Amnesty International publie, en 2017, un rapport faisant état des conditions de détention dans les prisons malgaches. Il décrit une situation alarmante et un usage disproportionné de la détention provisoire. Voici un extrait de la synthèse qui introduit le document.
“À Madagascar, le maintien injustifié, excessif, prolongé et abusif, d’une manière ou d’une autre, en détention préventive perdure depuis des décennies et a des répercussions catastrophiques sur l’efficacité du fonctionnement de la chaîne pénale. (…) Bien que les obligations de Madagascar au regard du droit international et de ses propres lois établissent que la détention préventive est une mesure exceptionnelle, les établissements pénitentiaires du pays reçoivent plus de personnes qui n’ont pas encore été jugées que de personnes condamnées. En octobre 2017, plus de la moitié (55 %) de la population carcérale n’avait pas encore été jugée. La détention préventive injustifiée, excessive et prolongée viole l’état de droit, contribue à la surpopulation carcérale, gaspille les ressources
publiques et met en péril la santé et les droits des détenus, de leurs familles et de leur entourage.
Elle est notamment contraire au droit à la liberté, au droit d’être présumé innocent et au droit d’être traité avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. De fait, les conditions de détention préventive sont misérables et s’apparentent clairement à une forme de peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Si la majorité des détenus en attente de jugement sont des hommes (89 %), touchés plus directement
par une détention longue dans des conditions inhumaines et par la surpopulation extrême, les femmes (6 %) et les enfants (5 %) sont affectés de manière disproportionnée par certaines conséquences de cette détention, car les droits propres à leur genre ou leur âge sont également bafoués. Les femmes enceintes ou accompagnées de bébés, par exemple, ne peuvent recevoir les soins de santé dont elles ont besoin. Les enfants ont rarement accès à des activités éducatives ou de formation, contrairement à ce que prévoient les propres lois de Madagascar. Le taux de détention préventive des femmes et des enfants a progressé à un rythme inquiétant ces dix dernières années.
Lire le Rapport d’Amnesty International
< Photo ci-contre © Amnesty International. “À la maison centrale de Manakara, 200 hommes environ, en attente de jugement pour la plupart, dorment à même le sol dans l’une des cellules surpeuplées de la prison. Le manque de place est tel que la nuit, ils se retournent tous en même temps, toutes les heures, lorsque le maître de la cellule frappe dans ses mains.”¶