Angela Uwandu Uzoma-Iwuchukwu. La première chose à savoir, c’est qu’au Nigéria, la peine de mort est applicable sous deux régimes légaux différents : la Common Law et la charia. La Common Law s’applique de façon générale et prescrit la peine de mort pour certains crimes, par exemple le meurtre, le vol à main armée, la trahison ou le terrorisme. La Charia est une loi religieuse, qui s’applique dans certains États du nord. Elle prescrit la peine de mort pour, par exemple, l’adultère, le viol ou le blasphème. Le gouvernement de chaque État peut en outre choisir d’étendre l’application de la peine de mort à d’autres infractions légales. Ainsi, l’enlèvement est passible de la peine de mort dans de nombreux États.
La peine de mort est obligatoire dans certains cas. Les juges n’ont alors aucun pouvoir ; il leur est pratiquement impossible de prononcer une peine moins sévère, quelles que soient les particularités de l’affaire. Le gouvernment justifie le recours à la peine de mort par la surpopulation carcérale, mais les personnes condamnées à mort ne comptent que pour 2 % de la population carcérale.
On estime à 72 % la part de la population carcérale en attente de jugement depuis des périodes allant jusqu’à 11 ans. Le chiffre est approximatif : le gouvernement rechigne à fournir des chiffres officiels. La peine de mort n’est pas la solution à la surpopulation carcérale ; un accès plus rapide à la justice pourrait l’être, en revanche.
En 1999, le Nigéria revient à la démocratie après des années de dictature militaire. Auparavant, la plupart des sentences de mort étaient prononcées par des tribunaux militaires, sans possibilité de recours. La dernière exécution a eu lieu en 2016. Le Nigerian Correctional Service Act a été adopté la même année. Il dispose que les personnes condamnées à mort incarcérées plus de 10 ans verront automatiquement leur peine commuée. Malheureusement, la procédure n’est pas automatique : d’autres conditions, notamment d’âge et de bonne conduite, doivent être remplies.