France
Capitale — Paris
Dernières mises à jour
L’échange de courrier est soumis à un contrôle
L’échange de courrier est sous la responsabilité du vaguemestre, l’agent habilité à son traitement. Le courrier des personnes prévenues, à l’envoi ou à la réception, est lu par le juge d’instruction. L’établissement peut retenir le courrier en cas d’atteinte à la sécurité. Peu de données sont disponibles sur la prégnance du contrôle.
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Un détenu de Alençon-Condé-sur-Sarthe saisi le tribunal administratif de Caen suite à la décision de direction de l’établissement de retenir un courrier que lui avait adressé l’Observatoire international des prisons (OIP) section française en février 2021. Le tribunal annule, le 14 novembre 2022, la décision de la direction. Il rappelle que, si les courriers peuvent être ouverts et lus, leur saisie par l’administration pénitentiaire ne peut intervenir que de façon strictement limitée et justifiée.
Les personnes détenues peuvent acheter des produits alimentaires
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Le changement de prestataire privé en charge des cantines fait exploser le prix de certains produits dans des prisons de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le prix du café, par exemple, affiche une augmentation de 255 %.
L’eau potable est accessible, sans frais, partout où résident les personnes détenues
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Des détenus du quartier de semi-liberté de Rennes alertent, le 11 décembre 2022, d’une coupure d’eau dans leurs bâtiments depuis plus d’un mois : “Nous n’avons plus d’accès à l’eau courante, nous n’avons plus de douche, plus de chasse d’eau, ni de moyen de faire la vaisselle”, affirment-ils. Les autorités font état de problèmes de bactérie qui infesteraient les canalisations internes. La consommation de l’eau ou son utilisation pour les douches sont interdites par mesure de précaution, explique Ouest-France. L’interdiction touche également la maison d’arrêt des femmes et le quartier dédié à la prise en charge de la radicalisation.
L’encellulement est individuel
dans la plupart des établissements
L’encellulement individuel est généralement respecté dans les établissements pour peine, à l’exception de ceux d’Outre-mer. Il ne l’est pas dans les maisons d’arrêts. Celles-ci accueillent la majorité de la population carcérale.
La loi prévoit un droit à l’encellulement individuel depuis 1875, réaffirmé en 2000. Les moratoires se succèdent dans l’attente d’une impossible adéquation entre le nombre des personnes détenues et le nombre de places. Trois personnes peuvent occuper une cellule d’une place, quatre personnes une cellule de deux places. Les nouveaux établissements, censés garantir un encellulement individuel, ne le font pas.
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L’Assemblée nationale adopte, le 27 octobre 2022, un amendement repoussant de cinq années supplémentaires la possibilité de déroger au principe de l’encellulement individuel. Ce moratoire, qui courait jusqu’au 31 décembre 2022, devrait être prolongé jusqu’au 31 décembre 2027.
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Une commission d’enquête parlementaire rapporte que seule 43 % de la population carcérale bénéficie de l’encellulement individuel. La députée Caroline Abadie (LREM) propose d’abandonner ce principe inscrit dans la loi depuis 1875. Elle estime que “le problème n’est pas qu’il y ait deux détenus dans une cellule, c’est d’en mettre deux dans une cellule prévue pour un”. Selon elle, le respect de la dignité pendant l’emprisonnement, et non l’encellulement individuel, devrait être la priorité. L’OIP, citant l’ancien sénateur Jean-René Lecerf, rappelle que “[la] simple existence [du principe de l’encellulement individuel] permet de limiter un certain nombre d’abus” et que la dignité exige justement le maintien du principe.
Des politiques de prévention du suicide sont mises en œuvre
oui
Les politiques de prévention du suicide se succèdent mais ne parviennent pas à faire diminuer leur nombre de manière significative.
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L’État est condamné, en novembre 2022, à verser 100 000 euros à la famille d’une détenue qui s’est suicidée à la maison d’arrêt de Caen. Le tribunal administratif de Caen considère que l’administration pénitentiaire n’a pas pris les mesures “que l’on pouvait raisonnablement attendre” pour empêcher le suicide de cette prisonnière aux forts troubles psychiques.
Les recommandations du MNP sont suivies d'effet
dans quelques cas
Il apparaît que les recommandations locales, adressées aux chefs d’établissements, sont fréquemment prises en compte. Certaines recommandations, plus globales, demeurent sans effet comme celle de pratiquer les examens médicaux hors la présence de personnels par respect du secret médical et de la dignité de la personne ou celle de ne pas faire usage de moyens de contraintes lors de ces examens. Il est signalé un retour aux fouilles systématiques au mépris des consignes. La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) publie au Journal officiel, le 13 juillet 2021, des recommandations en urgence pour l’établissement de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne). Ces recommandations ne sont pas suivies d’effet. Le tribunal administratif de Toulouse enjoint le ministre de la Santé, le Garde des Sceaux et le préfet de la Haute-Garonne, le 4 octobre 2021, de réaliser onze mesures urgentes destinées à améliorer les conditions de détention.
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Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise estime, le 2 décembre 2022, que les conditions de détention à la maison d’arrêt de Nanterre méconnaissent gravement les droits fondamentaux des personnes incarcérées. Il ordonne à l’administration de mettre en œuvre des mesures urgentes pour améliorer la situation.
“En 2016, à la suite de sa visite de la maison d’arrêt, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait dénoncé l’importante surpopulation qui affectait l’établissement, les conditions matérielles de détention ‘fortement dégradées’, le manque de personnel, ainsi qu’un climat de violence particulièrement préoccupant”, rappelle l’Observatoire international des prisons section française. -
L’OIP-SF et Ordre des avocats de Toulouse saisissent le juge des référés en juillet 2022 pour dénoncer les conditions de détention à la prison de Seysses. Le jugement du 2 août 2022 du juge des référés du tribunal administratif de Toulouse enjoint l’administration d’améliorer les conditions de détention. Il demande la remise en état des sanitaires, la distribution bimensuelle de pièges à cafards, et la mise en place d’un protocole de prise en charge des urgences médicales. Ces mesures font partie de celles énoncées dans la décision du 4 octobre 2021. Une des avocates de l’OIP-SF regrette que le juge ne pose pas de conditions relatives à l’avancée des travaux.
Le pays a été condamné par une juridiction internationale en raison de sa surpopulation carcérale
oui
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France à 17 reprises en raisons de conditions de détention violant l’article 3 de la Convention européenne de la torture qui prohibe la torture ou les traitements inhumains ou dégradants.
Elle condamne à nouveau la France, le 30 janvier 2020, dans un arrêt jugé “historique” par les observateurs. Elle conclut à la violation de l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) du fait des conditions de détention. La Cour enjoint les autorités françaises à “mettre fin au problème de la surpopulation dans les prisons et aux conditions de détention dégradantes” (communiqué de presse accessible ici. Elle pointe un “problème structurel” et formule des recommandations pour y mettre un terme.
Plusieurs recours avaient été déposés, entre 2015 et 2018, par 32 personnes détenues dans les établissements de Baie-Mahault (Guadeloupe), Ducos (Martinique), Fresnes, Nice, Nîmes, et Fa’aa Nuutania (Polynésie). La CEDH rend un arrêt commun “pour en augmenter la portée” et condamne la France à indemniser les plaignants pour le préjudice subi. L’amende s’élève à plus de 500 000 euros.
La loi “tendant à garantir le droit au respect et à la dignité en détention”, promulguée le 8 avril 2021, vise à répondre à la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en janvier 2020. Elle introduit le recours à un juge judiciaire pour tous les détenus, prévenus et condamnés, afin de faire cesser des conditions de détention indignes. Le juge saisi, s’il estime la requête fondée, peut alors enjoindre l’administration pénitentiaire à résoudre la situation en moins d’un mois, par divers moyens, y compris un changement d’établissement. Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, salue un “dispositif clair, lisible et efficace” qui “répond aux exigences d’humanité et de dignité qui doivent accompagner toute mesure privative de liberté”. Ce texte n’entend pas être un outil de régulation de la population carcérale. Certains regrettent son manque de portée et rappellent la surpopulation “structurelle“ pointée par la CEDH. Un député de l’Union des démocrates et indépendants (UDi) fustige que ce dispositif repose essentiellement sur les transferts : “Passer d’un établissement surpeuplé à un autre établissement surpeuplé est-il une amélioration ?“
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Les délégués des États s’alarment de l’évolution de la situation des prisons au vu du record historique de 72 809 personnes incarcérées, trois ans après la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2020. Le gouvernement est désormais appelé à agir dans le sens des recommandations européennes et à rendre compte des mesures qu’il aura prises d’ici décembre 2023.
La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements
oui
Cette surpopulation se concentre essentiellement dans les maisons d’arrêt où sont incarcérés les prévenus et les personnes condamnées à de courtes peines. Elle affecte davantage les établissements d’Outre-mer.
Voir la carte
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La maison d’arrêt de Laval est la plus surpeuplée du Grand Ouest. Selon les chiffres officiels publiés sur le site du ministère de la Justice, l’établissement compte 106 détenus pour 56 places, soit un taux d’occupation supérieur à 189 %.
Taux d'occupation
114 %
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Cinquante-sept prisons françaises affichent un taux d’occupation supérieur à 150 %. Ce taux dépasse même 200 % dans trois établissements : 220 % à Carcassonne, 215 % à Nîmes et près de 208 % à Bordeaux-Gradignan.
Évolution du nombre de personnes incarcérées
augmentation
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Le 1er décembre 2022, 72 836 personnes sont incarcérées en France pour 60 698 places opérationnelles. Il s’agit d’un record historique.
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Le nombre de personnes détenues dépasse pour la première fois le seuil des 72 000. Au 1er juillet 2022, 72 067 personnes sont détenues selon les statistiques publiées par le ministère de la Justice.
L'administration pénitentiaire propose des activités aux personnes détenues
oui
Les personnes détenues peuvent participer à des activités dont l’offre varie d’un établissement à l’autre. Elles sont tenues, depuis 2009, d’en exercer au moins une.
Les activités proposées sont nombreuses mais ne couvrent pas les besoins. Elles accueillent, en général, une dizaine de personnes au maximum. L’administration pénitentiaire estime, en moyenne et toutes activités confondues (hors promenade), à 1h30 le temps d’activité proposé par jour et par personne détenue. Les critères d’inscription restent opaques et soumis à l’autorisation de l’administration. Des contraintes pratiques (manque de salles, limitation des budgets, mauvaise diffusion de l’information) empêchent parfois les activités de se tenir.
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Une compétition à but caritatif inspirée du jeu télévisé Koh-Lanta est organisée au sein de l’établissement de Fresnes le 27 juillet. L’événement est couvert par des journalistes. Une vidéo de l’événement est diffusée quelques semaines plus tard où l’on voit notamment plusieurs détenus faire du karting. Ces images créent une forte polémique sur la question des activités proposées aux détenus pour les accompagner dans leur réinsertion. Plusieurs responsables politiques prennent la parole. Les propos du ministère de la Justice quant à l’autorisation de l’organisation de cet événement suscitent de vifs débats. Le ministre affirme qu’il n’a pas été mis au courant de la mise en place de l’activité de karting. La participation de deux détenus condamnés pour crimes provoque d’intenses discussions.
Le secrétaire général du Syndicat national pénitentiaire Force ouvrière (SNP-FO, syndicat majoritaire chez les directeurs de services pénitentiaires) explique que les images diffusées doivent être remises dans leur contexte.
L’Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP, syndicat de l’administration pénitentiaire) critique fortement cette activité et la qualifie d’inappropriée.
La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté qualifie ce débat de ‘’lamentable’’. Elle affirme que ces activités sont bienvenues car elles permettent de faire baisser les tensions entre surveillants et détenus, et participent à la réinsertion. Elle rappelle que ce sont les conditions de détention inhumaines qui devraient faire l’objet d’un tel débat. Le président de l’OIP-SF affirme également les conditions de détention doivent susciter l’attention plus que l’organisation de cet événement.
La durée du placement à l’isolement est limitée
oui
La durée du maintien en cellule de protection d’urgence (CproU) ne peut, théoriquement, excéder 24 heures. Il n’est pas rare qu’un détenu placé le vendredi soir y passe le week-end.
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Un détenu est maintenu pendant 32 mois à l’isolement. Il affirme avoir été soumis à un traitement inhumain et dégradant. Il estime également avoir subi une violation de son droit au respect de sa vie privée. Il énonce que les décisions maintenant son isolement ne sont pas suffisamment justifiées. La Cour européenne des droits de l’homme met en cause la France pour ces faits.
Les professionnels sont soumis, à leur entrée en prison, à un contrôle par
appareil électronique
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Un surveillant du centre pénitentiaire de Varenne-le-Grand impose à une avocate de retirer son soutien-gorge et de le placer dans un casier pour pouvoir voir son client. Au moins trois autres avocates signalent qu’il leur est arrivé la même chose en juillet et août 2021. Le directeur de l’administration pénitentiaire a qualifié, en août 2020, cette demande de se dévêtir de manquement aux obligations déontologiques devant être suivi d’un recadrage de l’agent concerné voire d’un blâme.
Les cellules/dortoirs sont équipés d’un dispositif de régulation de la température
oui
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La vague de chaleur qui touche la France au cours de l’été impacte fortement les prisons. La direction de l’administration pénitentiaire demande aux agents de faire particulièrement attention aux personnes détenues les plus fragiles et vulnérables. L’une des mesures prises en conséquence au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne est le réveil de ces personnes toutes les deux heures. Les surveillants effectuent des rondes au quartier disciplinaire et en détention ordinaire. Ils allument la lumière des cellules et demandent aux personnes détenues de bouger. Ce traitement est considéré comme inhumain et dégradant par la Cour européenne des droits de l’homme et le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT).
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Une vague de très fortes chaleurs touche la France au mois de juillet. Certains détenus de la prison des Baumettes cassent les fenêtres “anti-bruit” pour pallier les fortes températures à l’intérieur des cellules et faire circuler l’air. Cela leur vaut des sanctions disciplinaires.
Si oui, l'administration est tenue de saisir l’autorité judiciaire
L'administration est tenue d’informer l’autorité judiciaire
de certains décès
Tout décès doit être immédiatement porté par le chef d’établissement à la connaissance du préfet, du procureur de la république et du ministre de la Justice. Un officier de police judiciaire est tenu de se rendre sur les lieux. Tous les décès survenus en détention font l’objet d’une enquête sur les causes de la mort et une autopsie est systématiquement requise. Cette enquête est généralement très succincte.
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L’inspection générale de la Justice publie un rapport sur l’agression d’Yvan Colonna, décédé à la maison centrale d’Arles le 2 mars 2022. La mission d’inspection identifie les différents facteurs déterminants dans le déroulement des faits. Elle relève notamment le manque de prise en charge du détenu ayant agressé Y. Colonna malgré sa personnalité “trouble et questionnante”, et le défaut de surveillance de l’agent en charge du secteur où se sont déroulés les faits.
Nombre de décès attribués à un suicide
122
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Environ 250 décès en prison sont dénombrés pour l’année 2021. La moitié sont des suicides. Le Collectif des Mort.e.s de la prison organise, le 8 juin, un hommage à ces personnes décédées en détention. Cet hommage est organisé pour la quatorzième année consécutive.
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Un détenu âgé de 34 ans de la maison d’arrêt de Nancy – Maxéville est retrouvé pendu dans sa cellule le 24 mai. Un surveillant tente de le réanimer en vain. Une enquête est ouverte.
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Une personne détenue se suicide à la prison de Metz-Queuleu. Le syndicat Force ouvrière explique qu’il est difficile d’empêcher le passage à l’acte : “Souvent, ils attendent que les agents soient passés pour se donner la mort”.
Nombre de décès en détention
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Un détenu de 19 ans décède à la maison d’arrêt de Nanterre le 18 août 2022 dans des circonstances troubles. Une information judiciaire pour homicide involontaire est ouverte à la suite de ce décès. Le détenu semblait nécessiter une hospitalisation psychiatrique d’urgence. Sa prise en charge n’a pas eu lieu, par manque de moyens.
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C’est le troisième mort en un mois dans la maison d’arrêt de Gradignan. Un des surveillants constate, à la fin de la distribution des repas, la fumée qui se dégage de l’une des cellules. Un premier détenu de 37 ans succombe à une détresse respiratoire. Un autre, âgé de 20 ans, meurt dans les flammes. Ce tragique événement s’inscrit dans une série de décès et de suicides dans cette prison surpeuplée.
Évolution du nombre de personnes exécutant une peine non privative de liberté
augmentation
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Les tribunaux prononcent de moins en moins de mesures de travail d’intérêt général (TIG) : 5 700 mesures ont été prononcées au cours du premier trimestre 2022, soit 30 % de moins qu’au premier trimestre 2019 selon les statistiques du ministère de la Justice. La réforme de la Justice de 2019 prévoyait pourtant 4 000 peines de TIG supplémentaires par année.
Une unité de soins est présente au sein de chaque établissement
L’accès aux soins est assuré, dans chaque établissement, par une unité sanitaire de niveau 1. Les soins qui relèvent de la médecine générale et ne nécessitent pas d’hospitalisation y sont dispensés. La disponibilité d’équipements médicaux est très inégale entre les établissements : absence de matériel de radiographie ou d’ophtalmologie, vétusté du matériel de désinfection, etc. Les locaux sont souvent exigus et peu fonctionnels.
Des services médico-psychiatriques régionaux (SMPR) prodiguent des soins psychiques dans 26 établissements pénitentiaires. Ils accueillent les personnes détenues pendant la journée en semaine. Les détenus peuvent, dans certains SMPR, y passer la nuit et recevoir des soins pendant le week-end.
L’accès aux unités sanitaires demeure très inégal selon les prisons. Celui relevant de la médecine générale se révèle, dans l’ensemble, satisfaisant bien que soumis aux contraintes des établissements (activités sur les mêmes horaires, procédures disciplinaires en cours, etc.). Les soins spécialisés, notamment ophtalmologiques ou dentaires, ou concernant les pathologies chroniques, connaissent de graves lacunes. Les médecins spécialistes ne sont pas en nombre suffisant. Dans certaines situations, notamment au quartier disciplinaire ou en cas d’extraction médicale, les conditions des consultations peuvent être problématiques. Elles entravent notamment le respect du secret médical et la qualité des soins.
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La maison d’arrêt de Limoges permet un suivi médical régulier grâce à une unité sanitaire présente tout au long de l’année. Cette unité traite les pathologies que les détenus présentent à leur arrivée et celles qui surviendront au cours de l’incarcération. La quasi-totalité des détenus présentent des problèmes d’addictions qui nécessitent des traitements de substitution. De nombreux spécialistes du CHU interviennent à la maison d’arrêt : généralistes, ophtalmologistes, gynécologues, kinésithérapeutes ou gastro-entérologues. Les personnes détenues à Limoges ont accès à une bonne partie des soins, sur place ou si besoin à l’extérieur. Tous soulignent des pathologies liées aux conditions de détention. L’unité sanitaire enregistre en moyenne 45 passages par jour, soit un détenu sur trois qui vient se faire soigner.
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Un rapport de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) dresse un sombre tableau des conditions d’hospitalisation dans le Centre Hospitalier Intercommunal (CHI) d’Elbeuf : violation du secret médical, non-respect des droits des personnes détenus, mesures de sécurité disproportionnées. La CGLPL estime que ces conditions d’hospitalisation sont humiliantes et dégradantes pour les patients. Ces derniers restent systématiquement menottés lors des consultations, des opérations et en salle de réveil jusqu’au rapatriement en cellule. Le cas du CHI d’Elbeuf n’est pas un cas isolé. Le CGLPL recommande l’organisation de formations spéciales pour le personnel hospitalier.
Les personnes détenues étrangères ont accès à un interprète professionnel
dans certains cas
Le recours à l’interprète, en théorie garanti aux différentes étapes de la procédure y compris disciplinaire, est insuffisant, voire inexistant.
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La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) publie au Journal officiel, en mai 2022, un avis relatif à l’interprétariat et à la compréhension des personnes privées de liberté. Elle mentionne des traductions “bancales” en détention et “réalisées sur le vif par des agents ou d’autres personnes privées de liberté”. La CGLPL note que, si ce fonctionnement permet de répondre aux situations d’urgence, “elles ne permettent aucunement de garantir la fidélité des informations transmises, pas plus que la sécurité des personnes concernées”.
Des quartiers arrivants sont présents
dans la plupart des établissements
Le détenu est placé dans un quartier ou des cellules arrivants. La durée maximale de cette période d’observation est de trois semaines.
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Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) publie pour la première fois un rapport thématique sur l’arrivée dans les lieux de détention. Plusieurs constats en ressortent :
Informations communiquées
Les informations fournies aux arrivants sur leurs droits sont souvent incomplètes, imprécises et délivrées de manière “expéditive”. Le CGLPL rappelle que si l’entretien d’accueil permet de distribuer un grand nombre de documents, la diffusion de l’information est assurée de manière inégale, parfois insuffisante, par le personnel.
Les documents remis aux arrivants sont “insuffisamment traduits”. Le CGLPL alerte sur les conséquences de telles lacunes, qui peuvent, à terme, mettre en danger la sécurité et la santé des arrivants.
Le recours aux services d’interprètes n’est pas systématique. Une telle situation contrevient à la réglementation applicable dans les lieux de privation de liberté. Le CGLPL rappelle que ce manquement est non seulement susceptible d’engendrer des atteintes aux droits, mais également source de danger pour la sécurité et la santé des arrivants.
Sécurité
Le CGLPL dénonce la pratique systématique de la fouille à nu des arrivants et rappelle que dans la majorité des cas, les personnes arrivant en détention ont déjà été fouillées, et sont, depuis, sous surveillance constante. Dans de telles circonstances, pratiquer une nouvelle fois une fouille à nu n’est pas justifié, et contrevient à la réglementation en vigueur.
Conditions matérielles de détention
Il est souvent impossible, pour les arrivants qui ne disposent pas d’une douche dans leur cellule, de se doucher après leur arrivée.
Vie quotidienne
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette que les quartiers arrivants ne proposent pas d’activités aux personnes détenues. Elle rappelle que ces quartiers visent à atténuer le “choc carcéral“ et à préparer à la vie en détention. L’absence d’activités ne permettrait pas de “préparer le détenu à la vie “hyper-collective” de la détention ordinaire“.
Nombre de personnels de santé (ETP)
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Le personnel infirmier de la maison d’arrêt de Nîmes, déjà en sous-effectif, pourrait voir son nombre diminuer. Si l’établissement compte 400 personnes détenues, l’Agence régionale de santé (ARS) prend en compte sa capacité officielle (192 places) pour l’attribution des moyens et finance donc quatre postes. L’hôpital de Nîmes finançait trois postes supplémentaires. Confronté à des difficultés financières, il n’est plus en mesure de le faire. L’équipe restante alerte : “Nous ne pourrons pas répondre à la surcharge de travail, ce qui mènera à l’épuisement psychologique. Le sous-effectif mettra en péril non seulement la qualité mais également la sécurité des soins auprès des détenus qui souffrent déjà d’une grande précarité médicale et sociale”. La réduction des effectifs pourrait entraîner l’interruption du suivi en addictologie, de la prévention contre le suicide ou encore des ateliers d’éducation à la santé.
Les personnes détenues sont autorisées à recevoir la visite de leurs enfants ou de mineurs proches
oui, des aménagements spécifiques sont prévus
Des aménagements pour les enfants sont parfois prévus (coins enfants ou espaces jeux). Dans quelques rares établissements, les personnes détenues recevant des enfants se voient attribuer des parloirs un peu plus spacieux. Des unités de vie familiales ou des parloirs familiaux permettent également le maintien des liens familiaux.
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L’Union nationale des fédérations régionales des associations de maisons d’accueil des familles et proches de personnes incarcérées (Uframa), faisant “le constat d’un lien rompu ou distendu entre les adolescents et leur parent incarcéré́”, crée un site internet à destination de ces derniers. Le site a vocation à leur fournir des informations générales sur les démarches administratives et leur permettre de poser des questions.
Personnes autorisées à la visite
toute personne
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Les membres de l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP) rendent visite, une demi-journée par semaine, aux personnes détenues sans famille de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Les visites durent une heure. Chaque accompagnant peut visiter tour à tour trois prisonniers. La durée moyenne du suivi varie de six mois à un an. Le directeur de la section des Côtes-d’Armor de l’ANVP, Didier Bazin, explique que leurs interventions ont vocation à “apporter de l’humanité derrière les murs, là où il n’y en a pas beaucoup”.
Nombre d’évasions
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Une personne détenue s’évade lors de son trajet vers la prison de Tulle (Corrèze). Il devait y être placé avant de rejoindre la prison du Havre
Le personnel de surveillance dispose
- d’armes à feu
- d’armes non-létales
Les personnels de surveillance ne sont pas dotés d’armes à feu. L’usage d’une arme à feu est possible depuis le mirador en cas d’évasion et selon certaines règles. Chaque prison dispose d’une armurerie dont l’usage est réservé aux situations extrêmes.
Des Équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP) sont en charge de la sécurité périmétrique des établissements pénitentiaires. Elles remplacent les Équipes locales d’appui et de contrôle (ELAC) et reprennent certaines missions des Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS), notamment les transfèrements de détenus et les extractions médicales avec escorte. Les agents des ELSP sont tenus de suivre une formation de huit semaines. Ils portent sur eux une bombe lacrymogène, un casque, un bouclier en cas d’attaque et disposent d’armes comme un pistolet, une gazeuse et un bâton de défense télescopique. Annoncé depuis 2018, le déploiement des ELSP s’est accéléré, en 2021 notamment, à la prison de Sequedin (Nord), après plusieurs tirs de mortiers et de feux d’artifice au cours de l’année.
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L’utilisation des pistolets à impulsion électrique (PIE) en détention s’élargit. Un arrêté pris en novembre 2021 étend la possibilité d’utiliser un PIE à toute personne appartenant à une équipe de sécurité pénitentiaire (ESP). Une partie des agents pénitentiaires, en charge des transferts et extractions judiciaires ou de la sécurité intérieure et périphérique peut désormais avoir recours à cette arme dite “intermédiaire”. Le PIE peut être utilisé “pour répondre à une agression physique” ou encore en cas de “comportement dangereux ou menaçant”. La section française de l’Observatoire international des prisons (OIP-SF) dénonce une protection juridique insuffisante face au recours au PIE.
La loi prévoit un dispositif d'aménagement de peine pour raisons médicales
Les personnes malades peuvent faire l’objet d’une libération anticipée lorsqu’est établie une pathologie engageant le pronostic vital, ou que leur état de santé est incompatible avec le maintien en détention. Les demandes de suspension de peines pour raisons médicales sont, en 2013, au nombre de 238. Sur celles-ci, 207 ont été accordées.
Le rapport sénatorial sur les dépenses liées aux soins des détenus relève que cette mesure est faiblement prononcée faute de structure acceptant d’accueillir les personnes à leur sortie.
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Tommy Recco, le plus vieux détenu de France, formule une demande de libération conditionnelle pour des raisons médicales liées à son âge (87 ans). La Cour d’appel de Bastia rejette sa demande au motif que la possibilité de récidive est élevée. Son avocat envisage un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Le personnel pénitentiaire est représenté par un/des syndicat(s)
Les syndicats majoritaires sont : Force ouvrière (FO), Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), UFAP-UNSA et la CGT-pénitentiaire.
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Le personnel pénitentiaire d’une centaine d’établissements se met en grève à la suite de l’appel de trois syndicats. Les grévistes souhaitent être entendus sur l’évolution de leur statut et sur la revalorisation salariale. Le mouvement bloque les extractions et les visites des proches, du personnel soignant et du personnel éducatif.
Évolution de la capacité d'accueil des établissements
augmentation
La capacité des établissements pénitentiaires français passe, entre le 1er janvier 2021 et le 1er janvier 2022, de 60 583 places à 60 749.
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Une nouvelle prison devrait remplacer l’actuel établissement pénitentiaire d’Angers à l’horizon 2027. Elle devrait être construite à Brain-sur-L’Authion (Maine-et-Loire). La nouvelle prison comptera 850 places (790 au quartier hommes, 60 au quartier femmes) contre 266 pour l’ancienne. Le maire de la commune, Jean-Charles Prono, soutient le projet en mettant en avant la création d’emplois et les retombées économiques éventuelles pour les producteurs locaux. Des riverains s’opposent au projet. Des réunions de concertation sont organisées dans les trois communes concernées par la future construction.
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Le président de la République Emmanuel Macron annonce, en 2017 au début de son mandat, un programme d’agrandissement du parc pénitentiaire et la construction de 15 000 places supplémentaires sur 10 ans. La livraison de 7 000 places est prévue pour la fin de l’année 2022. Les places restantes doivent être livrées avant 2027.
Le programme prévoit la construction de nouveaux types d’établissements pénitentiaires :-
Les structures d’accompagnement vers la sortie (SAS) avec 2 000 places. Elles sont tenues d’accueillir des condamnées à des peines de moins d’un an ou condamnées à de longues peines qui finissent leur temps de détention.
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Deux prisons expérimentales qui travaillent avec des entreprises pénitentiaires pour développer un dispositif de prise en charge par le travail en détention qui se poursuivra après la libération.
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