Claudio Paterniti. On compte à ce jour (25 mars, ndlr.) au moins 10 personnes détenues positives au Covid-19. Au total, 130 services d’isolement sanitaire ont été mis en place dans 86 établissements pénitentiaires. Le 24 mars, 260 personnes détenues y étaient en quarantaine parce qu’elles étaient soupçonnées d’avoir contracté le virus.
Les “solutions” adoptées par le Gouvernement sur le front des politiques pénitentiaires à l’époque du coronavirus ont été intégrées au décret Cura-Italia. Jusqu’au 19 mars, à la suite de la déclaration d’état d’urgence face au Covid-19, il n’y avait eu aucune intervention réglementaire en matière pénitentiaire. Toutes les mesures avaient été adoptées avec des normes de rang secondaire, en particulier les circulaires de l’administration pénitentiaire et du Département pour la justice des mineurs.
Les circulaires avaient pour but de contenir et de gérer l’urgence épidémiologique, en “fermant la prison” à toutes les sources possibles de contamination externe.
Les activités liées à la réinsertion, qui impliquent des interactions avec le monde extérieur, ont donc été suspendues ; les activités extérieures et intérieures ont été limitées ; les entrées d’enseignants, de bénévoles, de formateurs venant de l’extérieur ont été suspendues.
Mais la mesure la plus importante (y compris sur le plan affectif) pour les prisonniers a été la suspension des parloirs, exception faite des avocats. Les visites ont été remplacées, là où les équipements techniques le permettaient, par des conversations par téléphone, Skype et WhatsApp, avec des crédits d’appels supplémentaires. Au fur et à mesure de la propagation du virus, des mesures se sont ajoutées, concernant l’utilisation de masques et d’équipements de protection individuelle par le personnel, des tentes de pré-triage montées à l’entrée des établissements, des fournitures extraordinaires de désinfectants.
Il en a résulté une application inégale et laissée à l’initiative de certains organismes régionaux ou de directions. Cela a révélé des interprétations parfois plus restrictives ou au contraire plus permissives.
Cette série de mesures n’a concerné que l’organisation interne et les contacts avec l’extérieur. En revanche, elle n’abordait pas la question cruciale : comment réduire la population carcérale pour réduire le risque de contagion lié à la surpopulation ?
Les mesures concernent exclusivement les prisonniers définitivement condamnés. Cela exclut environ 30 % du total des personnes détenues.
La première des deux mesures du décret Cura-Italia concerne la détention à domicile. Elle n’est pas véritablement nouvelle et implique que l’on déroge simplement aux limites de la loi antérieure, la loi svuota carceri, ou“vide-prisons“. Cette dernière avait été adoptée comme une mesure de déflation temporaire, avant d’être pleinement intégrée en 2014. Elle prévoyait que les personnes détenues ayant une peine inférieure à 18 mois pouvaient la purger à leur domicile ou dans un autre lieu, public ou privé, qui les accueillerait. L’intervention du législateur ne fait que confirmer la possibilité de purger les 18 derniers mois de sa peine à son domicile, en intervenant sur les limites définies par la loi “vide-prisons”. Certaines limites sont supprimées, d’autres sont ajoutées jusqu’au 30 juin 2020. Le décret prévoit également des allègements de procédures.
La seconde mesure a encore moins d’impact que la première. Elle concerne les détenus en semi-liberté. Ces derniers travaillent à l’extérieur en journée et sont normalement tenus de revenir en détention le soir. Le décret prévoit que ces personnes puissent rentrer dormir chez elles, et ce jusqu’au 30 juin.