMOR (Palmyre, 2016), film coproduit par Les Films de l’Étranger (Prix du Film Politique à Hambourg notamment), ils ont tous deux travaillé durant quatre ans avec un groupe d’anciens prisonniers libanais détenus dans la prison de Palmyre, la pire du système carcéral syrien. Ils avaient été libérés autour de l’année 2000 à l’occasion de l’amnistie qui suivit le décès de Hafez el Assad. Ils ont, lors du soulèvement de 2011 en Syrie, décidé de parler.
“Un film sur la torture et la survie, un film sur la mémoire aussi, que l’on voit ici au travail, dans une forme très épurée et puissante”
Leur film devait les conduire à imaginer, au sein de leur ONG libanaise UMAM D&R, le MENA Prison Forum (MENA pour “Middle East and North Africa”), un vaste projet autour du système carcéral de la vaste région, et dans le Moyen Orient pour commencer. Nos attentions communes étaient si nombreuses que notre rencontre devenait évidente. Nos équipes sont modestes, le champ à labourer est immense et c’est ainsi que même ce qui nous aiderait à grandir se perd parfois comme l’eau sur de trop grands territoires.
L’insupportable violence aura eu raison des espérances que nous voulions faire naître.
Prison Insider travaille dans de nombreux pays dans le monde où le simple souci des prisonniers ordinaires peut conduire à l’enfermement, voire aux mauvais traitements et même à la torture. Le courage de ces militants désintéressés est infiniment supérieur au nôtre. Ne cessons jamais de nous faire l’écho des monstruosités qu’ils dénoncent. La mémoire contemporaine montre que nous ne sommes à l’abri de rien. Partout.
Puissions-nous être fidèles à l’œuvre entreprise par Monika Borgmann et Lokman Slim. Ce serait le plus bel hommage à leur rendre.