Famille et proches¶
La plupart des juridictions mettent en place de nouvelles règles pour limiter les contacts entre les prisonniers et leur famille. Nombre d’entre elles suspendent, pendant deux semaines, fin mars 2020, les visites et les permissions de sortie. Cette suspension est ensuite prolongée. Le CNPT déclare, en avril, que, si ces décisions sont utiles pour ralentir la propagation de la Covid-19 dans les établissements pénitentiaires, elles ont un impact sur les liens familiaux, ainsi que sur le bien-être psychosocial des prisonniers.
En guise de mesure compensatoire, la Cour de cassation (Tribunal de Casación penal) autorise, en avril 2020, dans la province de Buenos Aires, l’utilisation de téléphones, de tablettes et d’ordinateurs portables. Cette mesure reste en vigueur pendant toute la durée de suspension des visites. L’utilisation des réseaux sociaux demeure, à l’exception de WhatsApp, interdite. Les prisonniers qui possèdent déjà, de façon irrégulière, un téléphone portable peuvent le signaler auprès des autorités pénitentiaires, afin de mettre en place des modalités d’utilisation régulière. Depuis l’autorisation des téléphones portables, mi-juin 2020, plus de 22 000 personnes détenues ont fait enregistrer un appareil auprès de l’administration.
Le Procureur pénitentiaire de la nation (Procuración Penitenciaria de la Nación, PPN) signale les effets positifs de cette mesure. Il déclare, en juin 2020, que les appels téléphoniques entre les prisonniers et leur famille sont d’une importance cruciale. Il recommande la mise en place, dans les établissements fédéraux, de lignes téléphoniques permettant de recevoir des appels de l’extérieur. Il juge insuffisantes les mesures compensatoires mises en œuvre pour les appels vers l’extérieur (visioconférence, distribution de cartes téléphoniques gratuites).
En guise de mesure compensatoire, les proches sont autorisés à envoyer aux prisonniers des colis contenant de la nourriture et des biens, ou à les adresser aux établissements pour remise en main propre par le personnel pénitentiaire. Dans les faits, cela n’est pas toujours possible (cf. Conditions sanitaires et accès aux soins). La section argentine de l’OIP signale que de nombreuses personnes détenues souffrent de la faim en raison du peu de nourriture fournie par l’administration.
”Beaucoup pensent que les prisonniers sont entretenus par l’État. À première vue, cela pourrait sembler vrai. Mais en réalité, ce sont leurs familles qui les soutiennent financièrement”.
L’isolation des prisonniers et le manque de contact avec l’extérieur demeurent, en août 2020, problématiques. La CIDH et l’ONU dénoncent la décision de la justice fédérale d’isoler, pour une durée indéterminée, certains prisonniers. L’administration pénitentiaire justifie la mise en place de cette mesure par la nécessité d’éviter la transmission du virus. La CIDH et l’ONU critiquent les conditions de détention dans les cellules d’isolement : les prisonniers sont complètement coupés de l’extérieur et n’ont aucun accès aux soins.
Visites d’inspection¶
Dans le cadre du plan de surveillance dans le contexte de la Covid-19, le MNP argentin visite, début janvier 2020, les établissements pénitentiaires fédéraux I et II. Le Procureur pénitentiaire de la nation (PPN) et la directrice générale de la Protection des droits humains visitent les prisons de Marco Paz et Ezeiza. Ces visites visent à constater les mesures adoptées au cours de la pandémie, et à s’entretenir avec les autorités et les personnes détenues. L’équipe en charge des problématiques de santé psychique du PPN et ses délégations régionales commencent, pendant la pandémie, à contrôler, dans différents établissements pénitentiaires fédéraux, l’accès des prisonniers aux soins psychiques et psychologiques.