Condamnations à mort¶
Les autorités ne publient aucune donnée officielle sur l’application de la peine de mort. Elles indiquent au Comité des droits de l’homme que 27 personnes l’ont été entre 2006 et 2017. Les organisations de la société civile affirment que ces chiffres sont très éloignés de la réalité. Amnesty International documente plus de 268 condamnations entre 2006 et 2017 et plus de 156 entre 2016 et 2019.
Les femmes enceintes peuvent être condamnées à mort. L’exécution est alors suspendue jusqu’à l’accouchement. Les mineurs ne peuvent être condamnés à mort. Ils pouvaient, jusqu’en 2002, être jugés et condamnés à mort par un tribunal militaire.
Les motifs de condamnation à mort les plus fréquents, pour les cas identifiés, sont l’association de malfaiteurs (48 %), le meurtre ou l’assassinat (45 %), le vol à main armée (29 %), la participation à un mouvement insurrectionnel (12 %) et l’extorsion (9 %). Les autorités indiquent, en 2017, que la plupart des condamnations ont été prononcées par les juridictions militaires pour assassinat, rébellion, crime contre l’humanité et crime de guerre.
Exécutions¶
Le pays observe un moratoire de fait depuis les dernières exécutions de janvier 2003.
Condamnés à mort en attente de leur exécution¶
Les organisations de la société civile estimaient, jusqu’en 2019, qu’entre 250 et 300 personnes étaient détenues en attente de leur exécution. Le rapport de Carole Berrih et Liévin Ngondji identifie, après la visite d’une quinzaine de prisons en 2019, 510 personnes condamnées à mort. Le pays compte environ 80 établissements pénitentiaires. Ce nombre pourrait être plus élevé.
Au moins cinq personnes auraient été mineures au moment des faits reprochés : quatre entre 2011 et 2018 et un enfant-soldat en 2002. La date de naissance n’est pas toujours indiquée dans les dossiers.
Une vingtaine de personnes seraient de nationalité burundaise, ougandaise, tanzanienne, rwandaise, érythréenne et belge.
Ce même rapport indique que 44 % des personnes interrogées dans le cadre de la mission d’enquête ont été condamnées à mort au cours des cinq dernières années : 23 % sont en détention depuis 6 à 10 ans, 17 % depuis 11 à 15 ans et 16 % depuis plus de 16 ans.
Amnesty International fait état, pour 2019 et 2020, respectivement d’au moins 48 et 67 personnes condamnées à mort en attente de leur exécution. Ces chiffres, non exhaustifs, ne reflètent que les cas portés à leur connaissance et peuvent être en deçà de la réalité.
Grâces et commutations¶
Le président de la République dispose du droit de grâce. Il a fait usage de ce droit de grâce plusieurs fois depuis 2009. Des personnes graciées indiquent s’être vues demander une somme d’argent par l’administration pénitentiaire pour que la décision soit effectivement appliquée. Certaines affirment que d’autres détenus auraient été libérés à leur place. L’une d’elles témoigne : “Quelqu’un d’autre est sorti à ma place. Les autorités ont détourné ma chance au profit d’une autre personne parmi les M23 (mouvement rebelle actif dans l’Est de la RDC, nldr.). Ce sont souvent les non-concernés qui sont libérés.”
Le président signe, en juin 2020, une ordonnance accordant la commutation des peines capitales en emprisonnement (servitude pénale) à perpétuité. Sont exclues de cette mesure : les personnes condamnées pour crimes contre l’humanité, contre la sécurité de l’État, pour violences sexuelles, détournement de fonds publics, corruption, assassinat, vol à main armée, association de malfaiteurs et détention d’armes de guerre. Amnesty International confirme, fin 2020, la commutation des peines de deux personnes.