Le ministère de la Justice et de l’Égalité est responsable de l’administration pénitentiaire et de la gestion des soins dans les établissements pénitentiaires.
Un directeur général clinique est nommé en juillet 2018. Il est responsable des soins dans les établissements pénitentiaires. Le contrôle de l’organisation des soins fait, depuis, l’objet d’un accord entre le ministère de la Justice et de l’Égalité, le ministère de la Santé et l’administration pénitentiaire irlandaise.
Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) effectue, en 2019, sa visite des prisons irlandaises. La prestation des soins médicaux est, selon eux, “en nette amélioration” : “La délégation du CPT constate que l’accès aux soins est très satisfaisant et que le traitement de la toxicomanie s’est considérablement amélioré. Les infirmiers en psychiatrie et les médecins psychiatres exercent correctement leur métier dans des conditions difficiles. De plus, les soignants de la prison des Midlands fournissent un formidable travail d’accompagnement des personnes détenues les plus âgées. Ils savent apporter aux personnes les plus vulnérables le soutien et le réconfort dont ils ont besoin.” Le CPT soulève néanmoins l’absence de services d’interprétation pour faciliter la communication entre les personnes détenues non anglophones et le personnel de santé. Le comité ajoute que les établissements irlandais continuent d’incarcérer des personnes atteintes de troubles psychiques graves.

L’administration commence à fournir, à la mi-février 2020, des équipements de protection individuelle (EPI) au personnel, sur les conseils de l’ERPT. L’ERPT et l’école d’administration pénitentiaire mettent en place un programme pour sensibiliser le personnel à l’utilisation des EPI.
La prise de température devient systématique, le 31 mars 2020, à l’entrée des prisons. Des protocoles de distanciation sociale, comme des marquages au sol espacés de deux mètres et des affichages des règles sanitaires dans les locaux, sont mis en place. Les arrivants sont placés à l’isolement pendant 14 jours et testés au bout de six jours pour éviter la propagation du virus au sein de la population pénitentiaire. Une méthode de traçage des cas contacts permet, en cas de soupçon ou de détection d’un cas positif, d’isoler rapidement les prisonniers et les membres du personnel.
La maison d’arrêt de Cloverhill, à Dublin, adapte quelques jours plus tard la distribution des repas. Elle regroupe la majorité des prévenus du pays et enregistre une moyenne de 100 entrées et sorties par jour. La nourriture est servie par petits groupes de prisonniers dans le respect des mesures de distanciation. Les verres et les assiettes sont remplacés par des récipients jetables en carton. Les surveillants doivent porter des équipements de protection (gants, masques, lunettes) lors de chaque interaction avec les personnes détenues.
Les autorités estiment que les dépenses liées aux mesures contre la Covid-19 avoisinaient, en juillet 2020, les cinq millions d’euros. Cette somme comprend le remplacement du personnel mis en quarantaine et l’achat de matériel de protection sanitaire et du matériel de visioconférence nécessaire pour certaines audiences.

Les prisonniers de plus de 70 ans ou atteints de maladies chroniques sont placés, entre avril et juin 2020, à l’isolement (cette mesure est appelée cocooning). Beaucoup d’entre eux restent jusqu’à 30 heures d’affilée seuls en cellule.

Si les protocoles de prévention freinent la propagation du virus en prison, des observateurs alertent les autorités des effets néfastes de certaines mesures sur la santé psychique des prisonniers. L’Inspecteur des prisons et l’Université de Maynooth mènent un projet visant à évaluer les conséquences des mesures de cocooning sur les personnes détenues. Ils distribuent, en avril 2020, 86 carnets de notes aux prisonniers vulnérables placés en cocooning pour qu’ils y décrivent leurs journées. L’Inspecteur des prisons présente, trois mois plus tard, quelques extraits de ces journaux de bordau gouvernement. Les textes montrent, à travers les pensées suicidaires et dépressives exprimées par les prisonniers, la brutalité de cet isolement. L’Inspecteur des prisons, préoccupé par leur santé psychique, recommande d’adopter des mesures de quarantaine plus souples et humaines.

Quatre surveillants sont testés positifs à la Covid-19 le 3 avril 2020, dans les prisons de Mountjoy (2), Cork (1) et Portlaoise (1). 142 prisonniers sont placés en quarantaine. Aucun n’est positif.
Le premier cas de Covid-19 parmi la population carcérale remonte au 22 août 2020. Il s’agit d’une arrivante de 23 ans de l’établissement pour femmes de Dóchas, à Dublin. L’infection est détectée au cours des 14 jours d’isolement obligatoires. Trois autres prisonniers, testés positifs en août et en septembre, développent des symptômes lors de leur première quarantaine. Les autorités affirment que “chaque cas positif concernait un arrivant, et aucun n’a été infecté en milieu pénitentiaire”.

Cinq prisonniers sont, le 30 octobre 2020, testés positifs dans la prison des Midlands. Ils sont placés à l’isolement. Des tests sont réalisés sur l’ensemble de la population et sur le personnel de l’établissement. L’administration publie une note à l’intention des familles des personnes détenues au sein de l’établissement. Le directeur des services de soin et de réinsertion et le directeur de l’établissement donnent des interviews aux radios locales pour rassurer les familles sur la gestion de l’épidémie.
Des membres du personnel sont, le 2 novembre 2020, testés positifs. Leur nombre précis n’est pas communiqué. Un prisonnier de Limerick est, le 6 novembre 2020, testé positif. L’ensemble des prisonniers de l’établissement et du personnel sont testés deux fois, à 6 jours d’intervalle. Six employés sont testés positifs.

Plus de 200 personnes détenues sont libérées le 24 mars 2020. Leur peine résiduelle est inférieure à trois mois. L’administration élargit cette mesure aux prisonniers purgeant une peine inférieure ou égale à six mois. Les autorités affirment que les facteurs tels que le logement ou l’état de santé sont pris en considération et que l’administration assure la liaison avec le ministère du Logement, de l’Administration locale et du Patrimoine, et les services de santé (HSE).
En un mois, 476 personnes, soit un prisonnier sur huit, obtiennent une remise en liberté. La population carcérale passe, entre mars et octobre 2020, de 4 235 à 3 772.
Les rencontres entre les prisonniers en semi-liberté et l’API passent de rendez-vous hebdomadaires à mensuels. L’objectif est de “réduire la fréquentation des prisons, pour soulager le service administratif et pallier le manque de surveillants pénitentiaires”.

Certaines activités (comme le travail et les entraînements) sont restreintes afin de limiter déplacements et interactions. Les écoles en prison ferment leurs portes. Les salles de sport restent ouvertes. Leur capacité d’accueil est drastiquement réduite. Le personnel veille à ce que les équipements soient désinfectés avant chaque utilisation. Les prisonniers les plus vulnérables ont accès à des gants et des masques pour s’entraîner en toute sécurité. Les prisonniers en cocooning n’ont pas accès à la salle de sport.
La prison de Mountjoy et l’Université de Maynooth s’associent à l’automne afin d’offrir la possibilité de suivre des cours universitaires en ligne.
Les activités sont encore davantage restreintes fin octobre, dans la prison des Midlands, après la découverte de nouveaux cas positifs. L’administration assure que les détenus ont accès, notamment grâce à des programmes d’apprentissage diffusés sur la chaîne de télévision de la prison, à des programmes d’apprentissage en cellule. Les personnes détenues en formation et participant à des tâches essentielles poursuivent leur activité.

L’administration pénitentiaire annonce, le 13 mars 2020, des restrictions sur les visites. Elles sont limitées à 15 minutes par semaine et par prisonnier. Les visiteurs mineurs ou présentant des symptômes grippaux ne sont pas admis. L’administration suspend, deux semaines plus tard, toutes les visites de proches.
Les établissements s’adaptent progressivement à la visioconférence. L’IPRT salue cette initiative et son succès dans les différentes prisons du pays.

L’administration prévoit une levée des restrictions en deux phases à partir de juin 2020. Chaque prisonnier a droit, toutes les deux semaines, à une visite de 15 minutes d’une personne majeure. Les semaines sans visite, une visioconférence est organisée. La visite peut être remplacée par une deuxième visioconférence. Ces mesures sont mises en place le 20 juillet 2020.

L’administration publie un guide destiné aux proches des prisonniers pour les informer sur les règles sanitaires. Ils doivent, pour entrer, faire contrôler leur température, remplir un questionnaire de santé, respecter les distances de sécurité, se laver les mains et porter le masque fourni par l’établissement.
La deuxième phase est lancée le 17 août 2020. Les visites sont toujours espacées de 15 jours. Elles autorisent deux personnes, mineurs inclus. Une personne détenue de Portlaoise saisit, en septembre, le tribunal, pour dénoncer ces restrictions. La politique habituelle autorisant une visite de 30 minutes, la limite de 15 minutes n’est pas conforme aux règles pénitentiaires. L’IPRT note, par la suite, que la durée des visites est portée à 20 minutes.
L’administration annonce début novembre, après la découverte de nouveaux cas positifs dans la prison des Midlands, que les visites et les appels seront adaptés et qu’un planning sera instauré.

Le 30 mars 2020, l’IPRT transmet à l’administration pénitentiaire et au ministère de la Justice une liste de recommandations et de mesures visant à limiter les conséquences de la pandémie. L’association demande notamment une réduction significative de la population carcérale, un soutien aux personnes détenues à leur libération et le déploiement de mesures de prévention et de protection.

L’IPRT presse, en juillet 2020, les autorités de réformer le système de plainte, comme promis quatre ans auparavant. L’association déclare que le système actuel de plaintes internes ne répond pas aux critères permettant de le considérer comme un mécanisme indépendant. Les mesures de restriction rendent encore plus nécessaire le contrôle d’un tel organisme de contrôle externe. Sur les 24 plaintes sérieuses déposées par les prisonniers au cours de la première moitié de 2020, 21 sont toujours, à l’automne 2020, en cours d’examen. Deux n’ont pas encore été examinées, les procédures ayant été interrompues par la pandémie.
L’Inspecteur des prisons manifeste, le 29 juillet 2020, son inquiétude quant à la brutalité des mesures d’isolement et leurs conséquences sur la santé mentale des personnes détenues. Il recommande d’adopter des mesures plus souples et humaines.