Espagne
Capitale — Madrid
Dernières mises à jour
Ministère de tutelle
- ministère de l’Intérieur
- ministère de la Santé en Catalogne et au Pays basque
Plusieurs organisations de la société civile réclament le transfert des compétences en matière de santé à chaque communauté autonome.
La coordination des programmes en serait facilitée (transfert des dossiers médicaux, continuité des soins…). Une loi promulguée en 2003 autorise ce transfert. Elle n’est pas mise en œuvre, à l’exception de la Catalogne et du Pays basque.
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L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) demande, le 29 novembre 2023, le transfert de compétences sanitaires aux communautés autonomes, comme le prévoit la loi de 2003.
Le personnel pénitentiaire est représenté par un/des syndicat(s)
Les deux principales organisations syndicales sont :
- le Regroupement des corps de l’administration pénitentiaire (ACAIP), la plus influente
- l’Association professionnelle des fonctionnaires pénitentiaires (APFP).
De nombreux syndicats pénitentiaires dénoncent les conditions de travail, notamment en ce qui concerne la violence, et le manque de moyens sécuritaires et de personnel. Ils dénoncent également, depuis plusieurs années, l’absence de dialogue avec les autorités pour améliorer leurs conditions de travail.
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Les syndicats ACAIP-UGT et CSIF dénoncent les mauvaises conditions de travail du personnel à Puerto III, dues à un manque de personnel. Ils appellent à rétablir la communication entre la direction de la prison et les représentants du personnel.
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Plusieurs syndicats (CCOO, CSIF, APFP, ACAIP-UGT) condamnent deux agressions dans les établissements de Logroño et de Badajoz. Ce chiffre est, selon le syndicat Acaip-UGT, largement inférieur à la réalité du terrain. Il appelle à l’accélération du processus de révision de l’article 80 de la Loi générale de l’organisation pénitentiaire (Ley Organíca General Penitenciaria). Les syndicats souhaitent que les membres du personnel pénitentiaire soient considérés comme représentants de l’autorité.
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Les syndicats de l’administration pénitentiaire demandent, en février 2023, une reclassification des prisons espagnoles, ainsi que des changements du modèle organisationnel et des conditions de travail. L’ACAIP-UGT dénonce le manque de personnel et estime un manque de 4 000 travailleurs dans les prisons administrées par l’État espagnol.
Taux d'occupation
73,7 %
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Puerto III est la prison la plus surpeuplée des prisons gérées par le SGIP. 1 300 personnes y sont détenues, pour une capacité opérationnelle de 1 008 personnes. Cette surpopulation génère des incidents et des problèmes de sécurité.
La séparation entre les hommes et les femmes est effective
La mixité est exceptionnellement autorisée, avec le consentement des personnes détenues, pour le maintien des liens familiaux. Hommes et femmes conjoints détenus peuvent se rencontrer dans des parloirs spécialement aménagés. Ces locaux ne peuvent accueillir les personnes condamnées pour des infractions à caractère sexuel (article 99 règlement pénitentiaire).
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Les hommes et les femmes cohabitent, depuis 2021, dans un quartier de la prison de Teixeiro, près de La Corogne, en Galice. Le but est de mieux préparer les personnes à leur réinsertion. On y compte 20 femmes et 35 hommes. Les personnes mangent, travaillent et participent à leurs activités ensemble. La participation a lieu sur la base du volontariat. Il existe, dans le pays, 20 quartiers mixtes regroupant 202 femmes et 925 hommes.
Un examen médical est pratiqué à l’entrée en détention
Un examen est effectué à l’arrivée en détention. Les arrivants sont soumis à des tests sanguins et autres examens médicaux. Un rendez-vous médical doit être effectué dans les 24h après l’admission.1 Un médecin et un infirmier listent les antécédents et procèdent à une “évaluation des risques“ : risque suicidaire, consommation de drogues (type de drogue, fréquence, voie d’administration, symptômes de manque…), troubles mentaux. Les comportements à risque, tels que le partage du matériel d’injection, les rapports sexuels sans protection et la pose de tatouages sont également pris en compte. L’évaluation relative aux maladies transmissibles couvre des infections telles que la tuberculose, le VIH, le VHC, le VHB et la syphilis. Cet examen oriente la prise en charge à suivre (traitement de substitution ou soins à prodiguer).
Commission européenne, Les personnes souffrant de troubles mentaux dans les systèmes pénitentiaires européens - Besoins, programmes et résultats, octobre 2007, p. 28. (en anglais) ↩
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L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) dénonce, en juin 2023, les délais importants préalables à la visite médicale d’entrée des personnes détenues à la prison Puerto III de Cadix. Ces retards ont un effet négatif sur leur affectation en cellule et leur réinsertion.
Toute allégation ou tout soupçon de mauvais traitement infligé à un détenu est enregistré
Les plaintes pour mauvais traitements sont tenues d’être consignés sur un registre de plaintes. Ce registre est inexistant dans la majorité des établissements. Le Défenseur du peuple souligne l’importance d’un registre dans chaque établissement. Il observe que les données disponibles sont imprécises et divergentes. Il en résulte une méconnaissance de la torture et des mauvais traitements.
La CPDT publie annuellement un rapport qui fait état des mauvais traitements et des cas de torture. La CPDT fonde son état des lieux sur des informations fournies par des victimes, leurs proches, des avocats ou des organisations de défense des droits humains. Elle se base également sur les arrêts rendus par des tribunaux et sur des articles de presse jugés fiables.
Elle insiste sur le fait que le nombre de cas recensés est partiel. Une grande partie des mauvais traitements n’est jamais dénoncée par peur de représailles et par méfiance vis-à-vis de la justice.
Le Défenseur du peuple et les délégations du CPT peuvent, lors de leurs visites, s’entretenir de manière confidentielle avec les détenus. Ces informations ne sont pas rendues publiques.
L’Observatoire du système pénal et des droits humains, un centre de recherche de l’université de Barcelone, répertorie les cas de mauvais traitements et de tortures en prison. Il utilise le Système de registre et de communication de violence institutionnelle SIRECOVI. Il permet de mettre en lien les victimes pour les protéger.
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L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) publie, en juin 2023, son septième rapport périodique sur la mise en œuvre de la convention contre la torture. Il est présenté au siège de l’ONU les 20 et 21 juillet 2023. Ce “Rapport de l’Ombre” présente les violations commises par l’État. Celui-ci ne reconnaît toujours pas le protocole d’Istanbul. L’Espagne n’enquête pas, malgré 12 condamnations par la CEDH, sur les allégations de torture.
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La recommandation du MNP d’ajouter des photos dans les registres de blessures sur personnes détenues est appliquée. L’utilisation de ces registres reste insuffisante.
Les salaires sont
largement en dessous du salaire minimum national
Les salaires des personnes détenues travaillant dans les prisons espagnoles oscille entre 3,20 et 4,50 euros par heure (en moyenne 200 à 300 euros par mois) pour un travailleur détenu non spécialisé. Cette rémunération est largement en dessous du salaire minimum interprofessionnel national, fixé à 1 000 euros mensuels.
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L’Association pour les droits humains d’Andalousie (APDHA) dénonce, en novembre 2023, les mauvaises conditions de travail des personnes détenues. La rémunération se situe entre 3 et 4 euros de l’heure. Les personnes détenues effectuent de nombreuses heures supplémentaires non-rémunérées.
La classification des détenus est révisée
tous les trois ou six mois
La classification est révisée tous les trois ou six mois pour les détenus classés premier grade (article 65 de la loi organique pénitentiaire).
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L’examen obligatoire d’évaluation des détenus six mois après transfert dans un nouvel établissement s’effectue souvent plus tard, au détriment de leur éventuel changement de régime.
L'affectation des personnes transgenres dans un établissement dépend de
- leur propre identification
- leur état civil
- leur sexe biologique
L’affectation des personnes transgenres dans un établissement ne dépend pas systématiquement de leur sexe biologique ou de leur état civil. Les décisions sont, en principe, prises au cas par cas par la direction de l’établissement. Les personnes détenues concernées peuvent indiquer le quartier de leur choix.
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L’identité des personnes transgenres n’est, dans de nombreux établissements, pas correctement enregistrée.
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Six personnes détenues du centre pénitentiaire d’Asturies entament, en mars 2023, les procédures visant à modifier l’enregistrement de leur genre conformément aux dispositions de l’article 43.1 de la loi 4/2023 sur les personnes transgenres. La loi dispose que toute personne peut demander un changement de genre à l’état civil sans conditions particulières. La nouvelle loi n’établit cependant aucun protocole spécifique concernant les personnes transgenres incarcérées.
La présence d’un personnel de surveillance est proscrite durant le travail et accouchement
Les agents de la garde civile sont tenus de rester à l’extérieur de la salle d’accouchement.
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Les femmes de la prison d’Alicante accouchent en présence de policiers.
Les femmes enceintes ont accès aux soins prénataux
Les quartiers femmes sont dotés d’équipement obstétrique. Une insuffisance des services gynécologiques est rapportée par certaines femmes1.
Gómez Ramírez, Sonia, “La réinsertion des femmes en prison”, 2016, Université du Pays Basque, p. 61. (en espagnol). ↩
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L’accompagnement des femmes enceintes et la préparation à l’accouchement sont lacunaires. L’intimité et la confidentialité ne sont pas respectées.
Les femmes enceintes sont placées dans des quartiers ou des cellules spécifiques
oui
Les femmes enceintes sont placées dans une unité pour mères sous condition de places suffisantes.
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Une femme mineure est admise enceinte et placée seule dans le module résidentiel de la prison de Punta Blanca. Aucune préparation à l’accouchement ne lui est proposée. Elle ne bénéficie pas d’un suivi psychologique.
Nombre de décès attribués à un suicide
62
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3 498 cas d’automutilation sont recensés au cours de l’année 2021, dont 87 cas graves.
Les personnes détenues peuvent fumer
en cellule
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Une enquête menée par le ministère de la Santé sur un échantillon de 5 512 personnes détenues révèle que 74 % de la population carcérale fume en prison. Les plus concernés sont les hommes de moins de 25 ans. 80,2 % de la population carcérale de moins de 24 ans a fumé du tabac pendant le mois précédant l’enquête. Ces pourcentages sont plus élevés que dans la population générale.
Nombre d’agressions envers les personnels
300
Les statistiques officielles font état de plus de 300 agressions, en 2022, soit le double de l’année précédente.
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90 % des attaques contre le personnel s’expliqueraient par une mauvaise prise en charge des troubles psychiques et par un manque de formation du personnel pour traiter de telles situations.
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12 agressions de surveillants sont enregistrées pour l’année 2022 à la prison de Picassent (Valence).
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Selon le syndicat SCIF, 577 agents pénitentiaires ont été agressés, gravement ou légèrement, en Catalogne en 2022, soit 48,6 % de plus qu’en 2021.
Nombre de personnels de santé (ETP)
1 343
Le nombre de personnels de santé (ETP) ne montre pas d’évolution significative. Il était de 1 3391 en 2020.
Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) fait état, en 2020, d’un manque de personnel soignant. Leur rapport souligne le manque d’infirmières et de médecins en détention ainsi que le manque de psychiatres et de psychologues. Le rapport énonce globalement de mauvaises conditions de travail pour le personnel médical.
En août 2022, 67 % des postes vacants de médecins en détention ne sont pas pourvus. On compte 148 postes réguliers occupés, 40 postes intérimaires et 3 étudiants internes, soit moins de 200 médecins pour plus de 55 000 personnes détenues. Le ministère de l’Intérieur ouvre, en 2021 et 2022, 80 nouveaux postes de personnels de santé. 11 sont pourvus. Les médecins dénoncent la précarité des contrats temporaires, le manque de qualification et de formation des intérimaires et le stress généralisé suscité par la dureté des conditions de travail.
Le Secrétariat général des institutions pénitentiaires (SGIP) reconnaît, en décembre 2022, un “déficit de professionnels médicaux dans certaines prisons” qui ne permet pas de “garantir la couverture de la prestation de soins médicaux 24 heures sur 24”. Le gouvernement instaure la mise en place des téléconsultations avec des professionnels internes affectés à d’autres établissements comme réponse au déficit.
Conseil de l’Europe, “SPACE I – Rapport 2020”, p. 83. ↩
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Le centre pénitentiaire de Palma compte 1 000 personnes détenues. Le personnel médical, théoriquement de 9 personnes, est réduit à 2 la plupart du temps. Aucun personnel de santé n’était présent le jour de Pâques. Ce manquement mène à des transferts de plus en plus fréquents vers des établissements à l’extérieur, ce qui induit des problèmes sécuritaires et budgétaires. Le centre pénitentiaire demande le transfert des compétences de santé aux Communautés autonomes.
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Les prisons d’Andalousie manquent de médecins. Parmi elles, 16 (75 %) ont recours à des contrats privés. Depuis mars, 65 postes sont à pourvoir dans le secteur médical en prison. Cádiz et Séville comptent 15 places vacantes, Malaga 11 et Grenade 7. Le CSIF explique cette pénurie de personnel par la faible rémunération des médecins pénitentiaires en comparaison avec leurs homologues à l’extérieur.
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Les autorités pénitentiaires dénoncent publiquement le manque de médecins dans les prisons du pays. La moitié des postes ne sont pas pourvus, ce qui s’ajoute au manque de moyens dont font état les professionnels. Selon les chiffres publiés par le syndicat CSIF, près de 7 postes sur 10 ne sont pas pourvus. Seuls 36,41 % des postes sont occupés.
Les visites conjugales sont autorisées
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Une enquête menée par le ministère de la Santé sur un échantillon de 5,512 personnes détenues révèle que 48,4 % des personnes détenues déclarent avoir un ou une partenaire, dont 11,4 % en prison. 53,3 % déclarent avoir eu des relations sexuelles dans la dernière année. 97,9 % des hommes et 89 % des femmes ayant des relations sexuelles déclarent avoir eu des relations hétérosexuelles.
38,8 % des personnes détenues ayant eu un rapport sexuel au cours des 12 mois précédant l’enquête déclarent avoir utilisé des préservatifs. Le pourcentage d’utilisation des préservatifs double lorsque l’un des partenaires est positif au VIH.
L’administration pénitentiaire fournit, sans frais, des produits d’hygiène
oui
L’administration pénitentiaire distribue chaque mois un kit d’hygiène. Il comprend du savon, du dentifrice, des préservatifs, du lubrifiant, des rasoirs et de la crème à raser.
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Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé indique que les prisons espagnoles fournissent du savon, des préservatifs, du lubrifiant et des seringues aux détenus mais ne distribuent pas de désinfectant.
Évolution du nombre de décès attribués à un suicide
augmentation
Le nombre de décès attribués à un suicide augmente de 26,53 % entre 2019 (49)1 et janvier 2020 (62).
Conseil de l’Europe, “SPACE I – Rapport 2020”, p. 113. ↩
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Les suicides sont devenus, selon les données du ministère de la Justice de Catalogne, la principale cause de décès dans les prisons de la Généralité. Quatorze personnes détenues se suicident en 2022. Le nombre de suicides augmente de 22 % par rapport aux deux années précédentes, au cours desquelles 11 décès avaient été enregistrés.