Mais quel est le lien entre l’affaire de Nizar Trabelsi, extradé par la Belgique le 3 octobre 2013 à la demande des Etats-Unis, et Guantanamo ?
C’était début 2009. Devant la chambre de mises en accusation de la Cour d’appel de Bruxelles, se débattait la demande d’extradition de Nizar Trabelsi introduite par les autorités américaines en 2008. La défense de Trabelsi, sous la direction de maître Marc Nève, plaidait que la demande américaine ne pouvait pas être acceptée. Qu’il fallait la rejeter à tout prix. À cause des conditions inhumaines de détention aux États-Unis. À cause des méthodes d’interrogatoire qui y ont cours. À cause des méthodes de recherche utilisées dans ce type de dossiers.
Or, pour contrer les arguments de la défense, l’argumentation centrale du Procureur fédéral disait qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter sur le respect des droits des détenus aux États-Unis. Pour le démontrer, le Procureur fédéral avait repris, dans son réquisitoire écrit, de larges extraits des promesses électorales d’Obama, élu début novembre 2008. Ces extraits, reproduits tels quels, provenaient, références à l’appui, du site internet de RTL.
Obama, non seulement y annonçait la fermeture de Guantanamo mais y faisait aussi valoir que s’annonçait, après tant de dérives, une ère nouvelle, respectueuse des droits fondamentaux.
Sur ces audiences Marc Nève déclarait : “Sans hésiter, pour rejeter l’ensemble des moyens invoqués par la défense de Nizar Trabelsi, les juges de la Cour d’appel adoptèrent l’exposé présenté par le Procureur fédéral. Ce faisant, la Cour s’est en quelque sorte appropriée ce catalogue de promesses dont, tant d’années plus tard, nous savons à quel point il était trompeur.”
S’appuyant sur le jugement, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck apposera sa signature à la demande d’extradition le 23 novembre 2011. Le 3 octobre 2013, la nouvelle ministre Annemie Turtelboom installera Trabelsi sur un avion de la CIA vers les États-Unis.
Les promesses de la fermeture de Guantanamo et du bannissement des techniques d’interrogation de torture n’ayant pas été tenues, le Procureur général et les juges de la Cour d’appel vont-ils révoquer leur décision ?
Et, au moment où quasi tout le monde pointe la NVA comme responsable des extraditions illégales par notre pays, le personnel politique du gouvernement Di Rupo (sans-NVA, composé des SP.a/PS, CD&V/cdH et Open Vld/MR), qui a donné unanimement le feu vert à cette extradition, va-t-il se distancier publiquement de cette décision ?