L’année débute avec la publication par le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) de son rapport de visite aux lieux de détention en Italie. Le CPT se dit particulièrement préoccupé par l’augmentation de la population carcérale du pays et par le non-respect, pour nombre de personnes détenues, du minimum de quatre m² d’espace vital. Avec 61 230 personnes détenues en février, le taux d’occupation dépasse les 120 %.
Le CPT fait état de violences délibérées de la part de certains membres du personnel pénitentiaire, lesquels sont infligées essentiellement dans les espaces sans surveillance. Plus généralement, le Comité fait état de rapports souvent délétères entre l’administration et les personnes détenues.
L’inquiétude liée à la pandémie s’ajoute à ces tensions. Les parloirs sont fermés à la suite de l’apparition du coronavirus. Un mouvement de soulèvement historique touche, début mars, plus de vingt-sept établissements. À la prison de Melfi, neuf membres du personnel sont pris en otage. Des détenus demandent des aménagements pour prévenir la propagation du virus. Douze détenus perdent la vie lors de ces soulèvements, dont neuf à la prison de Modène. Une recrudescence de cas de mauvais traitement est observée par l’ONG Antigone à la suite des mouvements de protestation.
Une réduction sans précédent de la population carcérale est constatée dans les mois qui suivent. Avec près de 8 000 personnes détenues en moins entre février et décembre, le parc pénitentiaire demeure toutefois surpeuplé tout au long de l’année. Certains établissements restent au-dessus des 170 % de taux d’occupation.
La mauvaise gestion de la crise sanitaire dans les établissements carcéraux, l’insuffisance des mesures et le désintérêt du gouvernement sont pointés du doigt, malgré les recommandations de la société civile et de personnalités politiques. La contagion s’est même entendue aux infrastructures du régime 41-bis, alors que les détenus sont placés en isolement continu.
Les rapports des années précédentes sont disponibles ici