Royaume-Uni: Angleterre et Pays de Galles
Capitale — Londres
Dernières mises à jour
Le coût des appels est conforme aux prix du marché
Un appel de 30 minutes vers une ligne fixe coûte, les jours ouvrés, £2,75 (environ 3,15€). Un appel vers un portable coûte £6,12 (7€). Un appel de 30 minutes d’une cabine publique coûte, à l’extérieur, 60 pence (70 centimes d’euros).1
Inspection des établissements pénitentiaires, Life in prison: Earning and spending money - (La vie en prison : gagner et dépenser de l’argent), janvier 2016, p. 7 (en anglais). ↩
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Les téléphones sont fournis par l’entreprise privée BT. Elle prend en charge les coûts de mise à disposition des téléphones et perçoit en contrepartie les bénéfices des appels. Les coûts des appels téléphoniques se répartissent comme suit :
- 3,10 centimes par minute vers un téléphone fixe (en semaine)
- 2,75 centimes par minute vers un téléphone fixe (week-end)
- 6,88 centimes par minute vers un mobile (en semaine)
- 4,50 centimes par minute vers un mobile (week-end)
Les téléphones sont situés
- sur les coursives
- en cellule
Des téléphones sont désormais présents dans les cellules de certains établissements. Le coût des communications est moindre. Les liens familiaux en sont facilités.1 Le gouvernement britannique annonce, en 2018, un plan de sept millions de livres (près de huit millions d’euros) destiné à étendre la pose de téléphones en cellule. Ce plan prévoit aussi l’installation de kiosques numériques destinés à formuler les demandes de visite et autres tâches similaires.
Le gouvernement indique, en 2021, que toutes les prisons fermées pour femmes sont équipées de téléphones en cellule.2
Prison Reform Trust, Bromley Briefings Prison Factfile, automne 2018, p. 54. ↩
Inside Time, In-cell phones at all women’s prisons, octobre 2021 (en anglais). ↩
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Parmi les établissements fermés gérés par l’administration pénitentiaire, 86 % disposent de téléphones dans les cellules.
Des formations professionnelles sont dispensées
oui
L’administration pénitentiaire assure la formation professionnelle et la prise en charge des enseignants.1 Les formations habituellement proposées sont notamment la plomberie, la coiffure, la maçonnerie, la mécanique vélo…
Inspecteur en chef des établissements pénitentiaires, “Rapport annuel 2017-18”, juillet 2018, p. 42 (en anglais). ↩
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La loi permet désormais aux personnes détenues dans des établissements ouverts de participer à des programmes d’apprentissage. Ceux-ci combinent travail et formation pour orienter vers une carrière professionnelle. Les premières personnes détenues à suivre un apprentissage commencent en octobre 2022. Un homme détenu à la prison ouverte de Thorn Cross travaille comme chef de partie tout en suivant un apprentissage de niveau 2 en hôtellerie. Une autre personne détenue travaille pour l’entreprise de construction Kier.
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Dominic Raab, secrétaire au ministère de la Justice, confirme le projet d’extension de la chaîne de restaurants The Clink Kitchens. Ce programme forme les personnes détenues aux métiers de l’hospitalité et de la restauration. Six sites supplémentaires ont ouvert leurs portes depuis le 26 septembre 2021. Le gouvernement confirme que ce chiffre atteindra 50 en 2023. Dominic Raab souligne l’importance de ce type de programmes pour la réinsertion professionnelle des détenus.
L'administration pénitentiaire propose des activités aux personnes détenues
oui
Tous les prisonniers font l’objet, à leur arrivée, de l’évaluation de leurs besoins en acquisition de compétences. Ceux-ci sont consignés dans un “plan individuel de formation” (Individual Learning Plan, ILP)“. L’administration et les prestataires extérieurs ont accès à ce plan. L’accès à l’emploi, à la formation et au développement des compétences est soumis aux propositions de l’administration, à l’offre des prestataires et au régime de détention.
Les activités habituellement proposées sont les suivantes :
- formations et acquisition de compétences
- activités sportives
- activités culturelles et artistiques
- programmes de réinsertion
- travail1
ministère de la Justice, circulaire PSI 03/2012 sur l’affectation aux activités (en anglais) ↩
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Les chiffres du ministère de la Justice montrent qu’entre janvier et mars 2022, 2 297 personnes détenues (1 sur 35) ont entamé un programme agréé pour lutter contre les comportements infractionnels. Le nombre de personnes qui participent à des programmes diminue depuis longtemps. Plus de 19 000 détenus ont commencé des cours entre 2010 et 2011. Ce nombre chute de 70 % au cours de la décennie suivante, avant même l’épidémie de Covid-19.
520 personnes détenues commencent des programmes de lutte contre la violence entre 2021 et 2022 (contre 1 592 en 2019/20) : 1 000 contre la délinquance générale (contre 2 593) ; 536 contre la délinquance sexuelle (contre 1 133) ; et 125 contre la violence domestique (contre 210). -
Le ministère de la Justice déclare, le 23 novembre 2022, que seules 18 des 122 prisons du pays offrent un régime complet d’activités et de services. Cela serait dû à un manque de personnel. Le nombre d’agents pénitentiaires est insuffisant pour laisser circuler les personnes détenues en toute sécurité et les escorter vers les ateliers ou les salles de classe. Au total, 61 prisons disposent de la majorité des activités et des services, 42 proposent des activités et des services réduits mais durables, et une prison propose des activités et des services de base qui ne sont pas viables au-delà du court terme.
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L’association Fine Cell Work apprend à coudre et à broder aux personnes détenues. Au début de la pandémie de la Covid-19, l’association a envoyé plus de 2 000 produits aux prisons. Cela a permis aux détenus enfermés au moins 23 heures par jour de pratiquer la broderie ou la couture. Les pièces fabriquées par les personnes détenues peuvent être achetées sur le site internet de l’association, qui en reverse une partie aux détenus. L’association intervient en détention depuis 2017. Le taux de récidive parmi les bénéficiaires de son programme est de 2 %, selon les chiffres des autorités, alors qu’il est de 46 % au niveau national.
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L’Inspection des prisons estime que le système éducatif et sportif de la prison de Forest Bank est “inadéquat”. Il note un manque de propositions d’activités aux détenus. Charlie Taylor, chef de l’Inspection des établissements pénitentiaires (HM Inspectorate of Prisons), observe cependant une évolution et reconnait les difficultés rencontrées par l’établissement. Il définit la structure comme “une prison en transition” et salue leurs actions comme “encourageantes”. Les conclusions de l’Inspection émergent après une visite de contrôle surprise en février 2022.
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L’Inspection des établissements pénitentiaires (HM Inspectorate of Prisons) estime que le rétablissement des prisons suite à la pandémie de la covid-19 est long et irrégulier. La pandémie a entraîné une forte réduction du contact avec l’extérieur, des activités et des formations. La reprise de ces services est lente pour la majorité des prisons. Leur suspension a un impact conséquent sur le bien-être, la santé mentale et la réinsertion des détenus. Charlie Taylor, Inspecteur en chef des prisons, affirme qu’il y aura un “prix à payer” pour l’ennui, le manque d’activités et la rupture des liens familiaux causés par la pandémie.
Les cellules/dortoirs sont équipés d’un dispositif de régulation de la température
dans la plupart des cas
Toutes les cellules doivent être équipées d’un système de chauffage (circulaire PSI 17/2012 sur les locaux de détention certifiés). L’Inspection des établissements pénitentiaires signale, en 2017, que de nombreux prisonniers déclarent ne pas disposer de systèmes de chauffage ou de ventilation dans leur cellule, ou que ceux-ci ne fonctionnent pas ou mal.1
Inspection des établissements pénitentiaires, Life in prison: Living conditions (“Conditions de vie en prison”), octobre 2017 (en anglais). ↩
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Un certain nombre de prisons connaissent des problèmes de chauffage et d’eau chaude. C’est le cas, par exemple, à la prison de Bristol en 2021 et 2022. À Winchester, les proches affirment que les personnes détenues doivent rembourrer leurs portes et fenêtres avec des couvertures et du ruban adhésif afin de rester au chaud.
À Littlehey, la famille d’un prisonnier signale que le chauffage ne fonctionne pas et que les cellules sont froides. Des plaintes concernant le système de chauffage et d’eau chaude de cette prison ont eu lieu lors d’hivers successifs depuis 2017. Ces problèmes seraient dus à un retard considérable dans les travaux d’entretien et à des restrictions budgétaires concernant l’entretien de l’établissement.
Mineurs incarcérés
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Le rapport annuel du Conseil de la justice pour mineurs met en évidence les différences démographiques au sein de la population des jeunes incarcérés.
Les enfants blancs représentent 70 % des personnes averties ou condamnées et les minorités ethniques 30 %. Les enfants noirs sont trois fois plus susceptibles de recevoir un avertissement ou une peine que les enfants blancs.
La majorité des jeunes en détention sont âgés de 15 à 17 ans (82 %), les autres de 10 à 14 ans. La grande majorité (87 %) des jeunes en détention sont des garçons.
Les mères sont autorisées garder leur enfant auprès d’elles
oui, jusqu’à 18 mois
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Les mères qui demandent une place dans l’unité mère-enfant (Mother and Baby Unit¨, MBU) n’ont pas droit à une représentation juridique. Beaucoup découvrent la procédure de bouche à oreille. Certaines demandes seraient rejetées à tort. Ces décisions sont prises par quatre comités indépendants nommés par le service de probation. Le rapport du travailleur social en chef, publié en novembre 2022, fait état de préoccupations quant à l’incohérence des décisions prises par les commissions. Parmi 39 cas de refus examinés, 14 sont jugés préoccupants et trois déraisonnables. Toute femme peut prétendre à un placement, quelle que soit son infraction. Dans l’un des cas, une femme en détention provisoire se voit refuser un placement car elle est accusée de meurtre. Aucune inquiétude n’est soulevée quant à ses capacités parentales. Dans un autre cas, une femme se voit refuser le placement car la durée de sa peine signifie que l’enfant sera retiré après dix mois. D’autres demandes présentant les mêmes contraintes ont été acceptées.
Nombre de visites d’établissements pénitentiaires par le MNP
41
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L’Inspection des établissements pénitentiaires effectue 16 visites entre début octobre et la fin de l’année 2022.
Des politiques de prévention du suicide sont mises en œuvre
oui
La prévention du suicide est obligatoire dans tous les établissements. Elle prend la forme d’une procédure nommée “Évaluation, prise en charge en détention et travail d’équipe” (Assessment, Care in Custody and Teamwork, ACCT).1
La Howard League, dans son rapport de 2016 sur la prévention du suicide en prison, souligne que “ces procédures dépendent des bonnes relations entre le personnel et les prisonniers, et de l’efficacité de la communication entre membres du personnel”. Ce rapport insiste également : “l’administration pénitentiaire ne doit pas compter sur l’ACCT pour signaler et soutenir tous les prisonniers présentant un risque suicidaire. Sur les 89 prisonniers qui se sont donnés la mort en 2015, moins de la moitié (35) faisaient l’objet d’un suivi ACCT au moment du passage à l’acte”.2
ministère de la Justice, circulaire PSI 64/2011 sur les mesures de protection en détention, p. 26 (en anglais) ↩
Howard League, Preventing prison suicide, (“Prévention du suicide en prison”), 2016. ↩
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De nombreux établissements sont condamnés pour leur manque d’action en matière de prévention du suicide.
À la prison Exeter, dix prisonniers se suicident entre 2018 et 2022. Le suivi des personnes détenues nouvellement arrivées est inadéquat, les soins de santé mentale sont médiocres et les cadres supérieurs se succèdent.L’Inspection des établissements pénitentiaires fait appel à sa procédure de notification urgente. Il donne au gouvernement 28 jours pour répondre.
À Liverpool, deux agents pénitentiaires sont accusés d’homicide par négligence grave à la suite du suicide d’un détenu.
À Belmarsh, un jury d’enquête constate des manquements importants et multiples de la part de l’établissement à la suite du suicide d’un homme blessé. Il était censé se trouver dans une “cellule pour personnes en situation de handicap” équipée d’un matelas spécial, mais a été transféré dans une cellule ordinaire où il a été contraint de dormir à même le sol.
Évolution du nombre de postes de surveillants
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Le CPT rapporte, en avril 2020, que le nombre réel de personnels au contact des personnes détenues est problématique. Le nombre de surveillants baisse de 30 %, entre 2010 et 2016, suite à des coupes budgétaires. Un recrutement de 3 000 nouveaux surveillants pénitentiaires a lieu fin 2016.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement du Royaume-Uni sur les visites du 13 au 23 mai 2019“, avril 2020, p. 31-32 (en anglais). ↩
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Un agent pénitentiaire sur sept quitte son emploi au cours de l’année 2021, selon le ministère de la Justice. Recruter et retenir le personnel est particulièrement difficile dans certaines régions du sud de l’Angleterre où le marché du travail est porteur, et dans les zones rurales où le vivier de recrues potentielles est réduit. Mark Fairhurst, président national du syndicat Prison Officers’ Association, affirme que ce problème est dû aux bas salaires.
Nombre de postes de surveillants (ETP)
22 722
Les statistiques de l’administration pénitentiaire ne prennent en compte que les agents publics. Les personnels de surveillance relevant des opérateurs privés en sont exclus.1
ministère de la Justice, guide des statistiques sur la main-d’oeuvre de l’administration pénitentiaire, 2017, p. 7 (en anglais). ↩
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Un groupe d’experts (Operational Stability and Resourcing Panel, OSRP), composé de hauts fonctionnaires, se réuni chaque semaine pour analyser l’impact des pénuries de personnel dans les prisons d’Angleterre et du Pays de Galles. L’objectif de ce groupe est, selon les autorités, “d’apporter un soutien aux prisons qui subissent les pressions les plus fortes en matière de ressources”. Le ministère de la Justice affirme qu’entre novembre 2020 et novembre 2022 ce groupe a été sollicité 647 fois. Les prisons de Woodhill et de Wayland semblent avoir le plus de difficultés : elles ont chacune reçu une aide à 20 reprises depuis la mi-2021. Les établissements de Long Lartin et de Swaleside restreignent considérablement leur activité à partir d’août 2022 en raison d’un manque de personnel.
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Des Conseils de surveillance indépendant des prisons de Belmarsh, Birmingham et Preston rapportent de nombreux problèmes qui découlent du manque de personnel : perte de biens (HMP Belmarsh et HMP Birmingham), longs délais d’attente pour voir un dentiste (HMP Belmarsh), accès limité aux douches (HMP Belmarsh), réduction des visites (HMP Preston) et réparations incomplètes des infrastructures nécessitant la présence d’un personnel de surveillance (HMP Preston).
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Les chiffres relevés par le ministère de la Justice montrent qu’un membre du personnel pénitentiaire sur sept a quitté son poste au cours de l’année dernière. Le manque de personnel impacte lourdement le fonctionnement des prisons. Les personnes détenues passent plus de temps en cellule, l’accès aux activités sportives diminue. Les 20 000 places de prisons supplémentaires prévues d’ici 2025 pourraient ne pas voir le jour à cause de ce manque d’après les autorités pénitentiaires.
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L’organisation Prison Reform Trust alerte sur les taux de départ du personnel pénitentiaire. Elle constate que la moitié des officiers qui ont quitté leur poste au cours de l’année se terminant le 31 mars 2021 étaient en service depuis moins de trois ans. Plus d’un quart l’étaient depuis moins d’un an. Le directeur de l’association alerte sur la nécessité d’enrayer l’augmentation du nombre de départ. Il énonce : “Nous allons manquer de personnel pour gérer les prisons existantes, sans parler du personnel nécessaire pour celles que les ministres veulent construire.”’ (‘’We are going to run out of people to run the prisons we’ve got – never mind the ones ministers want to build.’’)
L’inspecteur en chef des établissements pénitentiaires (HM Chief Inspector of Prisons) remarque que l’un des plus gros défis de l’administration pénitentiaire est le recrutement de personnels pour faire face au nombre important de démissions et d’abandons de poste.
Évolution du taux d'occupation
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Le placement à l'isolement est utilisé à des fins de
- sanction
- protection de la personne
- sécurité
Le placement à l’isolement est utilisé :
- Pour la préservation du bon ordre et de la discipline ou la protection du prisonnier (Règle pénitentiaire 45 et Règle 49 des établissements pour “jeunes délinquants”)
- Pour la surveillance rapprochée, dans une unité dédiée (Close Supervision Centre) de la prison (Règle pénitentiaire 46)
- Pour les prisonniers en attente d’un arbitrage disciplinaire. Ils peuvent être maintenus à l’écart des autres prisonniers durant l’enquête préliminaire du directeur (Règle pénitentiaire 53(4) et Règle 58(4) des établissements pour “jeunes délinquants”).
- Pour les prisonniers reconnus coupables d’infraction à la discipline (Règle pénitentiaire 55(e) et Règle 60(f) des établissements pour jeunes délinquants).
- Pour déplacer hors de son quartier ou de son unité un prisonnier reconnu coupable d’infraction à la discipline (Règle pénitentiaire 55(h) et Règle 60(g) des établissements pour “jeunes délinquants”)
- Pour les prisonniers en grève de l’hygiène. Un prisonnier en grève de l’hygiène est déplacé vers un local spécial du quartier d’isolement ou un autre local adapté. Ceux-ci tombent sous le coup de la Règle pénitentiaire 45 ou de la Règle 49 des établissements pour “jeunes délinquants”.1
Le personnel peut placer une personne détenue en cellule de protection s’il considère qu’elle risque de se suicider ou de s’automutiler. L’administration pénitentiaire ne considère pas les cellules de protection comme des espaces d’isolement. Elles peuvent se trouver dans les quartiers disciplinaires ou dans des quartiers où s’applique un régime d’isolement. Le régime d’isolement implique un emploi du temps spécifique pour l’accès au téléphone, aux douches, à l’exercice hors cellule, etc.
Les personnes détenues souffrant de troubles psychiques peuvent être placées à l’isolement en attente d’un transfert vers un hôpital psychiatrique. Elles sont placées sous procédure de surveillance anti-suicide. En 2017, 8 % des personnes détenues attendant ce type de transfert étaient concernées.2 Le CPT recommande que, dans les cas où le transfert ne peut être immédiat, la personne détenue soit placée dans l’unité de soins de l’établissement.3
ministère de la Justice, circulaire PSO 1700 sur l’isolement (en anglais) ↩
Service national de santé d’Angleterre (NHS), Analysis of NHS England Specialised Commissioning and Health & Justice, and Her Majesty’s Prison and Probation Services audits, mai 2018, p. 18. (en anglais) ↩
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), Rapport au gouvernement du Royaume-Uni relatif à la visite effectuée du 13 au 23 mai 2019, avril 2020, p. 49. (en anglais) ↩
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Les personnes détenues de la prison de Manchester ne peuvent plus sortir de leur cellule. Les visites sont interrompues. Les détenus rapportent également ne pas avoir accès aux douches ou aux activités sportives depuis plusieurs jours. Un repas par jour est apporté aux détenus en cellule par le personnel. Le ministère de la Justice confirme que ce confinement est une conséquence d’une opération de renseignement ayant pour but de lutter contre un réseau de contrebande.
La peine à perpétuité est proscrite
La peine de sûreté (Imprisonment for Public Protection, IPP régit par le Criminal Justice Act 2003) permettait un emprisonnement indéfini si le tribunal estimait le condamné dangereux pour la collectivité. Son abolition en 2012 n’a pas d’effet rétroactif. Le nombre des personnes exécutant encore une IPP est, en septembre 2018, de 2 598. Ce nombre baisse de près de 20% sur les années précédentes. Dirk van Zyl Smit et Catherine Appleton, spécialistes du sujet, considèrent l’IPP comme une peine à perpétuité officieuse.1
Les peines d’IPP sont remplacées par des peines prolongées d’une durée maximale de huit ans. Le juge les prononce à l’encontre des personnes détenues de plus de 18 ans représentant “un danger significatif pour le public”.
Prison Reform Trust, Bromley Briefings Prison Factfile, automne 2018, p. 9. ↩
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Le Justice Committee demande au gouvernement de recondamner les personnes effectuant des peines de sûreté (Imprisonment for Public Prosecution, IPP) pour modifier leur condamnation. Le comité publie un rapport sur le sujet où il constate que les IPP causent un préjudice important aux personnes qui y sont condamnées du fait de l’absence de date de fin de peine. Il plaide pour la création d’un plan d’action prenant en charge les personnes effectuant une IPP, notamment grâce à une collaboration avec la haute magistrature pour mettre en œuvre les nouvelles condamnations.
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Les peines d’emprisonnement à durée indéterminée (peine de sûreté et peine de perpétuité) touchent 16 % de la population carcérale. C’est une augmentation de 9 % depuis 1993.
La loi prévoit un dispositif d’aménagement de peine
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Le ministère de la Justice annonce une réforme du système de libération conditionnelle ayant pour but de “remettre l’accent sur la protection du public”. Un contrôle du ministère de la Justice est ajouté pour les auteurs des infractions les plus graves. Les victimes peuvent maintenant assister et poser des questions aux audiences où sont décidées l’accord de la liberté conditionnelle. Les victimes, les médias et les personnes détenues peuvent demander à rendre ces audiences publiques. Les critères pour bénéficier de la liberté conditionnelle changent. Des agents chargés de l’application de la loi font désormais partie des conseils décidant de la libération conditionnelle (Parole Boards). Le personnel pénitentiaire suivant le détenu demandant une libération conditionnelle ne siège plus dans ce conseil. Le Syndicat national des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (National Association of Probation Officers, Napo) désapprouve fortement ces changements. Le directeur du conseil de la libération conditionnelle (Parole Board Chief) estime que ces nouvelles règles peuvent induire un manque de clarté dans les décisions prises.
L’ONG Prison Reform Trust affirme que les changements liés à la réforme donnent un droit de veto au ministère de la Justice sur l’accès à la libération conditionnelle des personnes détenues. Elle explique que ces choix ne sont pas dénués d’influence politique. Elle publie ses échanges avec le ministère de la Justice pour appuyer ses propos.
Ses rapports sont rendus publics
Les rapports des visites périodiques et ad hoc sont disponibles sur le site internet du CPT.
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Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants effectue une visite du 8 au 21 juin 2021. Il publie le rapport de sa visite qui inclut la réponse des autorités britanniques. Il remarque que la violence reste très répandue dans l’ensemble des établissements pour hommes visités. Le CPT note qu’une grande partie du personnel au contact des détenus a moins de deux ans d’expérience.
Toutes les personnes détenues passent au moins une heure par jour en plein air
Le temps passé en plein air varie d’un établissement à l’autre. Il est souvent d’une trentaine de minutes alors que la règle prévoit une heure (Règle pénitentiaire 30). L’administration invoque les conditions météorologiques et les nécessités de l’ordre et de la discipline pour en limiter la durée.1
L’Inspection des établissements pénitentiaires fait le constat de cette durée limitée. Elle déplore que les détenus aient à choisir entre cet exercice et d’autres nécessités (douche, appel téléphonique…). Elle remarque l’austérité, la saleté et le peu d’attractivité des cours de promenade. 2
Prison Reform Trust Regime and time out of cell, “Régime de détention et temps hors cellule (en anglais) ↩
Inspecteur en chef des établissements pénitentiaires, “Rapport annuel 2017-18”, juillet 2018, p. 39 (en anglais). ↩
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L’inspecteur en chef des établissements pénitentiaires (HM Chief Inspector of Prisons) publie son rapport annuel pour la période du 1er avril 2021 au 31 mars 2022. L’inspecteur est frappé par la durée journalière que les personnes détenues passent en cellule. La plupart d’entre eux ne peuvent sortir que 30 minutes par jour de leur cellule. Il note que les restrictions liées à la crise sanitaire perdurent en prison lorsqu’elles sont levées en dehors.
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Les détenus de la prison pour hommes de Strangeways, catégorie A, à Manchester, sont confinés dans leur cellule du lundi 6 au vendredi 10 juin. Ils informent leur famille qu’ils ne peuvent sortir de leur cellule, faire du sport ou se laver. La nourriture est déposée à leur porte. Les visites sont suspendues. Ils peuvent néanmoins contacter leurs proches au moyen d’un téléphone en cellule. Certains témoignent que le confinement dure plus de quatre jours et que de nombreuses cellules sont fouillées. L’administration pénitentiaire justifie ce confinement par des travaux au sein de la prison. Le ministère de la Justice affirme par la suite qu’il s’agit d’une opération pour démanteler un réseau de contrebande.
Évolution de la capacité d'accueil des établissements
diminution de 1,2 %
La capacité d’accueil des établissements était, au 31 décembre 2017, de 75 545 places.
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Le projet d’extension, soumis par le ministère de la Justice, de la prison pour hommes de Ford est approuvé. Deux ailes supplémentaires permettront d’accueillir 120 détenus ainsi que 80 places de parking. Un bâtiment de la prison déjà existant sera détruit pour permettre la construction.
Évolution du nombre de personnes incarcérées
diminution de 2,56 %
par rapport à l’année précédente
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Le ministère de la Justice prévoit que la population carcérale augmente jusqu’à 98 500 en 2026, soit une augmentation d’environ 22,5 %. Cette évolution serait expliquée par le recours à de plus longues peines, la création de 20 000 places supplémentaires en détention et le recrutement de 20 000 officiers de police.
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La population carcérale augmente, au cours des 30 dernières années, de 70 %. L’Angleterre et le pays de Galles possèdent le deuxième taux d’emprisonnement le plus élevé d’Europe de l’Ouest. Le recours aux courtes peines de prison pour des crimes non-violents est fréquent. Des analyses soulignent pourtant leur inefficacité dans la réduction du taux de récidive.
L’échange de courrier est autorisé
oui, sous conditions
La correspondance avec une personne ou un organisme peut être, à la discrétion du directeur de l’établissement, interdite (au titre de la Règle pénitentiaire 34). Une telle interdiction est possible s’il existe une “raison de croire que la personne ou l’organisme concerné prévoit ou mène des activités représentant une véritable menace pour la sécurité ou le bon ordre de l’établissement ou d’autres établissements”.1
Le nombre d’envois autorisés dépend du type de lettre :
- statutory letter : le nombre hebdomadaire de ces lettres est fixe et celles-ci ne peuvent être interdites à titre de sanction. Les frais d’envoi sont à la charge de l’État.
- priviledged letter : correspondance confidentielle entre une personne détenue et son avocat, un magistrat ou toute autre personne ou organisme autorisé
- special letter : lettres supplémentaires dont l’envoi est permis dans un certain nombre de circonstances particulières
Le nombre d’envois dépend également du statut du prisonnier, condamné ou non. Se référer à la circulaire PSI 49/2011 pour plus de détails.
ministère de la Justice, circulaire PSI 49/2011 sur les communications des personnes détenues, p. 8. ↩
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La prison pour hommes de catégorie C The Mount, à Hertfordshire, ne devait recevoir que des cartes ou photographies de la part des familles envoyées via des prestataires préalablement approuvés par l’administration. Cette décision devait être effective à partir du 20 juin et faisait suite à un nombre de cartes imprégnées dans le “Spice” (aussi appelée “drogue du zombie”). Le gouverneur Paul Crossey publie une lettre sur le compte officiel Twitter de l’établissement informant les familles des instructions à suivre pour envoyer leurs lettres. Il justifi cette mesure par l’inquiétude grandissante de “la menace présentée par les substances psychoactives”. Les familles dénoncent cette pratique “cruelle” et appellent la prison de Mount à reconsidérer sa décision. Le tweet du gouverneur a depuis été retiré et aucun changement ne sera finalement opéré, affirme le ministère de la Justice.
Toutes les personnes détenues ont accès à l'enseignement
Les formations proposées incluent habituellement des cours de mathématiques, de lecture, d’anglais, de commerce et un enseignement artistique.
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Le Comité d’éducation de la Chambre des communes1 publie un rapport qui insiste sur l’importance de l’éducation au cœur des prisons. Il déplore la réduction du taux de participation aux activités éducatives, soit une chute de 90 % entre 2010/11 et 2017/18. Ce rapport considère que le système “fissuré, chaotique et maladroit ne valorise pas l’éducation comme clef de la réhabilitation”. Parmi ses recommandations au ministère de la Justice, le comité préconise l’utilisation d’ordinateurs portables pour les personnes détenues qui poursuivent des études. Le but de cette mesure est de trouver une solution au fossé numérique qui sépare la population générale et carcérale, impactant la capacité des détenus à se réinsérer. Le rapport souligne également que plus de 30 % des détenus présentent des troubles de l’apprentissage. Seulement 25 éducateurs spécialisés (SENCo) sont disponibles pour toutes les prisons publiques, soit 1 éducateur pour quatre établissements. Le Comité recommande l’adoption de passeports éducatifs digitaux qui permettraient d’accéder aux registres des détenus afin de mieux comprendre leurs besoins individuels et ainsi adapter leur stratégie éducative.
Le Parlement du Royaume-Uni est constitué de deux Chambres : la Chambres des communes (en anglais House of Commons), composée de députés et qui adopte des projets de lois, et la Chambre des lords (en anglais House of Lords), composée par des lords nommés par la reine. ↩
Évolution du nombre de personnes en détention provisoire
augmentation
Le nombre de personnes en détention provisoire passe de 9 145 en janvier 2020 à 12 780 en décembre 2021, soit une augmentation de 39 %.
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Le taux de personnes détenues en attente d’un procès est à son maximum depuis 2010. Celles-ci comptent pour 16 % de la population carcérale totale.
L’accouchement a lieu
dans un établissement de soins extérieur
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Une femme détenue de 31 ans donne naissance, en juin 2020, à un enfant mort-né dans les toilettes de la prison de Styal (Cheshire). Elle alerte un surveillant de crampes “atroces“ au ventre. L’infirmière de garde ne donne pas suite aux trois appels du surveillant. Elle estime qu’il s’agit de règles douloureuses, sans soupçonner un déni de grossesse. La jeune femme accouche, assistée par des agents.
Cet exemple figure dans un rapport portant sur des cas de négligence à l’égard des femmes enceintes. Celui-ci recommande une meilleure formation du personnel à la détection et à l’accompagnement des grossesses. Il préconise la réalisation de tests de grossesse à différents stades de l’incarcération.
Évolution du nombre de mineurs incarcérés
diminution de 3 %
866 mineurs étaient incarcérés au 31 décembre 2017.
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Le nombre de personnes mineures incarcérées baisse, depuis 2010, de plus de 75 %. Environ un tiers sont en détention provisoire.
Évolution du taux d'incarcération
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La population carcérale augmente, au cours des 30 dernières années, de 70 %. L’Angleterre et le pays de Galles possèdent le deuxième taux d’emprisonnement le plus élevé d’Europe de l’Ouest. Le recours aux courtes peines de prison pour des crimes non-violents est fréquent. Des analyses soulignent pourtant leur inefficacité dans la réduction du taux de récidive.
Évolution du nombre de décès
augmentation de 10 %
par rapport à l’année précédente
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Le taux de mortalité des personnes détenues est en hausse, depuis 2011, après une diminution partielle en 2021. Cette augmentation touche principalement les hommes.
Nombre de décès en détention
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La prison de Littlehey dénombre, au 1er janvier, huit détenus morts de la Covid-19. Ce bilan en fait la prison la plus touchée par l’épidémie. Elle est suivie de près par les prisons de Wakefield et Whatton. Ces trois établissements comptent une proportion importante de détenus âgés. Les prisons d’Angleterre et du pays de Galles ont enregistré, depuis le début de l’année, 177 décès parmi les personnes détenues.