Flavie Rault. Le SNDP a été créé en 2010. Il a la particularité de réunir non seulement des directeurs de services pénitentiaires (DSP) mais aussi, depuis 2014, des directeurs pénitentiaires d’insertion et de probation (DPIP). Dans le paysage syndical, nous sommes le deuxième syndicat chez les DSP aux côtés du syndicat historique qu’est FO Direction (FOD), présent depuis 1977. Le paysage syndical est plus morcelé chez les DPIP, nos principaux concurrents étant le SNEPAP et l’UNDPIP. Nous sommes cependant devenus, à l’occasion des dernières élections qui étaient également les premières auxquelles nous participions, le premier syndicat avec 35 % des voix..
Nous estimons avoir le droit, et même le devoir, en tant que cadres supérieurs du service public, de prendre la parole pour éclairer les citoyens et leurs représentants sur la situation dans ce secteur et les enjeux de nos missions.
Réunir chefs d’établissements et directeurs de SPIP dans un même syndicat est quelque chose d’assez iconoclaste et novateur dans l’univers de la pénitentiaire. C’est un choix politique pour nous d’affirmer que ces deux corps de direction d’une même administration forment un même métier. Nous défendons leur fusion dans un corps unique de direction. Cela nous permettrait de faire des parcours beaucoup moins linéaires. En 2013-2014, nous passions pour des extraterrestres. Aujourd’hui, c’est une idée reprise par la ministre. Le récent rapport Thiriez sur la modernisation de la fonction publique, paru en février 2020, la reprend aussi. Nous ne sommes pas, à propos du numerus clausus, sur des positions particulièrement arrêtées, voire idéologiques. Nous sommes pragmatiques et estimons que si le cadre n’est pas assez formel, en termes de places et d’effectifs, le contrat ne sera pas respecté.
Si nous n’imposons pas un nombre maximum d’occupants dans un établissement donné, nous n’y arriverons pas.
Nous pourrions imaginer, avec mes collègues, un palier de surpopulation à ne jamais dépasser. Nous devons être compris par l’opinion publique. Une fourchette maximum allant de 100 à 110 % d’occupation peut s’entendre.
Dès 100 % d’occupation, nous actionnerions le levier des sorties dans de bonnes conditions, pour un nombre suffisant de personnes. Ce mécanisme permettrait de nous donner toute latitude et ne mettrait pas en péril les conditions de détention et le travail des agents. Nous reprenons aussi à notre compte les préconisations de la Farapej, dans son rapport sur la surpopulation carcérale. Il s’agirait d’activer, sur chaque territoire de la cour d’appel, une cellule qui regrouperait les acteurs que sont les juges de l’application des peines, le SPIP, le chef d’établissement et le parquet, dès le franchissement de la barre du taux d’occupation fixée. C’est ce que l’on a mis en place avec succès dans le cadre de la crise sanitaire.