Condamnations à mort¶
Les données relatives aux condamnations à la peine de mort sont parfois incohérentes. Les statistiques des autorités diffèrent de celles des organisations de la société civile. Le ministère de la Justice rapporte 133 condamnations à mort en 2015 et 26 en 2016. Amnesty International dénombre, en 2015, 91 condamnations et au moins 160 en 2016. Le ministère de la Justice ne publie pas de statistiques sur l’année 2017.
L’entrée en vigueur d’une loi antiterroriste en 2014 explique les chiffres élevés de 2015 et 2016. La plupart des condamnés à mort le sont pour terrorisme par le tribunal militaire de Maroua situé dans l’Extrême-Nord, où se déroulent des conflits armés.
Le Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort (Racopem) estime, en 2019, que plus d’une centaine de personnes sont condamnées pour des infractions liées au terrorisme.
La loi camerounaise proscrit la peine capitale pour les mineurs et les femmes enceintes. Ces dernières peuvent être exécutées après leur accouchement.
Exécutions¶
Aucune exécution n’est recensée au Cameroun depuis 1997.
Condamnés à mort en attente de leur exécution¶
La mission d’enquête d’ECPM rapporte, selon des estimations fournies par les avocats et les organisations intervenant en milieu carcéral, qu’au moins 330 personnes condamnées à mort seraient incarcérées dans les prisons du pays en 2018.
Le nombre total de femmes et d’étrangers condamnés à mort n’est pas connu. Le Racopem dénombre, lors de la visite de cinq établissements, 14 femmes condamnées à mort. Il rencontre, à la même occasion, neuf condamnés à mort de nationalité nigériane détenus dans la prison de Maroua. Certaines associations estiment à 40 % la proportion d’étrangers parmi les condamnés à mort détenus dans cette prison. Le Racopem ne dénombre aucun étranger dans les quatre autres établissements qu’il visite.
Amnesty International fait état, pour 2020, d’au moins 120 personnes condamnées à mort en attente de leur exécution. Ces données, non exhaustives, ne reflètent que les cas portés à leur connaissance et peuvent être en deçà de la réalité.
Grâces et commutations¶
Le président de la République dispose du droit de grâce. Il examine systématiquement toutes les condamnations à mort. La grâce consiste, dans la plupart des cas, en une commutation de peine. Des politiques de commutation sont mises en œuvre en 2008, 2010, 2011 et 2014. Celles-ci ne sont ni régulières, ni prévisibles et excluent certaines infractions, comme l’assassinat ou le vol aggravé.
Le président signe, le 15 avril 2020, un décret accordant des commutations et des remises de peine. Les personnes condamnées à mort peuvent voir leur peine commuée en emprisonnement à perpétuité. Sont exclues de ce décret : “les personnes en fuite” ; “les personnes récidivistes” ; “les personnes condamnées pour une infraction commise en détention” ; et “les personnes condamnées pour corruption” ou pour “des atteintes à la sécurité publique et des infractions liées au terrorisme”. Amnesty International n’est pas en mesure de déterminer, fin 2020, le nombre de condamnations à mort commuées en application de ce décret.
Les personnes condamnées à mort peuvent également exercer une demande de grâce individuelle. Le processus est jugé opaque. Aucune donnée n’existe sur le nombre de grâces individuelles accordées.
Trois femmes sont innocentées par le tribunal militaire de Maroua en 2020. Elles étaient toutes les trois condamnés à mort pour “immigration illégale”, “espionnage”, “complicité d’insurrection” et “appartenance à un groupe armé”.