LE CONFINEMENT c’est un peu frustrant mais je me suis dit que c’était pour la bonne cause. Ce n’est pas une erreur qu’on a commise et pour laquelle on a été jugé. Ce n’est pas la même sensation quand on est enfermé. Surtout, j’étais avec ma famille. On peut toujours sortir, choisir l’endroit de son confinement et les personnes avec qui on vit.
Quand j’ai été incarcéré, je me souviens que le plus dur, au début, c’était de me retrouver d’un coup coupé de mes proches.
À la place, on se retrouve avec un étranger qu’on ne connaît pas et avec lequel on partage 9 m². Ça a été dur les trois premiers mois.
Être enfermé 22/24h, ne pas pouvoir manger ce qu’on veut, se laver quand on veut. Au bout du cinquième mois, j’ai commencé à travailler. Entre temps j’allais au culte, aux rassemblements entre chrétiens et à la bibliothèque. Je participais à des activités, je faisais tout ce qu’il y avait à faire pour sortir de ma cellule. À partir de ce moment-là, quand on commence à oublier le monde extérieur, ça va mieux.
Le fait de penser à dehors rend mélancolique. On réfléchit aux personnes avec qui on pourrait être, à l’endroit… Ça nous dépasse. Ce n’est pas facile d’arrêter d’y penser, mais tôt ou tard, il le faut, car c’est le meilleur moyen de ne pas vivre une double peine, morale et physique.
Pendant un moment, j’ai pensé que ma vie se résumait désormais à un numéro d’écrou. En prison, on te parle comme à un moins que rien. Pour moi, c’est ce qu’il y a de pire. Personne n’est bien en cage.
J’ai vu des gens mettre fin à leurs jours ou essayer de le faire, d’autres pleurer ou perdre la tête. Tout le monde ne tient pas. Il faut avoir un certain mental. Moi-même au début, j’avais peur de ne pas y arriver. Finalement, j’ai commencé à avoir des parloirs, j’ai fait entrer des livres, je regardais un peu moins la télé… La lecture et le sport me fatiguaient et m’aidaient à m’endormir plus facilement. J’ai tenu car j’ai créé ma routine. Tous les jours je me disais “demain, demain, demain, demain, demain”.