< image © Valentin Lombardi.
Les filles et les femmes sont toujours plus nombreuses à être emprisonnées. Leur nombre augmente, entre 2000 et 2022, de près de 60 %, contre 22 % pour la population carcérale masculine, bien qu’elles restent globalement minoritaires. L’augmentation est particulièrement marquée en Amérique Latine, en Asie et en Océanie. La criminalisation des femmes traverse les frontières et révèle des disparités marquées dans les traitements judiciaires.
Les politiques de tolérance zéro à l’égard des délits mineurs expliquent en grande partie cette hausse. Elles visent souvent des femmes contraintes par des situations de vulnérabilité, de précarité ou de violence. Celles-ci sont fréquemment emprisonnées pour des infractions non violentes liées à des questions de survie, à la protection de leur famille, à des pressions économiques ou encore en raison de comportements jugés inacceptables pour leur genre.
Les systèmes judiciaires, longtemps conçus par et pour les hommes, peinent à prendre en compte d’autres trajectoires que les leurs. Ils appliquent des peines conçues sans égard aux réalités de genre et au rôle que tiennent les femmes dans leur communauté. Quelle sont les logiques punitives à l’œuvre et comment s’organise la lutte contre celles-ci ?
Prison Insider explore les rouages de systèmes où des actes sans gravité deviennent motifs d’inculpation et criminalisent des centaines de milliers de femmes à travers le monde. L’article part à la rencontre d’associations et collectifs qui œuvrent à transformer les systèmes politiques et judiciaires défaillants.
— Cet article fait partie de la série Pris dans la spirale et est réalisé avec le soutien d’Open Society Foundations, de l’Agence française de développement et de la Ville de Lyon.
La marginalisation économique peut conduire les femmes à se tourner vers des moyens de subsistances illégaux.
Les premières cibles sont les personnes dans des situations de grande précarité et marginalité.
L’existence même des femmes peut être érigée en infraction.
Les traces de la colonisation sont visibles dans la surreprésentation des femmes autochtones en prison.
Le système judiciaire ne s’affranchit pas des stéréotypes de genre, bien au contraire.
Des organisations se rassemblent pour lutter contre les systèmes de justice défaillants et discriminatoires.
Contributions
Prison Insider promeut une approche collaborative de l’information : cet article croise les regards, sans prétendre à l’exhaustivité. Ils et elles ont contribué à ce travail :
Wenceslas Assouhou (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, Côte d’Ivoire), Fatna el Bouih (Relais Prison Société, Maroc), Claudia Cardona (Mujeres Libres, Colombie), Marine Fourié (Futur au Présent, Sénégal), Ruth Gagnon (Société Elizabeth Fry du Québec, Canada), Anne-Céline Genevois (Société Elizabeth Fry du Québec, Canada), Kiné Gueye (Futur au Présent, Sénégal), Paul Kouadio (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, Côte d’Ivoire), Sabrina Mahtani (Women Beyond Walls), Ibrahima Niabaly (Futur au Présent, Sénégal), Alejandra Ramos Lezama (Equis-Justicia para la Mujeres, Mexique), Ashling Tobin (Irish Penal Reform Trust, Irlande), Cyndy Wylde (chercheuse à l’Université d’Ottawa, Canada), Amaranta Viridiana (Equis-Justicia para la Mujeres, Mexique).