JICS. En permanence. Ça peut être, parfois, un souci de malveillance, mais ce n’est pas systématique. La plupart du temps, les obstacles sont d’ordre institutionnel. C’est complexe, les délais sont conséquents, il y a une certaine léthargie, une résistance. De manière générale, nous n’avons pas de mal à entrer en prison, et la plupart du temps, nous sommes accueillis avec courtoisie et bonne volonté. Les agents et les responsables sont souvent contents de nous voir ; ils ont conscience que nous reconnaissons leur travail et la difficulté de leur tâche. Nous sommes cependant inquiets de l’efficacité réelle de nos rapports et de nos enquêtes. Nous avons mené des négociations directes avec la police nationale (South African Police Service ,SAPS) et le bureau du procureur (National Prosecuting Authority, NPA) pour avoir un droit de regard sur le suivi de nos recommandations de procédures disciplinaires ou de poursuites en cas d’agressions ou d’homicides. Mais dans les faits, la police comme les services du procureur semblent avoir déjà bien d’autres choses à faire.
La résistance institutionnelle généralisée à toute forme de responsabilité judiciaire des policiers et agents pénitentiaires est un problème à l’échelle mondiale. Les agents des services concernés ont du mal à coopérer même avec nos enquêteurs les plus expérimentés, et il est difficile de les convaincre de témoigner contre leurs collègues. Il est même arrivé que nos enquêteurs se sentent physiquement menacés.
La politique de poursuites à l’encontre des membres du personnel pénitentiaire n’est pas satisfaisante.
Le JICS fait actuellement partie du ministère chargé de l’administration pénitentiaire (le Department of Correctional Services). Nous travaillons toujours à garantir notre indépendance, nos financements, et à mettre en place l’essentiel de notre structure opérationnelle.
Pour l’instant, nous rendons des comptes à ceux-là mêmes que nous sommes censés surveiller. Nous sommes dépendants d’eux pour nos financements. Nos recommandations et nos conclusions ne sont pas contraignantes : c’est là aussi un problème que nous tâchons de résoudre en passant par de nouveaux statuts. L’idée n’est pas de forcer la mise en œuvre de nos recommandations, mais de mettre le ministère devant ses responsabilités en lui demandant de fournir des explications lorsqu’il choisit de ne pas nous suivre.
Un exemple : nous avons visité un centre de détention provisoire dans le nord du KwaZulu-Natal et y avons constaté une surpopulation terrible et une situation sanitaire déplorable, avec des prisonniers qui, de surcroît, ne pouvaient faire aucun exercice physique ou très peu. Nous avons suggéré de permettre aux prisonniers de passer plus de temps à l’air libre tout en tenant compte du personnel en sous-effectif, mais nous n’avons eu aucune nouvelle de l’établissement depuis lors. C’est un exemple type de la façon dont nos recommandations sont, parfois, tout bonnement ignorées.