Una Ventana a la Libertad a contrôlé, en 2018, 175 centres de détention préventive dans 15 Etats du pays. Un taux de surpopulation de 314 % (16 719 personnes détenues pour une capacité de 5 332) a été observé.

305 décès ont été enregistrés en 2018 ; la violence est à l’origine de 57 % d’entre eux (émeutes, bagarres, affrontements après évasion, etc.) et la tuberculose de 38 %. La France enregistre annuellement quelques 250 décès pour une population quatre fois supérieure.

La nourriture, les médicaments et les vêtements sont exclusivement à la charge des proches.

La moitié des CPD seulement accède à l’eau potable. Les proches des prisonniers fournissent l’autre moitié en apportant l’eau dans des bouteilles en plastique.

Un tiers des commissariats n’a pas de service de ramassage des ordures

Aucun des CPD observés ne dispose de personnel médical et d’un espace dédié aux soins. Aucun n’est doté non plus de réfectoire.

Des fonctionnaires de police font, de facto, office de surveillants. Parfois ce sont des militaires. Ces personnels n’ont pas la formation nécessaire pour assurer le traitement adéquat des personnes détenues. Le risque encouru l’est non seulement pour les personnes privées de liberté, mais aussi pour les agents de l’État.

Les proches déclarent que les détenus font l’objet de mesures disciplinaires dans 32 % des centres de détention provisoire observés : suspension des visites, refus de laisser entrer la nourriture, passages à tabac, tortures et traitements dégradants de la part des “pranes” (chefs de prisonniers) avec l’autorisation des surveillants.
Certains fonctionnaires monnaient l’entrée de la nourriture, des vêtements et du téléphone.

Le plus grand nombre de détentions arbitraires est enregistré dans l’État de Zulia (frontière avec la Colombie). Au moins cinquante personnes, dont quatre mineurs, sont arrêtées entre le 30 avril et le 1er mai.

Les conditions de détention dans cette région sont particulièrement dures. Les défaillances du système électrique sont encore plus prononcées qu’ailleurs. “Pendant les pannes générales d’électricité, l’établissement a été laissé sans service pendant les heures nécessaires à sa remise en fonction. Les prisons ne sont pas soumises à un rationnement programmé (le service leur est garanti comme s’il s’agissait d’un établissement de santé). En mai, les coupures récurrentes ont provoqué une panne du système électrique de la prison et l’incendie d’une partie du câblage et du transformateur. Les détenus ont passé plusieurs jours sans électricité jusqu’à ce que Corpoelec (la compagnie nationale d’électricité, ndlr) remplace le câblage et le transformateur brûlé”.
Il convient de mentionner que l’établissement en question est le CPD de Cabimas. Il compte plus de 1 600 détenus.

Félix Luporsi, Israël Augusto Villasana et Israël Antonio Villasana ─deux étudiants et un commerçant─, sont arrêtés dans l’Etat du Bolívar alors qu’ils rechargeaient leurs téléphones portables chez un ami. Les forces de l’ordre les auraient emmenés parce qu’ils portaient des bracelets distribués lors d’une manifestation contre le gouvernement.

Le commissariat où ils ont été placés abrite, selon les informations recueillies par Una Ventana a la Libertad, plus de 60 personnes. Les trois personnes ont été placées dans les toilettes pour hommes des fonctionnaires.

Le personnel médical est aujourd’hui particulièrement menacé au Venezuela. Le régime cherche à intimider les professionnels pour qu’ils ne dénoncent pas la grave crise que traverse le système national de santé. Il cherche également à justifier les décès dus au manque de matériel et de médicaments en accusant les personnels de santé de faute professionnelle.

Onze médecins sont arbitrairement détenus alors qu’ils participaient aux manifestations. Les détenus de l’État de Zulia sont : Nelson Reites, César Perozo Wong (cardiologues), Sheyla Montero et Neiro Ferrer, tous de l’Unité d’hémodialyse.

Jean Pierre Lizárraga, gynécologue obstétricien et Gabriel Ramírez, chirurgien plastique, ont été arrêtés dans l’Etat de Carabobo. Carmelo Gallardo, chef du service d’hématologie de l’hôpital de Maracay et Gabriel Flores l’ont été dans l’Etat de Aragua.

Jorge Carlos Favrin, traumatologue, est arrêté à Caracas. Ismael Rosillo, obstétriciengynécologue, est arrêté dans l’Etat de Falcón.

Les médias régionaux ont enregistré, depuis le 13 janvier, près de 45 cas de persécutions, de menaces et d’intimidation contre des professionnels de santé.

Una Ventana a la Libertad demande aux autorités compétentes de garantir le respect des droits de l’homme de tous les citoyens détenus lors des manifestations des 30 avril et 1er mai, conformément à la législation nationale et internationale. Ces citoyens n’ont commis aucun crime. Ils ont exercé leur droit légitime de manifester, dûment établi à l’article 68 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela.