Interview

Argentine : ni fou, ni mort

Le nombre de prisonniers politiques s’élèverait, au cours de la dictature militaire argentine, à près de 10 000. Leur traitement à la prison de Coronda fait l’objet d’un livre de témoignages

La dictature militaire conduit, entre 1976 et 1983, à l’exécution et la disparition de dizaines de milliers de personnes. Environ 10 000 opposants politiques sont arrêtés et incarcérés.
Sergio Ferrari est l’un d’entre eux. Incarcéré durant presque trois ans à la prison de Coronda (province de Santa Fe), il vit désormais en Suisse où il exerce le métier de journaliste. Il est l’auteur, avec 70 autres compagnons d’incarcération, du livre de témoignages Ni fous ni morts1 dont il a coordonné la traduction française, 20 ans après la première parution. Prison Insider lui pose trois questions.


  1. Sergio Ferrari fait partie de l’association Il Periscopio, qui rassemble d’anciens prisonniers détenus à la prison de Coronda. L’association s’est portée partie civile, en 2017, lors du procès pour crimes contre l’humanité de deux commandants de gendarmerie qui ont dirigé l’établissement pendant la dictature. Tous deux écopent de 22 ans de prison. 

Nous ne pouvions pas parler par la fenêtre. Tout était interdit.

Nous ne savions pas si l’emprisonnement allait durer un mois, six mois, une année ou vingt-cinq

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