Analyse Tribune

Afrique : la pauvreté n’est pas un crime

Louise Edwards est directrice des recherches et programmes à l’African Policing Civilian Oversight Forum, l’un des membres fondateurs de la campagne régionale pour la décriminalisation des infractions mineures en Afrique.

Dans le cadre du projet “Comprendre et réduire le recours à l’incarcération” mené dans dix pays, ICPR et Prison Insider mobilisent différentes personnes à l’expertise avérée. Celles-ci font part de leur point de vue. Découvrez-les.


EN MARS 2015, un vendeur de rue du nom de Mayeso Gwanda est arrêté sur le chemin du travail, au Malawi, et accusé d’être un “voyou“ et un “vagabond“. Ce jour-là, il rejoint les milliers de personnes quotidiennement victimes de l’application des lois venant sanctionner des infractions mineures  ; des lois archaïques, coloniales, délibérément sujettes à une large interprétation et criminalisant des activités de subsistance effectuées dans l’espace public. Avec le soutien du Centre for Human Rights Education, Advice and Assistance (CHREAA) et du Southern Africa Litigation Centre (SALC), monsieur Gwanda réussira finalement à démontrer l’inconctitutionnalité de la loi sur le vagabondage, une décision qui bouleverse la loi au Malawi, mais connaît également un effet boule de neige sur l’ensemble du continent.
La Campagne régionale pour la décriminalisation des infractions mineures en Afrique est initiée en 2014, avec le soutien de l’Open Society Foundations et à l’initiative des organisations fondatrices. La campagne regroupe actuellement 36 membres qui oeuvrent pour mettre fin à la criminalisation de la pauvreté par la décriminalisation des infractions mineures.

La criminalisation fait le lit de la discrimination et de l’exclusion sociale.

Les Principes appellent les États africains à décriminaliser ces infractions et, plutôt que de les réprimer, de chercher à résoudre les causes profondes de la pauvreté et de la marginalisation.

Il existe un besoin d’accélérer les réformes légales visant à décriminaliser les infractions mineures

“La campagne de décriminalisation des infractions mineures (…) demeure un chemin long et tortueux, marqué par une volonté politique fluctuante“

louise_edwards.jpeg

Louise Edwards

Forum African Policing Civilian Oversight Forum (APCOF) / Cap, Afrique du Sud

Louise Edwards est directrice des recherches et des programmes pour l’APCOF, l’un des membres fondateurs de la campagne régionale pour la décriminalisation des infractions mineures. Louise Edwards a pris en charge le soutien technique à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour l’élaboration des Principes relatifs à la dépénalisation des infractions mineures et de leurs versions simplifiées. Elle axe désormais son travail sur la promotion et la mise en œuvre de ces principes, particulièrement par les organisations policières nationales et régionales ainsi que les instances chargées de leur surveillance.

Le projet

Comprendre et réduire le recours à l'incarcération

Cette recherche comparée et projet d’orientation politique a été mené par l’Institute for Crime & Justice Policy Research (ICPR), basé à Birbeck (université de Londres). Ce travail a conduit ICPR à mobiliser de nombreuses organisations, personnes issues du milieu universitaire et intervenant en détention dans différents pays. Le croisement de ces regards permet d’entrevoir les causes et conséquences d’un recours excessif à l’incarcération. Au cours des dernières étapes de sa recherche, ICPR a collaboré avec Prison Insider pour rendre compte du quotidien des personnes détenues avant et durant l’épidémie de Covid-19. Des personnes à l’expertise avérée ont été ensuite sollicitées pour donner vie et matière aux principaux points soulevés par la recherche. Ses résultats embrassent cinq grand thèmes, accessibles depuis le menu déroulant. Toutes les informations ici publiées sont de la seule responsabilité d’ICPR.