Le ministre de la Justice et de la Paix dirige l’administration pénitentiaire. Chaque établissement pénitentiaire dispose d’une unité de soins dédiée aux soins courants. Le personnel soignant est composé d’un médecin généraliste, d’un psychiatre et de plusieurs infirmières. Il peut être réparti sur deux établissements. L’hôpital ou la clinique la plus proche prend en charge les soins spécialisés, les traitements plus complexes ou les opérations chirurgicales.

L’administration et le personnel soignant lancent, en mars 2020, un programme d’information et de prévention pour les détenus. Le taux d’occupation est alors de 122 %. Le vice-ministre de la Justice et de la Paix affirme, en juillet 2020, que la surpopulation rend la distanciation physique impossible. L’administration lance alors une campagne de prévention parmi les détenus. Elle veille au maintien d’une bonne hygiène.
Les familles peuvent fournir des masques. Un fonctionnaire explique : “Il y a plus de 15 000 détenus. Les ressources de l’administration pénitentiaire sont très limitées. C’est pourquoi les proches et les familles sont autorisées à fournir des masques réutilisables. Nous faisons tout notre possible pour en fournir à ceux qui n’ont pas pu en recevoir.”(Interview d’un agent de l’administration pénitentiaire)

La première mesure est, lorsqu’un détenu est positif à la Covid-19, le placement à l’isolement. Les autorités pénitentiaires le notifient au ministère de la Santé afin de mettre en place un plan sanitaire. Des soins médicaux appropriés sont apportés. Les détenus contaminés présentant des symptômes modérés ou sévères sont transférés dans un établissement de soins.

Les autorités répertorient les endroits, au sein des établissements pénitentiaires, susceptibles d’être aménagés en zones de quarantaine ou de soins pour les détenus et les surveillants. Ils incluent les salles de classe et les gymnases. Les autorités pénitentiaires et leurs architectes travaillent à l’installation de toilettes et d’éviers au sein de ces espaces. L’ensemble des prisonniers ayant quitté, pour des raisons judiciaires ou médicales, l’établissement plus de 24 heures sont placés à l’isolement préventif. Il en va de même des arrivants. Les nouveaux détenus suivent un protocole strict : désinfection des chaussures, lavage des mains, utilisation de gel hydroalcoolique et changement de vêtements.
Le ministère de la Justice et de la Santé annonce l’embauche de personnel médical supplémentaire. Les horaires de travail des unités médicales sont étendus jusqu’à 22 heures. Un nouveau planning voit le jour : les détenus contaminés sont examinés le matin. L’après-midi est réservée aux autres maladies. La priorité est donnée aux pathologies chroniques. Le personnel médical travaille le week-end, afin de limiter les transferts entre les prisons et les hôpitaux, où le risque de contagion est extrêmement élevé. Les transferts sont limités aux cas qui ne peuvent pas être pris en charge par les établissements pénitentiaires. Les détenus contaminés ayant besoin d’une assistance respiratoire sont pris en charge dans des établissements de soins à l’extérieur.

Les transferts pour des raisons non médicales sont réduits au strict minimum. L’administration a tiré les leçons de l’épidémie d’oreillons de 2019.

Les déplacements au sein des établissements pénitentiaires sont également limités. Les autorités mettent en place un système de bulles sociales, des sous-groupes de détenus. Cette organisation permet d’éviter tout contact lors des déplacements d’un quartier à l’autre. Chaque sous-groupe est placé 14 jours en quarantaine. Les dortoirs sont, pendant ce temps, entièrement désinfectés.

Le premier cas de Covid-19 est signalé, le 1er juillet 2020, dans la prison de Reforma, à Alajuela. Le détenu contaminé est un arrivant. Il est, une fois testé positif, placé en quarantaine pendant 18 jours dans une cellule individuelle. Les quatre détenus partageant sa cellule sont également isolés et placés, pendant 14 jours, en quarantaine. Les 300 détenus de la même unité sont, par ordre du ministère de la Santé, placés à l’isolement. L’unité est désinfectée. Le ministère de la Justice et de la Paix ordonne la suspension de tous les transferts au sein de l’unité. Il renforce également les mesures de prévention et le contrôle sanitaire.
Le ministère de la Justice et de la Paix confirme deux jours plus tard, le 3 juillet, quatre nouveaux cas : deux parmi les détenus, et deux parmi le personnel. Les détenus contaminés étaient déjà à l’isolement au moment du diagnostic. Ils étaient à nouveau incarcérés à l’issue de procédures judiciaires.
Le nombre de contaminations passe, le 21 juillet 2020, à 30 : 15 détenus et 15 membres du personnel.
Le ministère de la Justice et de la Paix met régulièrement à jour, sur sa page Facebook, le nombre de cas. Deux mille cent soixante-huit détenus et 616 membres du personnel pénitentiaire ont été, au 13 décembre 2020, contaminés. Treize prisonniers sont morts.

Des audiences virtuelles sont possibles, pour les procédures judiciaires, au sein des établissements disposant du matériel nécessaire. L’Institut de criminologie décide, au cas par cas, des aménagements de peine. La situation des détenus et la proportion de la peine déjà exécutée sont prises en compte. Les détenus sont d’abord placés en régime ouvert.
“Depuis les premiers cas, la procédure de mise en liberté est plus cohérente et responsable. Le premier critère, c’est que le détenu puisse retourner auprès de sa famille, ait une offre d’emploi ou assez de ressources. Mettre une personne à risque en liberté pour qu’elle se retrouve à la rue n’a aucun sens.” (Interview d’un agent de l’administration pénitentiaire).

Les intervenants extérieurs et groupes de bénévoles sont, avant la pandémie, au cœur des activités sportives, culturelles et spirituelles. Les mesures préventives limitent l’entrée d’intervenants extérieurs. L’administration pénitentiaire demande aux directeurs des établissements de présenter un protocole conforme au système des bulles sociales. Le but est de permettre aux détenus de faire de l’exercice et de pratiquer des sports de contact. Ce protocole est spécialement mis en œuvre pour permettre la participation des détenus à des matchs de football.
Les cours, afin de garantir le droit à l’éducation des détenus, sont tenus à distance. Les examens sont maintenus et organisés dans le respect du protocole sanitaire.

La suspension des visites, à partir de la mi-mars 2020, s’étend à l’ensemble des établissements pénitentiaires. La Commission d’urgence et le ministère de la Santé réfléchissent, en novembre, à la potentielle reprise des visites.
L’accès au téléphone était déjà, avant la pandémie, insuffisant. La Commission d’urgence crée un protocole de visites virtuelles. Bien que les équipements nécessaires aux visioconférences ne soient pas également disponibles dans tous les établissements, un effort est fait pour fournir autant de tablettes et de téléphones portables que possible. Le projet de visite virtuelle mis en place depuis trois mois au sein de l’établissement pour femmes de Vilma Curling a déjà permis aux femmes d’avoir deux visites virtuelles avec leurs familles.
Les proches peuvent apporter aux détenus des bombas (colis de biens et de nourriture). Ils attendent devant l’établissement selon un planning préétabli. Les surveillants inspectent chaque colis. Ils sont chargés de leur distribution.