Des peines plus sévères sont infligées non seulement pour les délits mineurs généralisés (vol, agression, fraude, vol qualifié) qui déclenchent le réveil social, mais aussi pour les crimes (tels que les agressions sexuelles et les infractions environnementales) dont la réglementation par le système de justice pénale a été jugée inefficace par les victimes elles-mêmes ; ce sont, en fait, des crimes qui découlent de problèmes qui doivent être traités par des mécanismes plus appropriés.
Mais surtout, une interprétation déformée du principe de la “certitude de la sanction” incite à percevoir comme essentiel de “réformer les dispositions de l’ancienne législature visant uniquement à réduire le nombre de personnes impliquées dans les procès pénaux et les établissements pénitentiaires, ce qui a un impact négatif sur la sécurité collective”.
Le chapitre se poursuit avec une liste incertaine et approximative, qui a pour objectif d’affirmer l’expiation complète de la peine en prison sans aucune forme d’alternative à la détention ou de raccourcissement. Le concept est clarifié quelques paragraphes plus bas, où, pour garantir “une plus grande sécurité et une meilleure protection des citoyens”, la nécessité de “réécrire la loi pénitentiaire” est avancée. En particulier, la “révision systématique et organique du système de prestations”, afin de “garantir l’effectivité du principe de la rééducation de la peine”.

Par conséquent, le “contrat gouvernemental” invoque l’annulation de toutes les mesures (qui, en fait, se sont avérées totalement inefficaces, puisque le nombre de personnes dans les prisons continue d’augmenter) qui ont été récemment introduites afin de résoudre le problème de la surpopulation carcérale, pour lequel l’Italie a été condamnée par la CEDH, la Cour européenne des droits de l’homme pour ses conditions de détention inhumaines et dégradantes. Mais cela ne s’arrête pas là ; en fait, le programme souhaite également l’annulation des mesures alternatives à la détention qui ont déjà été introduites en 1975 dans le but de donner aux personnes la possibilité de réintégrer la société, sachant que les peines de détention sont non seulement insuffisantes mais aussi contre-productives pour atteindre cet objectif.

En effet, au cours des dernières décennies, en Italie, la récidive s’est effondrée, pour les personnes qui bénéficient de mesures alternatives à la détention, avec le résultat évident d’une plus grande sécurité, contre 70% du taux de récidive des personnes qui passent leur peine en prison jusqu’au tout dernier jour.

Ainsi, nos “innovateurs”, contrairement aux données et connaissances antérieures, souhaitent effacer plus de quarante ans de réformes dans ce domaine, et ne cherchent qu’à attiser les clichés dans l’opinion publique afin de renforcer le consensus. Cependant, s’il est évident que de telles réformes conduiront à une augmentation spectaculaire du nombre de détenus provoquant à nouveau une surpopulation carcérale, il y a une solution : feindre d’oublier que l’appel d’air engendré par la construction de nouvelles prisons finira de remplir l’espace disponible nouvellement créé.

Non seulement une augmentation du nombre de prisons, mais par-dessus tout des conditions plus dures dans les prisons, à commencer par l’annulation du régime ouvert de “surveillance dynamique”, qui a ouvert des espaces de sociabilité et amélioré la mise en œuvre d’activités de formation, décourageant les attitudes passives et régressives, telles que rester au lit toute la journée dans la cellule, prendre une énorme quantité de drogues psychotropes et s’automutiler. En outre, la fermeture des sections de la “détention atténuée” (celles qui permettent aux détenus toxicomanes d’entreprendre des traitements thérapeutiques de réadaptation) ; un régime¹ bien plus sévère et irréversible pour les crimes les plus graves, qui négligerait le principe de la réhabilitation auquel chaque détenu a légalement droit.

— Les enfants de moins de 14 ans sont toujours des criminels¶

Mais c’est sur deux points importants que l’on goûte le plus à l’“amertume” : l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale à moins de 14 ans et la prolongation de la durée de l’incarcération des mineurs. Cela signifie annuler 30 ans de réformes, d’élaborations théoriques et de pratiques expérimentales réussies.

Le grand final, placé au début du chapitre, est l’extension du “droit de légitime défense” visant à supprimer les “éléments d’incertitude”, qui se réfèrent au principe de proportionnalité entre défense et offense.
Dire que si un étranger ose venir dans mon jardin, je suis en droit de lui tirer dessus (signifiant que le principe de propriété a clairement plus de valeur qu’une vie humaine) revient à promouvoir une culture qui soutient la vengeance, une sorte de justice qui prend la forme d’une vendetta de l’État, l’idée qu’un particulier peut rendre justice lui-même et la foi, qui doit être établie, en la dissuasion potentielle du système judiciaire criminel.
On se demande comment un gouvernement qui se dit “en faveur du changement” et qui protège les citoyens affectés et appauvris par les politiques antérieures peut concevoir d’exposer les personnes les plus vulnérables et les plus démunies de la société à un traitement aussi illégal, typique d’une société pré-moderne.
Si l’avocat Giuseppe Conte est le défenseur de tous les Italiens, et si le président Mattarella réaffirme l’importance de la Constitution, ils devraient le montrer, en commençant par se concentrer sur les communautés les plus marginalisées. Ce doit être une bonne occasion pour tout le monde de repenser les significations et les valeurs associées à un résultat souhaité.

Article publié pour la première fois en italien dans le journal “Il mattino di Padova” le 14 juin 2018 et traduit par Andrea Li.¶