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Turquie : les enfants sont emprisonnés avec leur mère

En Novembre 2018, le chiffre officiel annoncé était de 743 (dont 534 de 0-3 ans, et 200 de 4-6 ans). Et comme les cellules ne désemplissent pas, le nombre d’enfants “détenuEs” continue de croitre.

Les psychologues rapportent et ne cessent de dénoncer les effets que l’emprisonnement et les conditions carcérales médiocres produisent sur les enfants.

Le ministère de la Justice turc avait commencé une enquête auprès de spécialistes et des mères incarcérées avec leurs enfants. La question qui leur a été posée était “Les enfants seraient-ils mieux avec leur mère en prison, ou dans des institutions d’orphelinat de l’Etat ?” Les spécialistes et pédagogues conseillent au moins la baisse de l’âge actuel de détention des 0-6 ans à 0-3 ans. Quant aux mères, elles ont exprimé qu’elles préfèrent garder leurs enfants près d’elles, malgré les difficultés du milieu carcéral, plutôt que de s’en séparer pour les envoyer dans des institutions. Mais parallèlement elles demandent l’amélioration des conditions d’emprisonnement.

Après ces consultations, le Ministère aurait rangé le dossier… Il souligne que les enfants des prisonnières peuvent bénéficier d’un service de crèche et de maternelles installées “près de certaines prisons” pour le personnel des établissements carcéraux et les enfants des juges et procureurs…

La peine des enfants, une double peine pour les mères

Il y a quelques jours, le 20 février, 28 organisations de la société civile ont fait une déclaration commune, concernant les enfants en prison, à travers le cas de Filiz Karaoğlan, incarcérée dans la prison de Patnos, avec ses jumeaux prématurés.

Le communiqué souligne plusieurs points.

Les quartiers hébergent systématiquement bien plus de personnes que leur capacité. Du fait d’absence de tapis ou autre matériau souple au sol, les bébés passent la quasi totalité de leur vie sur le lit superposé de leur mère. L’accès des enfants à la nature est impossible. L’incarcération des enfants est donc également pour les mères une double peine.

Dans le cas de Filiz, mais aussi pour d’autres détenues mères dans d’autres prisons, les seuls aliments supplémentaires procurés par l’administration de la prison, sont des aliments pour bébé du type jus de fruits et biscuits. Or il est évident que pour le développement des enfants en bas âge, des aliments frais, légumes et fruits sont nécessaires. Par ailleurs, les conditions dans les quartiers, l’humidité intense, l’insuffisance des systèmes de chauffage et de l’aération créent un terrain favorable pour toutes sortes de maladies.

Le communiqué signale également : l’absence totale d’un programme de soutien pour un minimum de bien être pour les enfants en prison. Les crèches ouvertes dans certaines prisons n’acceptent pas les enfants qui n’ont pas atteint un certain âge d’inscription. Les premières années des enfants se passent entièrement dans les quartiers.

Les quelques changements dans la législation effectués sans prendre en compte la priorité de l’enfance, montrent une bienveillance très limitée, et montrent une orientation vers le maintien de ces enfants en prison, sans aucune amélioration des conditions carcérales avec les mères.

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