russia_1891327_1920.jpg

Explorer

Retour
russia_1891327_1920.jpg
Russie Asie Europe Surpopulation Torture Violence
Voir le panorama
Analyse Rapport

Russie : des prisonniers transportés comme des marchandises

6 000 kilomètres de distance, voyages interminables, opacité totale.

“Le prisonnier n’est rien de plus qu’un colis, acheminé du point A au point B par une chaîne logistique bien rodée.”* – Ivan Pavlov, avocat spécialisé dans les droits humains.

Un wagon de 3,5 m², partagé par 20 prisonniers pour un voyage qui peut durer jusqu’à un mois : bienvenue dans la réalité que vivent les prisonniers convoyés en Russie. Un rapport d’Heather McGill, chercheuse au sein d’Amnesty International, attire l’attention sur le calvaire des prisonniers en Russie, dont certains parcourent 6000 kilomètres et traversent 11 fuseaux horaires jusqu’à des colonies pénitentiaires isolées. Bien souvent, des milliers de kilomètres les séparent de leurs proches.

Trains bondés, accès restreint aux sanitaires, traitements inhumains

Les prisonniers subissent, à bord des trains, des traitements inhumains ou dégradants. Rien n’est prévu à bord pour le transport des bagages, que les prisonniers doivent transporter avec eux : les compartiments sont souvent bondés. Les besoins les plus élémentaires sont ignorés, par exemple l’accès aux sanitaires quand le train est à l’arrêt, quand bien même le temps d’attente peut atteindre les huit heures. La limitation de l’accès aux traitements médicaux met en danger les prisonniers atteints de maladies graves.

Le service pénitentiaire fédéral de Russie (FSIN) a hérité du goulag soviétique son réseau de colonies pénitentiaires, situées dans des régions peu peuplées du territoire russe (principalement dans le Grand Nord et l’Extrême-Orient russes).

Aujourd’hui, cela représente un problème structurel : les prisonniers doivent être transportés sur des distances colossales pour atteindre ces colonies. La destination finale est inconnue, les véhicules difficiles à localiser. Les avocats et les représentants des instances de contrôle n’ont que très rarement la possibilité de voir l’intérieur d’un convoi ferroviaire.

L’isolement des prisonniers dans des territoires reculés est une tradition vieille de plusieurs siècles qui structure une culture pénale unique

Opacité totale

Les autorités pénitentiaires n’ont aucune obligation d’informer les familles ou les avocats des prisonniers convoyés avant que ceux-ci ne parviennent à destination, augmentant les risques qu’ils courent. La distance empêche également les visites des membres de leur famille, remettant sérieusement en cause leurs perspectives de réinsertion.

Les conditions de détention dans les colonies pénitentiaires russes sont d’une grande dureté. Il faut généralement s’en remettre aux visites des proches pour que les prisonniers puissent recevoir la nourriture et les médicaments dont ils ont besoin.

L’isolement des prisonniers dans des territoires reculés est une tradition vieille de plusieurs siècles qui structure une culture pénale unique, dans laquelle emprisonnement et exil ne font pratiquement qu’un. 

Le rapport d’Amnesty International indique que, si les autorités russes ont progressé dans leur réforme du système carcéral visant à le rendre conforme aux normes internationales en matière de droits humains, il est toujours nécessaire de construire des établissements pénitentiaires plus proches des grandes villes.

Lire le rapport de Amnesty international, disponible en anglais et russe.

Retour à la liste