ML. Je pense que leur rôle reste le même : protéger, promouvoir et faire progresser les droits humains internationalement reconnus. Ce qui a changé, c’est peut-être la prise de conscience du concept de défenseur.se des droits humains, qui s’est généralisée, et l’éventail des droits qui sont désormais reconnus au niveau international.
Je pense ici notamment au droit à un environnement propre, sain et durable, qui a été reconnu par le Conseil des droits de l’homme en 2021 et par l’Assemblée générale en 2022. Nous avons vu des vagues de jeunes s’engager dans l’activisme climatique. Ces jeunes ont joué un rôle déterminant en imposant cette question à l’ordre du jour international et en exigeant des mesures concrètes. La guerre d’Israël contre Gaza a également mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans le monde entier qui sont descendues dans la rue pour exiger l’arrêt de l’agression sauvage d’Israël contre la population captive de Gaza, face à l’inertie des États puissants qui prétendent défendre les idéaux des droits humains. Ces manifestations mettent en lumière l’hypocrisie qui est souvent au cœur des actions en faveur des droits humains.
Les gouvernements autoritaires continuent de traiter les défenseuses et défenseurs des droits humains comme ils l’ont toujours fait, en les criminalisant, en les diffamant et en les agressant. Cependant, nous avons constaté une tendance inquiétante dans les démocraties et les semi-démocraties où les droits de se réunir et de s’associer librement, pierres angulaires de la défense des droits humains, sont mis à rude épreuve.
La répression en Europe et aux États-Unis des manifestations étudiantes contre la poursuite de la guerre à Gaza et des actions de désobéissance civile non violente menée par les défenseuses et défenseurs du climat en est la preuve. Au début de l’année, j’ai écrit au gouvernement britannique pour lui faire part de mes profondes inquiétudes concernant la condamnation d’une manifestante de Just Stop Oil à six mois de prison pour avoir participé à une “marche lente”. Elle a été inculpée en vertu de la loi sur l’ordre public (Public Order Act), au sujet de laquelle mes collègues des procédures spéciales ont également écrit au gouvernement, compte tenu des implications considérables qu’elle entraîne pour les rassemblements pacifiques au Royaume-Uni.
Plus généralement, pour ce qui est de sensibiliser le public, je suis fermement convaincue que les droits humains doivent être enseignés à l’école, dès le primaire, afin de garantir que ces valeurs sont ancrées dès le plus jeune âge. C’est d’autant plus important aujourd’hui, alors qu’il existe une telle polarisation.