L’Afrique du Sud a, avec 157 056 personnes détenues, la population carcérale la plus importante du continent. Les conditions de détention varient d’un bout à l’autre du territoire. De nombreux établissements manquent d’infrastructures efficaces, d’hygiène et de nourriture de qualité satisfaisante.
La surpopulation est un problème récurrent des centres de détention provisoire et des établissements situés dans les aires urbaines. Dix établissements au moins affichent un taux d’occupation supérieur à 200 %. Cette situation serait le résultat des retards de procédure qui s’accumulent au niveau des tribunaux, de la charge administrative, des peines planchers et de l’accès limité aux programmes obligatoires de préparation à la remise en liberté et d’une détention provisoire qui dure parfois plusieurs années. Des contraintes financières viennent également entraver la libération des personnes détenues : nombres d’entre elles sont en incapacité de s’acquitter de leurs amendes ou de leur caution. Un nombre croissant de personnes restent détenues dans les postes de police pour des périodes prolongées en attente de leur procès.
La peine de mort est abolie en 1997. La plupart des crimes qui en étaient passibles sont désormais punis par la prison à perpétuité. Le nombre de personnes condamnées à la perpétuité augmente de plus de 4 000 % entre 1995 et 2022.
L’administration pénitentiaire introduit, en 2020, des procédures spécifiques pour le placement des personnes LGBTQI+. Les organisations de la société civile s’impliquent activement dans les efforts de développement et d’amélioration des procédures adaptées à leurs besoins spécifiques.
L’administration pénitentiaire introduit, en 2011, une politique de lutte contre les violences sexuelles. Celles-ci restent cependant omniprésentes. Les personnes en situation de vulnérabilité sont souvent victimes d’agressions. Le crime organisé, la violence des gangs et la corruption semblent extrêmement difficiles à éradiquer de certains établissements, un problème aggravé par la surpopulation et le manque de personnel.
La Commission sud-africaine des droits humains (South African Human Rights Commission, SAHRC) est l’organisme qui coordonne le mécanisme national de prévention de la torture, lequel regroupe quatre institutions. L’Inspection judiciaire des services pénitentiaires (Judicial Inspectorate for Correctional Services, JICS) est celle en charge de la surveillance des conditions de détention dans les établissements d’exécution des peines et de détention provisoire. Il lutte, depuis sa création en 1998, pour jouir d’une véritable indépendance. Le JICS est sous la tutelle du ministère de la Justice (Department of Justice and Correctional Services), également responsable de son financement. Il continue à se battre pour la mise en œuvre de lois susceptibles d’apporter une solution à ces problèmes structurels.
Le placement à l’isolement est aboli en 2008 et remplacé par le régime dit de “séparation” (segregation). Il n’existe, de fait, pas de réelle différence entre les deux. L’isolement prolongé est un sujet d’inquiétudes récurrentes ; il dure parfois des années dans les deux prisons de sécurité maximale du pays.
Les personnes jugées irresponsables de leurs actes “en raison d’un trouble psychique ou d’un handicap mental” sont appelées “patients de l’État” (state patients). Les institutions psychiatriques manquent de places : ces personnes sont parfois maintenues en détention pendant de longues périodes, alors même que le personnel pénitentiaire n’est pas formé à leur prise en charge.
De nombreux problèmes systémiques sont relevés dans l’accès aux soins : temps d’attente, accès limité aux médecins spécialistes, traitements inadéquats et manque chronique de ressources. Un personnel de soins en sous-effectif vient aggraver encore la situation. On note cependant, au fil des années, de considérables améliorations de la prise en charge du VIH et de la tuberculose et de l’accès aux traitements.