Le Prison Life Index évalue 61 indicateurs, représentant chacun un droit spécifique identifié par les standards internationaux. L’accent est mis sur les conditions de vie des personnes détenues et non le fonctionnement des systèmes pénitentiaires. Les indicateurs sont répartis en cinq dimensions non hiérarchisées :
Manger, Dormir, Se laver : conditions de vie décente, espace de vie suffisant, accès à la nourriture et à l’eau potable, hébergement approprié, infrastructures garantissant l’hygiène personnelle.
Accéder aux soins : accès aux soins de santé généraux et spécialisés, y compris à la prévention, traitements adaptés pour les besoins spécifiques.
Être protégé.e : mise en place de garanties juridiques, respect de l’intégrité physique et psychologique, interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements, application proportionnée de la discipline, mécanismes d’inspection et de plainte efficaces.
Être en activité : accès à l’éducation et à la formation, accès au travail dans des conditions équitables et décentes, proposition d’activités culturelles, sportives et spirituelles.
Être en lien : maintien du lien avec ses proches : correspondance, téléphone, visites, etc., maintien du lien avec la société : accès aux media, droit de vote.
Chaque dimension repose sur des sous-dimensions thématiques constituées de plusieurs indicateurs. Découvrez la structure du Prison Life Index en détail.
Les évaluations du Prison Life Index reposent sur la recherche documentaire et les données qualitatives recueillies auprès de personnes ayant une connaissance approfondie des conditions de détention dans leur pays. La production des résultats suit un processus en cinq étapes :
- Recherche documentaire
- Identification de personnes à l’expertise reconnue
- Conduite des entretiens
- Calcul des évaluations finales pour chacun des 61 indicateurs
- Calcul des résultats pour les cinq dimensions de la structure et rédaction du commentaire
1. Recherche documentaire¶
La recherche documentaire permet de compiler les informations existantes à travers tous les rapports, lois et règlements internes, articles, productions médiatiques, témoignages disponibles. Ces informations sont ensuite organisées selon les dimensions du Prison Life Index. Elles permettent la préparation des entretiens et le croisement des informations, et sont ensuite utilisées pour rédiger les commentaires accompagnant les résultats. Lorsqu’une fiche-pays est déjà disponible sur le site de Prison Insider, celle-ci constitue la base de la recherche documentaire.
2. Identification des personnes interrogées¶
Des personnes à l’expertise reconnue sont sélectionnées selon les trois principes suivants :
Les personnes participant à l’évaluation du Prison Life Index sont reconnues dans leur domaine. Elles ont une connaissance directe des prisons et une vision représentative du système pénitentiaire à l’échelle nationale. Elles sont identifiées grâce à des recherches documentaires approfondies et à la recommandation de leurs pairs.
Un premier entretien court est réalisé, lorsque cela est possible, afin de présenter le projet à chaque personne et recueillir leur approbation sur la méthodologie.
L’anonymat des personnes interrogées est rigoureusement garanti, afin qu’elles puissent s’exprimer librement et en toute indépendance.
La décision a été prise de ne pas recueillir d’évaluations auprès d’agent.es travaillant directement au sein de l’administration pénitentiaire. Des personnes exerçant en milieu carcéral mais disposant d’une indépendance statutaire, telles que le personnel médical ou enseignant, peuvent en revanche participer aux évaluations. L’équipe de Prison Insider peut être amenée, selon les besoins, à contacter l’administration pénitentiaire pour compléter la recherche documentaire.
Les mécanismes nationaux de prévention de la torture et autres instances de contrôle indépendantes sont invités à participer à l’évaluation, mais ne sont pas sollicités pour évaluer l’efficacité des mécanismes d’inspection.
Les personnes interrogées proviennent de divers horizons afin d’assurer une grande diversité de points de vue : universités, organisations de la société civile, secteur juridique, médical et éducatif. Le Prison Life Index est ainsi une synthèse des savoirs et expériences de ces différentes personnes.
3. Entretiens¶
Les évaluations sont collectées lors d’entretiens individuels d’une à deux heures par dimension. Elles reposent sur un protocole détaillé d’entretien et de collecte. Ce protocole garantit la comparabilité des évaluations, recueillies auprès de plus d’une centaine de personnes à l’expertise reconnue dans 12 pays pour la première version du Prison Life Index.
Si l’équipe de Prison Insider identifie des manquements ou des contradictions entre différents entretiens, elle peut mener des évaluations supplémentaires ou se réserve, à la marge, le droit de supprimer une évaluation basée sur des éléments visiblement erronés.
Les personnes sont tout d’abord interrogées sur la situation générale du pays en lien avec la dimension évaluée. Elles poursuivent par l’évaluation de chaque indicateur à l’aide de guides rédigés à partir des standards internationaux. Chaque indicateur possède son propre guide d’évaluation. Retrouvez le guide d’évaluation de l’indicateur “Les personnes détenues peuvent recevoir des visites”
Une fois tous les points abordés, les personnes interrogées attribuent une note à l’indicateur selon une échelle prédéterminée.
L’échelle d’évaluation est une mesure qualitative à huit niveaux. Elle permet d’objectiver les violations observées, en prenant en compte leur fréquence et leur sévérité.
Les évaluations sont propres aux expériences des personnes connaissant les réalités locales et ancrées dans le contexte des pays évalués. Leur connaissance directe des conditions de détention permet de produire des évaluations intrinsèques, tout en s’enracinant dans le langage commun des Règles Nelson Mandela.
4. Le calcul des évaluations finales pour chacun des 61 indicateurs¶
Les connaissances de trois personnes à l’expertise reconnue sont consignées, pour chacune des cinq catégories, afin de recueillir leurs évaluations selon l’échelle des violations, pour chacun des 61 indicateurs. La note finale de chaque indicateur est l’évaluation médiane des trois évaluations disponibles.
Il peut arriver qu’il n’y ait pas trois évaluations disponibles pour tous les indicateurs. Cela peut être dû à des difficultés dans l’organisation des entretiens ou dans l’identification de personnes à l’expertise reconnue. Dans ce cas, le protocole suivant permet de déterminer si et comment une évaluation finale peut être attribuée.
Scénario 1 – deux évaluations d’expert.es sont disponibles et la différence entre les deux évaluations est de trois niveaux ou moins : l’évaluation minimum est sélectionnée comme évaluation finale. La mention “Méthodologie d’évaluation alternative en raison des difficultés d’accès aux données” est indiquée.
Scénario 2 – deux évaluations d’expert.es sont disponibles et la différence entre les deux évaluations est supérieure à trois niveaux : il n’est pas possible de déterminer une évaluation finale pour cet indicateur. La mention “données incomplètes” est indiquée.
Scénario 3 – une seule évaluation disponible : il n’est pas possible de déterminer une évaluation finale pour cet indicateur. La mention “données incomplètes” est indiquée.
5. Calcul des résultats pour chaque dimension¶
L’indice ne classe pas les pays, pour éviter la comparaison déraisonnée. Une évaluation globale est attribuée pour chacune des cinq dimensions, sans score unique par pays.
Afin d’assurer la lisibilité des résultats, les scores des indicateurs et des dimensions sont exprimés sur la même échelle.
Les résultats de chaque dimension sont calculés selon la méthode ELECTRE-TRI, une approche d’aide multicritères à la décision qui s’apparente à une médiane, permettant l’introduction de veto.
Les vétos dans la méthode ELECTRE TRI sont des seuils fixés de manière à garantir dans le cas où un pays obtient une évaluation très faible sur un indicateur, que le résultat final pour cette dimension soit limité, quel que soit le résultat obtenu sur les autres indicateurs. Dans le cas du Prison Life Index, le seuil de veto est fixé à 3 pour tous les indicateurs. Cela signifie que le résultat final de l’agrégation ne peut jamais être supérieur de plus de trois niveaux de l’échelle par rapport à la note la plus basse obtenue.
Prenons un exemple concret pour la dimension “Accéder aux soins”, qui est l’agrégation de cinq sous-dimensions : Cadre préventif, Soins généraux, Soins psychiques et dentaires, Soins pour les personnes avec des besoins spécifiques, et continuité des soins. Si un pays obtient l’évaluation “E” (la note la plus basse) pour le cadre préventif, alors, en raison du veto, le score final pour la dimension “Accéder aux soins” ne pourra pas être supérieur à “C-”, quelles que soient les évaluations des autres sous-dimensions.
Dans certains cas, les évaluations de tous les indicateurs nécessaires au calcul du résultat final d’une dimension ne sont pas toutes disponibles. Lorsque la moitié ou plus des évaluations des indicateurs sont manquantes, il devient impossible de déterminer le résultat final pour cette dimension. Toutefois, afin de garantir la transparence et de fournir des informations utiles, il a été choisi de présenter les résultats au niveau des sous-dimensions, lorsque ces données sont disponibles. Cela permet de mettre à disposition des informations précises sur des aspects spécifiques, même si le calcul global ne peut être effectué.
Les résultats pour chaque pays sont accompagnés de commentaires visant à rendre les évaluations plus concrètes et à partager le plus d’informations transmises par les personnes à l’expertise reconnue. Ils sont volontairement succincts et complètent d’autres productions de Prison Insider, telles que les fiches-pays et les témoignages. Les sources écrites sont privilégiées sur les verbatims des entretiens, pour des raisons de confidentialité. Toutefois, lorsque des informations ont été confirmées par plusieurs personnes interrogées, elles peuvent être mentionnées dans le commentaire.