Afrique du Sud
Capitale — Pretoria
Dernières mises à jour
L’administration délègue à des prestataires privés tout ou partie de la gestion des établissements
oui
Un contrat avec un tiers peut être conclu pour la conception, le financement et l’exploitation de tout ou partie d’un établissement pénitentiaire. La durée de contrat d’un partenariat public-privé (PPP) est de 25 ans maximum. Le prestataire doit nommer un chef d’établissement dans chaque établissement en PPP. Ce chef d’établissement (Director) a les mêmes prérogatives, devoirs et fonctions qu’un chef d’établissement administré par l’État (Governor, loi 111 de 1998 sur les services pénitentiaires, articles 103-105, en anglais).
Un Contrôleur de l’administration est nommé dans le cadre de chaque contrat et doit superviser l’administration quotidienne du PPP (article 106).
Il existe deux établissements en PPP. Les deux sont classés comme établissements de sécurité maximale :
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la prison de Mangaung a une capacité de 2 928 personnes. Ouverte en 2001, elle est administrée par G4S. Le détail du contrat entre l’administration pénitentiaire et G4S n’est pas rendu public.1 Une centaine de personnes détenues dans cet établissement dénoncent, en octobre 2023, des morts suspectes, des cas de torture de la part de membres de la sécurité et un manque de soins médicaux, de formations professionnelles, et d’accès à l’éducation. Le porte-parole de l’administration pénitentiaire déclare qu’une enquête est en cours. Les personnes concernées se plaignent auprès du JICS, en novembre 2023, d’être persécutées par le personnel de surveillance.
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la prison de Kutama-Sinthumule (Makhado) a une capacité de 3 024 personnes.2 Ouverte en 2002, elle est administrée par la coentreprise South African Custodial Services (SACS) détenue par Kensani Corrections et le Groupe GEO. Une cinquantaine de personnes détenues dans cet établissement, dénoncent, le 27 juillet 2023, des dysfonctionnements du système de santé et des cas de torture, d’agressions et de viols. Les personnes concernées auraient été, peu après, la cible de vengeance de la part de la direction de la prison.
La prison de Mangaung est adjacente à la prison de sécurité maximale de Grootvlei, la plus surpeuplée de la région. Les places disponibles à Mangaung entraînent le transfert immédiat de personnes détenues de Grootvlei.
La prison de Mangaung est, selon l’Inspection judiciaire des services pénitentiaires (JICS), “un foyer de prisonniers dangereux et peu coopératifs”. Les personnes détenues appartenant à un gang ou impliquées dans des mutineries et des attaques au couteau y sont souvent transférées.3
La police (SAPS) informe, en octobre 2022, l’administration pénitentiaire de l’évasion d’un prisonnier de Mangaung en mai 2022. Des documents fournis par G4S montrent qu’un incendie a été organisé dans sa cellule avec la complicité d’employés pénitentiaires (custody officials)4 pour faire croire à sa mort et faciliter son évasion. Le JICS rapporte des retards dans l’enquête, notamment un délai de transmission très long et une autopsie et des tests ADN réalisés tardivement sur le corps retrouvé en cellule. Cet incident sème le doute quant à la capacité de G4S à gérer correctement l’établissement.
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, Rapport annuel 2021-2022, p. 32-34 (en anglais). ↩
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, “Ticking Time Bomb” (“Une bombe à retardement”), juillet 2021, pp. 5, 13-16 (en anglais). ↩
Ibid. ↩
Les employés des prestataires à un PPP ou de leurs sous-traitants dans un établissement en PPP sont appelés custody officials (employé pénitentiaire). Un correctional official (agent pénitentiaire) est employé directement par l’administration pénitentiaire. ↩
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Des responsables de la prison de Mangaung seraient impliqués dans des actes de corruption, d’empoisonnement, d’extorsion et dans l’organisation d’un réseau sexuel impliquant des personnes détenues et des surveillants. Le Syndicat des droits civils de la police et des prisons (Police and Prisons Civil Rights Union, POPCRU) condamne la mauvaise gestion de la prison par G4S. Il s’alarme aussi de récents licenciements et démissions de personnels et rapporte des tentatives d’intimidation du personnel.
G4S indique que ces démissions ne sont pas inhabituelles et sont dues à des départs à la retraite, des problèmes de santé ou des changements de carrière.
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Le Syndicat des personnels policiers et pénitentiaires (Police and Prisons Civil Rights Union, POPCRU) déclare que les prisons gérées par des prestataires privés ne sont pas plus rentables, innovantes ou efficaces en termes de limite de la récidive. Le syndicat demande à l’administration pénitentiaire d’accélérer le processus de résiliation de ses contrats avec des prestataires privés. Le syndicat exprime son inquiétude autour des blocages ralentissant la résiliation du contrat de Bloemfontein Correctional Contracts (BCC) pour la gestion de la prison de Mangaung.
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Le ministre de la Justice et des services pénitentiaires affirme que la vague de suspensions et de démissions à la prison de Mangaung n’aura pas d’impact sur le fonctionnement de la prison. Sept membres du personnel employés par G4S démissionnent et cinq autres sont suspendus, suite à la découverte de cas de corruption, d’empoisonnement, d’extorsion et l’organisation d’un réseau d’exploitation sexuelle impliquant des personnes détenues et des surveillants. Le ministre indique que G4S est en capacité de remplacer le personnel manquant dans un délai d’un mois.
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La Haute Cour d’Afrique du Sud ordonne à G4S, le 17 avril 2024, de ne pas participer à la procédure judiciaire liée à la résiliation du contrat entre Bloemfontein Correctional Contracts (BCC) et l’administration pénitentiaire pour la gestion de la prison de Mangaung. G4S dépose une demande pour faire appel de la décision.
La résiliation du contrat est ralentie, depuis mai 2023, par un litige entre BCC et l’administration pénitentiaire. Le DCS doit reprendre la gestion des opérations de la prison de Mangaung à l’issue du processus de résiliation du contrat.
Les détenus disposent du droit de vote
oui
Les prisonniers majeurs peuvent voter aux élections nationales et provinciales (loi électorale 73 de 1998, article 24B, en anglais). Des bureaux de vote mobiles peuvent être installés (article 65.1A). Les personnes détenues ne peuvent pas voter aux élections municipales. La Commission électorale indépendante est chargée de se rendre dans les centres pénitentiaires afin d’inscrire les prisonniers sur les listes électorales. Cette procédure nécessite un document d’identité.1
Lukas Muntingh, guide des droits des personnes détenues tels que décrits dans les lois et règlements des services pénitentiaires, 2017, p. 56 (en anglais). ↩
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À l’approche des élections générales de mai 2024, les personnes détenues sont appelées à s’inscrire auprès de la Commission électorale indépendante (Independent Electoral Commission, IEC) entre le 30 janvier et le 1er février 2024. Le secrétariat d’État aux Services pénitentiaires (DCS)’administration pénitentiaire, en collaboration avec l’IEC, se charge de récupérer les documents d’identité des personnes détenues auprès de leurs familles afin de procéder à l’inscription.
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Le ministre de la Justice et des services pénitentiaires rapporte, le 29 mai, que 17 129 personnes détenues sont inscrites pour voter aux élections générales.
Les violences entre personnes détenues font l'objet d'une enquête
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L’administration pénitentiaire est tenue d’ouvrir une enquête interne. Ces enquêtes ne sont, dans de nombreux cas, pas ouvertes, ou fermées trop rapidement, sans prononcé de sanction disciplinaire à l’encontre des auteurs.1
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, Rapport annuel 2021-2022, p. 70 (en anglais). ↩
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Quatorze personnes en détention provisoire sont attaquées, le 16 février 2023, à la prison de Westville, avec des débris de verre. Des personnes condamnées seraient à l’origine de l’attaque. L’administration pénitentiaire ouvre une enquête.
Les personnes détenues ont accès à des ordinateurs
dans quelques établissements
L’accès à un ordinateur n’est pas toujours garanti, car les postes sont en nombre limité et le temps alloué est insuffisant. Cette situation affecte particulièrement les prisonniers qui suivent des cours d’enseignement supérieur à distance.1
Ceux inscrits en tant qu’étudiants sont autorisés à posséder un ordinateur personnel. Toutefois, cette disposition n’est pas respectée et a été contestée devant les tribunaux, notamment dans les affaires Hennie et autres c. ministre des Services pénitentiaires (2015), Pretorius et autres c. ministre des Services pénitentiaires (2018) et Ntuli c. ministre de la Justice et des Services pénitentiaires (2023). Les tribunaux ont statué en faveur du droit des personnes détenues à utiliser des ordinateurs personnels.1
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, Rapport annuel 2021-2022, p. 52 (en anglais). ↩ ↩
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L’administration pénitentiaire souhaite faire appel de la décision de la Cour suprême de novembre 2023 autorisant tout étudiant inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur en Afrique du Sud à utiliser un ordinateur sans modem dans sa cellule. La Cour constitutionnelle suspend, en attendant de se prononcer sur l’autorisation de la demande d’appel, l’utilisation d’ordinateurs personnels en cellule.
Les douches se situent en cellule/dortoir
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Les installations sanitaires doivent être accessibles à tout moment et comprendre un point d’eau chaude et d’eau froide, à des fins d’hygiène. Ces installations doivent être séparées, dans les cellules communes, par des cloisons (Règles pénitentiaires, règle 3.2, en anglais).
L’eau chaude n’est, dans les faits, pas toujours accessible.12 Les personnes détenues doivent parfois utiliser des bouilloires, ce qui pose un risque de sécurité.2 Les personnes détenues rapportent au JICS, lors d’une visite au centre de détention de très haute sécurité d’Ebongweni en mai 2021, que certaines sections n’ont pas d’eau pour les douches. La plomberie de l’infirmerie ne fonctionne pas correctement.3
Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, au Commonwealth et au Développement, Lignes directrices, Afrique du Sud, kit du prisonnier, p. 11 (en anglais). ↩
Commission sud-africaine des droits humains, Mécanisme national de prévention, rapport annuel 2019-2020, pp. 8, 34 (en anglais). ↩ ↩
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, “La fibre morale introuvable : visite inopinée au centre de détention d’Ebongweni Super-Maximum, 11-12 mai 2021, p. 33 (en anglais). ↩
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Deux hommes détenus à la prison de Kgoši Mampuru rapportent, le 11 juin, à la Haute Cour de Pretoria, ne pas avoir accès à de l’eau chaude pour se laver depuis le début de la saison hivernale.
Nombre de postes de surveillants (ETP)
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Le ministre de la Justice et des services pénitentiaires rapporte, le 5 avril 2024, que 42 membres du personnel pénitentiaire sont impliqués, entre le 1er janvier 2023 et le 31 janvier 2024, dans des affaires de judiciaires. Les accusations vont de la contrebande de drogues à l’usage présumé d’une force excessive à l’encontre d’une personne détenue. L’administration pénitentiaire mène des enquêtes internes et soumet le personnel concerné à des audiences disciplinaires. Neuf personnes sont licenciées. Certaines démissionnent avant la fin de la procédure d’enquête.
L'administration consigne les incidents
Le recours à la force, aux armes non létales, aux armes à feu et à tout autre dispositif doit être enregistré (Loi 111 de 1998 sur les services pénitentiaires, article 35, en anglais).
Les institutions et les organisations de la société civile restent dubitatives quant à la fiabilité de la tenue des registres. Le JICS relève plusieurs contradictions entre ces registres et les incidents qui lui sont rapportés par les personnes détenues.1
Inspection judiciaire des services pénitentiaires, “La fibre morale introuvable : visite inopinée au centre de détention d’Ebongweni Super-Maximum, 11-12 mai 2021, p. 23 (en anglais). ↩
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Un incendie détruit, le 25 avril, deux unités de vie et en endommage quatre autres à la prison Kgosi Mampuru II. La cause de l’incendie reste inconnue. Il se serait déclaré dans l’une des unités avant de se propager rapidement, en l’absence de cloisons pare-feu. 26 personnes détenues sont affectées par cet incendie et déplacées.