Türkiye
Capitale — Ankara
Dernières mises à jour
Les personnes détenues sont autorisées à passer des appels vers l’extérieur
Dans les prisons de Kocaeli Kandira et de Tekirdag, les prisonniers ont le droit d’appeler les membres de leurs familles deux fois par mois pendant dix minutes. Les destinataires sont limités au nombre de trois par détenu, préalablement validés par la direction de l’établissement.
Dans la prison de Silivri, les communications sont au nombre de deux par mois. Leur durée est limitée à huit minutes et l’appel ne peut concerner que des lignes nationales. Aucune exception n’est faite, même en cas d’urgence.
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La directrice d’Amnesty International Turquie, Idil Eser, détenue à la prison de Silivri, n’a accès ni au téléphone, ni au courrier.1 Elle reçoit uniquement les messages transmis par son avocat.
“A journey into the dark heart of Turkey’s prison system” dans Newsweek, décembre 2017 (en anglais). ↩
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L’administration pénitentiaire informe, dans son rapport d’activité, et pour l’année 2016 que :
- 10 762 personnes ont bénéficié de cours d’alphabétisation
- 35 647 personnes d’une éducation scolaire et universitaire
- 386 personnes d’un enseignement à distance
- 62 490 personnes ont participé à une formation professionnelle.
La durée du placement à l’isolement est limitée
non
Le recours à l’isolement est récurrent et abusif. Il serait surtout utilisé pour les prisonniers politiques
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Le journaliste germano-turc Deniz Yücel est maintenu à l’isolement pendant plusieurs mois dans la prison de Silivri. Il bénéficie d’une libération conditionnelle en février 2018.
La peine de mort est abolie
oui, abolie depuis le 7 mai 2004
La dernière exécution a lieu en 1984.1
12 personnes sont exécutées entre 1920 et 1984. Hıdır Aslan est la dernière personne exécutée, le 25 octobre 1984. ↩
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Le rétablissement de la peine de mort est introduit dans le débat public depuis quelques années. Un référendum visant à renforcer le pouvoir présidentiel a lieu le 16 avril 2017. Une foule de personnes crie “peine de mort”, à Istanbul, au moment de la victoire du “oui”. Le président Recep Tayyip Erdoğan annonce, à cette occasion, être prêt à organiser un référendum rétablissant la peine de mort.
Les personnes transgenres bénéficient d'une prise en charge médicale spécifique
non
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Diren Coşkun, également détenue trans dans la prison pour hommes de Tekirdağ, est incarcérée depuis août 2017. Elle est en grève de la faim totale pour dénoncer sa mise à l’isolement et les contraintes auxquelles elle fait face pour accéder aux opérations et au suivi médical dont elle a besoin.
Les personnes LGBTQI+ sont détenues dans des quartiers ou des cellules séparés
dans la plupart des cas
Les personnes LGBTI sont généralement placées à l’isolement ou dans une cellule distincte afin d’éviter les agressions. Cette mesure concerne principalement les femmes transgenres dans les prisons pour hommes.
Les personnes transgenres doivent, pour pouvoir purger leur peine dans un quartier ou prison correspondant à leur identité sexuelle, subir un traitement de réattribution sexuelle dans un hôpital public. La procédure dure au moins un an.
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Une détenue trans, emprisonnée à la prison pour homme de Tekirdağ, attend son opération depuis cinq ans.
L’accouchement a lieu
- dans un établissement de soins extérieur
- au sein de l’établissement pénitentiaire
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Şule Gümüşoluk, détenue à la prison de Kayseri et enceinte de huit mois et demi, est maintenue en prison, par une décision judiciaire de mai 2017, lors de son accouchement. La décision est prise en dépit des risques d’un accouchement dangereux.
La peine peut être aménagée dès son prononcé
Le travail d’intérêt général existe comme alternative à l’incarcération : 29 707 personnes sont concernées par cette peine en 2016. Le placement sous surveillance électronique est prévu par la loi. Il est appliqué depuis février 2013.
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Jusqu’à 3 000 personnes sont placés sous surveillance électronique, en avril 2017, dont 359 personnes accusées d’être membres du mouvement Gülen. Ces personnes sont surveillées depuis un centre basé à Istanbul. Le directeur général des prisons et des centres de détention affirme que le dispositif peut surveiller jusqu’à 5 000 personnes.
Une instance régionale contrôle les lieux de privation de liberté
oui
Des organes européens ou internationaux effectuent des visites dans les lieux de privation de liberté turcs. Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) effectue des visites dans certaines prisons de Turquie à la suite de la tentative de coup d’Etat. Le gouvernement turc ne l’autorise pas à rendre son rapport public.
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La dernière visite du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) a lieu du 10 au 23 mai 2017.
Le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants effectue une mission en Turquie du 27 novembre au 2 décembre 2016.
Nombre de décès attribués à un suicide
280
Les décès en détention sont consignés sur un registre
L’administration pénitentiaire ne publie pas, de manière régulière, les chiffres relatifs au nombre de décès en détention. Les organisations des droits humains rendent souvent publics les cas portés à leur connaissance.
Le ministre de la Justice annonce, pour la période 2009-2016, 2 300 décès en détention.
Les décès sont généralement liés aux mauvaises conditions de détention, à la déficience d’accès aux soins. Ces décès affectent également les personnes âgées.
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Un article de Turkey Purge, daté du 17 avril 2017, fait état de 28 morts suspectes dans les prisons depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
Mehmet Kil, âgé de 24 ans, est retrouvé mort à la prison de Kürkçüler. Les autorités signalent un suicide. Son frère témoigne de menaces de morts proférées par des surveillants.
Le parlementaire Danış Beştaş interpelle, le 26 octobre, les autorités sur les circonstances de son décès.
Toutes les personnes détenues sont admises en prison avec un ordre d'incarcération valable
Les autorités turques arrêtent, depuis la tentative de coup d’Etat de 2016, des milliers de personnes soupçonnées d’appartenir au mouvement Gülen. Des personnes sont parfois arrêtées à la place d’un de leur proche.
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Dans un rapport de septembre 2017, le Stockholm Center for Freedom (SCF) met en lumière les prétextes utlisés pour ces arrestations, par exemple ;
- Etre abonné au journal Zaman, journal d’opposition interdit le 27 juillet 2016. Des milliers de lecteurs de ce journal sont arrêtés pour ce motif.
- Etre client de la banque Asya, saisie par le gouvernement en mai 2015. Vingt-huit de ses gestionnaires sont emprisonnés. Le nombre de clients incarcérés n’est pas connu.
- Etre syndiqué : des milliers d’enseignants membres de divers syndicats sont arrêtés.
- Etre en possession d’un billet d’un dollar américain, billets qui contiendraient des codes secrets pour les membres du mouvement Gülen.
Hacer Korucu, épouse du journaliste Bülent Korucu, est détenue pendant huit mois. L’acte d’accusation indique la situation de son mari comme motif légal d’arrestation.1
Le site militant Turkey Purge dénombre, au 5 février 2018, l’arrestation de 64 358 personnes, dont 319 journalistes, depuis la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.
Stockholm Center for Freedom, “Erdogan’s rule by royal decree. Turkey’s contempt for the rule of law. Criminal accusations on absurd pretext in Turkey”, September, 2017, p. 35. ↩
La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements
oui
Les lieux habituels de privation de liberté n’étaient pas en mesure, au lendemain du 15 juillet 2016, de contenir les personnes arrêtées massivement. Des milliers d’entre elles sont placées dans des stades, des salles de réunion et d’autres sites dépourvus de vidéo-surveillance. Certaines sont victimes de mauvais traitements ou d’abus. Le SCF affirme, en mai 2017, que la police turque a fait usage des bâtiments de la compagnie des eaux de l’Etat (DSİ) comme lieu de détention. Des cas de violences verbales et physiques sont dénoncés.
Un gymnase fait office de cellule dans la prison de Karabuk et abrite une centaine de prisonniers. La densité carcérale varie d’un établissement à l’autre, voire à l’intérieur d’une même prison. Une cellule prévue pour trois ou quatre prisonniers peut en accueillir jusqu’à huit. Certains dorment sur des matelas au sol.
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Soixante personnes sont enfermées, en 2017, à la prison de Tarsus, dans une cellule prévue pour 26. La prison de Kırklareli compte, cette même année, 1 000 prisonniers pour une capacité de 500 places.