Roumanie
Capitale — Bucarest
Taux d'incarcération (pour 100 000 habi…
i01/2023Population du pays
i2021/ Conseil de l’Europe, SPACE I – Rapport 2021Nature du régime
Indice de développement humain
0,821(53/191)
Taux d'homicide (pour 100 000 habitants)
Ministère(s) en charge de l'administrat…
Nombre de personnes incarcérées
i31/01/2023Durée moyenne de détention (en mois)
i2020/ Conseil de l’Europe, SPACE I – Rapport 2021, p. 125.Taux d'occupation
121 %L’association pou…
i01/03/2023/ Europea Libera RomaniaNombre d'établissements
i2021Un MNP est créé
Femmes incarcérées
i31/01/2023Mineurs incarcérés
i31/01/2023Pourcentage de personnes en détention p…
i31/01/2023La peine de mort est abolie
oui, depuis 1989La Roumanie aboli…
Populations spécifiques
Femmes
Femmes incarcérées
Évolution du nombre des femmes incarcérées
augmentation
Le nombre de femmes incarcérées augmente de 9,66 % entre janvier 2020 (921)1 et janvier 2023 (1 010).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 46. ↩
Pourcentage de femmes prévenues
8,2 %
Pourcentage de femmes étrangères
0,6 %
La prison de Târgșorul Nou, à Ploiești, est le seul établissement exclusivement dédié aux femmes. Des quartiers de tailles variables dédiés aux femmes sont présents dans les prisons d’Arad, Bacău, Craiova, Gherla, Constanța -Poarta Albă et Mioveni. Des cellules sont réservées au sein d’autres établissements pour les détenues en attente de leur transfert.
La séparation entre les hommes et les femmes est effective
Les femmes prévenues sont séparées des condamnées
Le personnel de surveillance est
exclusivement féminin
Les femmes détenues peuvent toutefois se retrouver sous la surveillance de personnels masculins lors de leur transfert.
Les fouilles sont effectuées par un personnel féminin.
Un gynécologue examine les femmes incarcérées à leur admission. Le CPT rapporte qu’aucune grille d’évaluation n’est mise en place aux prisons de Bacău et Gherla pour explorer les problématiques des femmes détenues : santé mentale, suivi gynécologique, faits d’auto-agressions. Aucune question ne porte sur les éventuelles violences sexuelles subies.
Le CPT constate, en 2018, que les kits d’hygiène féminine distribués chaque mois de manière gratuite sont insuffisants.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines au traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 62 (en anglais). ↩
Les femmes qui sont détenues dans un quartier dédié au sein d’un établissement pour hommes sont fréquemment privées d’activités et ont difficilement accès à l’éducation et au travail.
Le CPT, lors de la visite de la prison de Bacău en 2018, constate que des prévenues et des femmes placées en régime de sécurité maximale n’ont accès qu’à un nombre très restreint d’activités1.
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines au traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 63 (en anglais). ↩
Les visites conjugales sont autorisées pour les femmes
oui, il faut attester de liens durables
Un aménagement de peine est prévu pour les femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge
Les femmes enceintes et les femmes détenues avec des enfants en bas âge1 peuvent demander une suspension de peine. Voir la rubrique Aménagement de peine
Avocat du peuple, “Rapport d’activités 2021”, p. 51 (en roumain). ↩
Les femmes enceintes ont accès aux soins prénataux
L’accouchement a lieu
dans un établissement de soins extérieur
L’administration est tenue de transférer les détenues enceintes vers un hôpital pénitentiaire un mois avant la date d’accouchement prévue. L’hôpital pénitentiaire assure ensuite le transfert de la détenue vers un établissement de soins extérieur en vue de l’accouchement.1
Article 160, Règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
L'usage de moyens de contention est proscrit durant le travail et l'accouchement
Les mères sont autorisées garder leur enfant auprès d’elles
oui, jusqu’à 1 an
Le seul établissement exclusivement dédié aux femmes, la prison de Târgșorul, dispose d’un espace de vie pour les mères incarcérées avec leurs enfants. L’espace comprend deux chambres avec cuisine et salle de bain. Les chambres sont équipées de lits pour enfants, de table à langer et de jouets. Les mères incarcérées avec leurs enfants disposent d’une cour dédiée.1
Le service Communauté mère-enfant propose des activités destinées aux femmes détenues avec des enfants en bas âge : programme de préparation à la libération, activité sociale organisée sur la base du projet d’activité ou encore “ABC des relations familiales”. Elles bénéficient d’un conseil social pour développer leurs compétences parentales. Un protocole de coopération est établi entre la prison et la Direction générale de l’assistance sociale et de la protection de l’enfance de Vâlcea.2
APADOR-CH, “Rapport de visite de la prison de Târgșorul, 4 mars 2016 (en anglais). ↩
Avocat du peuple, “Rapport d’activités 2021”, p. 51 (en roumain). ↩
La mère détenue et son enfant disposent d’une prise en charge alimentaire particulière. Un médecin généraliste ou un pédiatre rendent régulièrement visite à l’enfant. Sa vaccination est prise en charge.
Mineurs
La loi interdit l'incarcération des mineurs
Âge à partir duquel un mineur peut être incarcéré
14 ans
Un enfant âgé entre 14 et 16 ans est pénalement responsable s’il est prouvé que l’acte a été commis avec discernement.1
Article 113, Code pénal (en anglais). ↩
Mineurs incarcérés
1,1 %
Évolution du nombre de mineurs incarcérés
diminution
Le nombre de mineurs incarcérés diminue de 7,33 % entre janvier 2019 (273)1 et janvier 2023 (253).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 44. ↩
Ministère en charge des mineurs infracteurs
ministère de la Justice
Les mineurs ne sont pas soumis à une justice spécifique indépendante. Le Code pénal et le Code de procédure pénale, issus de la réforme du droit pénal de 2014, incluent des aspects relatifs aux mineurs. Le nouveau Code pénal modifie les sanctions prévues pour les mineurs dans le cas d’infractions pénales.
Les mineurs sont jugés par les tribunaux ordinaires. Ceux-ci disposent de divisions spécialisées sur des sujets liés aux mineurs et à la famille. Les mineurs disposent globalement des mêmes garanties procédurales que les adultes. Le service de probation joue toutefois un rôle plus important dans les procédures pour les mineurs. Il peut soumettre une évaluation sur la situation du mineur, sur demande du tribunal. Les audiences impliquant des mineurs ne sont pas publiques
Les mineurs ne peuvent pas être condamnés à vie. La peine maximale pour les mineurs est de 15 ans de réclusion.1
Păroşanu, A., Alternatives to custody for young offenders – International Juvenile Justice Observatory, Romania report on juvenile justice trends, 5 mars 2014, pp. 139-141 (en anglais). ↩
La loi prévoit des sanctions particulières à l’encontre des mineurs condamnés. Ils peuvent faire l’objet de plusieurs mesures dites éducatives, privatives de liberté ou non :
- les programmes civiques : d’une durée maximale de quatre mois, ces programmes visent à aider le mineur à comprendre les conséquences de ses actes
- les mesures probatoires : d’une durée de deux à six mois, les relations sociales du mineur et son assiduité à l’école sont contrôlées
- la mesure dite d’assistance quotidienne : d’une durée de trois à six mois, le mineur est tenu de suivre un programme d’activités coordonné par le service de probation
- un couvre-feu : d’une durée de quatre à douze semaines, cette mesure est mise en place chaque week-end
- les peines privatives de liberté1
Păroşanu, A., Alternatives to custody for young offenders – International Juvenile Justice Observatory, Romania report on juvenile justice trends, 5 mars 2014, p. 139 (en anglais). ↩
Les mineurs exécutent les peines privatives de liberté dans deux types d’établissements :
- au sein d’un centre éducatif, pour une durée d’un à trois ans
- au sein d’une prison pour mineurs, pour une période de deux à cinq ans
Ces deux types d’établissements sont sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire
La publication de données chiffrées relatives aux mineurs est
régulière, tous les ans
Les mineurs détenus sont séparés des adultes
-
Les mineurs et les jeunes adultes (18-21 ans) ayant commis une infraction avant leur majorité exécutent leur peine ensemble au sein des prisons pour mineurs de Craiova et Tichilești, ainsi que dans les centres éducatifs de Buziaş et Târgu Ocna.
Le CPT constate, en 2021, qu’à Cậmpina, le seul mineur détenu est placé dans une cellule avec des adultes.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport relatif à la visite ad hoc en Roumanie effectuée par le CPT du 10 au 21 mai 2021”. ↩
La loi prévoit l'encellulement individuel des mineurs
oui
Les mineurs prévenus sont, dans la limite du possible, placés seuls en cellule.
Les mineurs incarcérés à Tichilești sont placés dans des cellules collectives de trois à cinq places.1
Le CPT constate, en 2021, qu’à Bucarest, tous les mineurs sont détenus dans le centre de détention et d’arrestation préventive n°1 (DPAC). Trois cellules ont été rénovées depuis 2018 pour accueillir un maximum de six mineurs chacune. Chaque cellule n’est pourtant équipée que de deux ensembles de lits superposés.2
Avocat du peuple, “Rapport de la visite du centre de détention de Tichilești, 16 juillet 2019, pp. 3-6 (en roumain). ↩
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport relatif à la visite ad hoc en Roumanie effectuée par le CPT du 10 au 21 mai 2021”. ↩
La scolarisation des mineurs est obligatoire
La scolarisation des mineurs est obligatoire en Roumanie jusqu’à l’âge de 16 ans. L’administration pénitentiaire considère la scolarisation et la formation professionnelle des mineurs comme une priorité1.
Article 317, Règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
La loi interdit le placement des mineurs à l’isolement
Les sanctions les plus courantes sont :
- l’avertissement
- l’interdiction temporaire d’acheter et de recevoir des articles
- l’exclusion des activités collectives d’une durée maximale de quatre heures par jour. Cette mesure est limitée à cinq jours.
Les jeunes adultes présents dans les établissements pénitentiaires pour mineurs peuvent cependant faire l’objet d’un isolement disciplinaire ou d’une suspension du droit de visite.
Le MNP visite, le 16 juillet 2019, la prison pour mineurs de Tichilești. Le bâtiment est, à cette date, occupé par 199 jeunes, à 70 % de sa capacité opérationnelle.
Les mineurs se répartissent dans des cellules collectives de trois à cinq places. Chacune dispose d’espaces de rangement et d’une télévision. Les cellules ne sont pas équipées de climatisation, l’atmosphère est décrite comme suffocante en été. Le rapport indique que la cellule dite de quarantaine, dédiée aux arrivants et aux malades, est dans un état déplorable et infestée de mouches.
Les cuisines sont vétustes. La nourriture proposée correspond toutefois aux besoins nutritifs des jeunes détenus.
Le MNP souligne la présence d’un quartier d’une dizaine de places, inspiré du modèle scandinave et financé par le gouvernement norvégien, dans lequel les détenus en fin de peine disposent de plus d’autonomie.
Une bibliothèque de plusieurs milliers de livres est ouverte, à Tichilești, en 2018. L’établissement dispose d’un terrain multisport. Des bureaux d’information sont accessibles. Les mineurs peuvent y vérifier notamment leurs dates d’audiences, l’état de leur compte bancaire et leur situation judiciaire.1
Avocat du peuple, “Rapport de la visite du centre de détention de Tichilești, 16 juillet 2019, pp. 3-6 (en roumain). ↩
L’enseignement scolaire est dispensé par des fonctionnaires de l’éducation nationale.
Différents types d’activités et d’ateliers, individuels ou en groupes, de conseil ou d’assistance psychologique et d’éducation morale sont proposés aux mineurs et jeunes détenus.
Les détenus de confession orthodoxe peuvent assister à des cours de religion.
L’administration juge satisfaisante la participation des jeunes détenus aux différentes activités du centre éducatif de Buziaş. De nombreuses associations et institutions y interviennent.1
Administration pénitentiaire, “Rapport d’activités 2019 du centre éducatif de Buziaş”, pp. 2-4 (en roumain). ↩
Plusieurs psychologues et éducateurs spécialisés travaillent au sein des centres éducatifs et dans les prisons pour mineurs.
Le MNP recommande, en 2019, que tout le personnel des établissements pour mineurs suive une formation continue. Les psychologues et éducateurs doivent également, selon le MNP, pouvoir effectuer leur travail dans des bureaux mieux adaptés et disposer de leur propre équipement informatique.1
Avocat du peuple, “Rapport de la visite du centre de détention de Tichilești, 16 juillet 2019, pp. 3-6 (en roumain). ↩
Étrangers
Nombre et pourcentage de détenus étrangers
Évolution du nombre de détenus étrangers
augmentation
Le nombre de détenus étrangers augmente de 15 % entre janvier 2020 (220)1 et janvier 2023 (253).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 46. ↩
Les nationalités les plus représentées dans la population carcérale sont, en décembre 2019, les Turcs (16,1 %), les Moldaves (16,1 %), les Ukrainiens (7,6 %), les Hongrois (4,2 %), les Bulgares (4,2 %), les Iraniens (3,8 %), les Serbes (3,8 %) et les Syriens (3,8%).1
Administration pénitentiaire, “Rapport d’activités 2019”, p. 16 (en roumain). ↩
Les personnes détenues étrangères sont informées de leur droit de communiquer avec leur représentant consulaire
Le règlement intérieur fait l'objet de traductions
oui
Un livret détaillant l’organisation de la vie en détention est remis aux détenus étrangers non-roumanophones. Il est disponible en hongrois, en anglais et en français.1
Gouvernement roumain, “Réponse au rapport de la visite du CPT du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 136 (en anglais). ↩
Les personnes détenues étrangères ont accès à un interprète professionnel
dans certain cas
La présence d’un interprète est obligatoire dans le cadre des audiences des prévenus étrangers.1
Le MNP signale, en 2021, que la présence d’un interprète n’est pas assurée à chaque fois que cela est nécessaire.2
Article 256, règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
Avocat du peuple, “Rapport d’activités 2021” (en roumain). ↩
Les personnes détenues étrangères bénéficient de l'aide juridictionnelle
Les prévenus étrangers peuvent demander à bénéficier d’un avocat commis d’office.
Franchir la frontière roumaine de manière illégale est passible de six mois à trois ans de prison ou d’une amende. Lorsque l’étranger fait déjà l’objet d’une interdiction de territoire, la sanction est d’un à cinq ans de prison. Les mineurs et les personnes reconnues victimes de trafic d’êtres humains ne sont pas concernés.1
Article 262, code pénal (en anglais). ↩
Les personnes détenues étrangères sont autorisées, à l’issue d’une peine de prison, à demeurer sur le territoire national
sous certaines conditions
L’interdiction de séjour sur le territoire roumain peut être une sanction complémentaire à une peine de prison.1
Article 66, Code pénal (en anglais). ↩
Les personnes détenues étrangères sont autorisées à travailler pendant leur détention
Les étrangers peuvent, à l’instar des autres détenus, téléphoner à dix personnes en Roumanie ou à l’étranger. Ils peuvent contacter les membres de leur famille, un avocat, un notaire et un huissier.
Les détenus étrangers ne bénéficient pas de régime de visite particulier. Ils sont autorisés, lors des visites au parloir, à communiquer avec leurs proches dans leur langue maternelle.
Personnes condamnées à de longues peines
Le cumul des peines d'emprisonnement fait l'objet d'une limite
Les peines d’emprisonnement ne peuvent excéder 20 ans.
Des établissements spécifiques sont dédiés aux personnes exécutant une longue peine
Les personnes condamnées à plus de trois ans de prison sont automatiquement soumises, au début de leur peine, à un régime de détention fermée. Les personnes condamnées à plus de 13 ans de prison sont soumises à un régime de sécurité maximale. Ce placement peut être réévalué au cours de leur peine.
La peine à perpétuité est proscrite
Nombre et pourcentage de personnes effectuant une peine à perpétuité
Évolution du nombre de personnes effectuant une peine à perpétuité
augmentation
Le nombre de personnes effectuant une peine à perpétuité augmente de 4,05 % entre janvier 2020 (173)1 et janvier 2021 (180).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 52. ↩
La peine à perpétuité peut être prononcée dans les cas suivants : homicides ou tentatives d’homicide avec circonstances aggravantes (préméditation, cruauté)1, haute trahison, atteinte à la sécurité de l’État, empoisonnement de masse, meurtre ou tentative de meurtre de diplomates étrangers, génocide et crimes contre l’humanité.2 La trahison en temps de guerre, la reddition et la désertion du champ de bataille, ainsi que la plupart des crimes de guerre, sont également passibles de la peine à perpétuité.3
Article 189 du Code pénal (en anglais). ↩
Articles 396, 401, 402, 403, 408, 438, 439, ibid. ↩
Articles 398, 421, 422, 440, ibid. ↩
Des établissements spécifiques sont dédiés aux personnes condamnées à perpétuité
Les personnes condamnées à perpétuité sont placées au sein du régime de sécurité maximale dès le début de leur peine.
Une personne condamnée à perpétuité peut formuler, après avoir purgé 20 ans de la peine, une demande de libération conditionnelle. Elle doit avoir fait preuve d’une bonne conduite. La Cour, lorsqu’elle considère que la personne est en capacité de se réinsérer dans la société, peut assortir sa libération d’une période de probation de dix ans.1
Article 99, Code pénal (en anglais). ↩
Personnes en détention provisoire
Pourcentage de personnes en détention provisoire
Évolution du nombre de personnes en détention provisoire
increase
Le nombre de personnes en détention provisoire augmente de 36,4 % entre janvier 2020 (2 045)1 et janvier 2023 (2 789).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 46. ↩
Les personnes prévenues sont séparées de celles condamnées
-
Les personnes placées en détention provisoire sont détenues dans l’un des 52 centres de détention provisoire gérés par le ministère de l’Intérieur et la police ou dans des établissements pénitentiaires placées sous l’autorité du ministère de la Justice.
Le CPT recommande au gouvernement roumain, en 2019, de confier la charge de tous les établissements de détention provisoire au ministère de la Justice.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 24 (en anglais). ↩
La libération sous caution des personnes prévenues est prévue par la loi
Le montant de la caution est fixé par les autorités judiciaires.1
Articles 216 et 217, Code de procédure pénale (en anglais). ↩
La détention provisoire est limitée initialement à 30 jours. Elle peut être renouvelée, pour 30 jours additionnels, sur demande du procureur auprès du juge. Elle ne peut pas excéder 180 jours.1
Articles 233 à 236, Code de procédure pénale (en anglais). ↩
La personne prévenue peut demander au juge à ce que sa détention provisoire soit révoquée ou remplacée par une mesure alternative à la détention (contrôle judiciaire, assignation à résidence, caution…).1
Article 242, Code de procédure pénale (en anglais). ↩
Les prévenus sont habituellement placées en cellules collectives. Lorsque leur détention a lieu au sein d’un établissement pénitentiaire, ils sont séparés des condamnés. Ils sont autorisés à passer trois appels téléphoniques par semaine.
Les adultes peuvent bénéficier de quatre visites, et éventuellement d’une visite conjugale lorsque la détention provisoire dure plus de 60 jours.
Les mineurs prévenus ont droit à six visites par mois. Les visites se tiennent habituellement avec un dispositif de séparation.
Les prévenus sont autorisés à travailler et à prendre part à certaines activités. Ils ont accès à la bibliothèque. Ils font l’objet de procédures de fouille et de contrôle similaires à celles des détenus condamnés.1
Dans les centres de détention provisoire, la literie est en quantité suffisante. Les fenêtres sont trop étroites pour assurer une bonne ventilation et les installations sanitaires sont en mauvais état.
De nombreux prévenus se plaignent de la nourriture. La plupart ne peuvent sortir de cellule qu’une à deux heures par jour dans des cours particulièrement petites (entre 8 m² à Cluj et 20 m² à Iași). Les cours sont parfois totalement couvertes.
Dans les établissements pénitentiaires, les prévenus ne peuvent accéder qu’à quelques heures d’activités par mois.
Le travail rémunéré n’est pas autorisé. Le CPT constate la présence de prévenus travaillant au service général contre l’octroi de petites récompenses, comme des visites rallongées.2
Articles 246 à 274, Règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 24-32 et p. 53 (en anglais). ↩
Personnes appartenant à une minorité ou à un peuple autochtone
La collecte d’informations sur l'appartenance à une minorité ou à un peuple autochtone est autorisée
Les personnes détenues peuvent toutefois se déclarer comme appartenant à une minorité ethnique. La Roumanie en reconnaît deux officiellement : les Hongrois (Sicules de Transylvanie et Csángós de Moldavie roumaine) et les Roms.
L'appartenance à une minorité ou à un peuple autochtone est un critère d'affectation dans une cellule ou dans un quartier
dans certains cas
L’appartenance ethnique fait partie des critères de vulnérabilité pris en compte par l’administration pénitentiaire lors de l’évaluation d’un détenu.
Des détenus roms, incarcérés dans les prisons de Bacău et Iaşi, signalent au CPT lors de sa visite en 2018, faire l’objet d’insultes racistes de la part de surveillants. Des nombreux préjugés sont observés à l’encontre des minorités ethniques en Roumanie, et particulièrement à l’encontre des Roms.1 Des juges et des procureurs rencontrés par l’association APADOR-CH reconnaissent la discrimination judiciaire structurelle dont les détenus roms sont victimes. Ils sont en effet, malgré le manque de statistiques officielles, largement surreprésentés au sein de la population carcérale.2
Justicia, European Rights Network, ““Disparities in criminal justice systems for individuals of different ethnic, racial and national background in the European Union : a comparative report of the scoping study””, novembre 2018, p. 14 (en anglais). ↩
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 40 (en anglais). ↩
Personnes LGBTQI+
La poursuite et/ou l'incarcération d'une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre est interdite
L’homosexualité n’est plus passible d’une peine de prison depuis 2001.
Les personnes LGBTQI+ sont détenues dans des quartiers ou des cellules séparés
dans quelques cas
L’orientation sexuelle correspond à l’un des critères de vulnérabilité retenus par l’administration pénitentiaire. Elle n’est cependant pas tenue de séparer systématiquement les personnes LGBTI du reste de la détention.
L’administration ne prévoit pas une protection particulière pour les personnes LGBTI. Le CPT apprend, lors de sa visite à la prison de Galaţi, qu’un homme détenu a été forcé par un agent de pratiquer un acte de sexe oral. Les autorités roumaines affirment que la victime est homosexuelle. Le CPT rappelle que les violences sexuelles en prison “ne sont pas liées à l’homosexualité en tant que telle mais à des relations de pouvoir et d’humiliation”. Le CPT considère que l’organisme de contrôle interne a failli à sa mission en ignorant les multiples allégations de mauvais traitements infligés aux prisonniers.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 38 (en anglais). ↩
Personnes âgées
L'administration pénitentiaire tient un registre spécifique des personnes âgées
Nombre et pourcentage de personnes âgées
Ce nombre correspond aux personnes âgées de 65 ans ou plus.
Le nombre de personnes âgées détenues augmente de 35,8 % entre janvier 2020 (360)1 et janvier 2021 (489).
Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 42. ↩
Les personnes âgées ne bénéficient pas d’une prise en charge spécifique.
Les personnes âgées de plus de 65 ans au moment du jugement ne peuvent pas être condamnées à perpétuité. La peine maximale est alors de 30 ans.1
Articles 57 et 58, Code pénal (en anglais). ↩
Personnes en situation de handicap
L'administration pénitentiaire tient un registre spécifique des personnes détenues en situation de handicap
Les établissements pénitentiaires sont adaptés aux besoins des personnes détenues en situation de handicap
non
Aucun équipement particulier n’est conçu pour les personnes détenues en situation de handicap physique.
L’administration est parfois amenée à employer des détenus chargés de s’occuper des détenus dont le handicap nécessite d’un accompagnement. Certains détenus peuvent également être accompagné d’un chien guide.1
La présence d’un interprète est obligatoire dans le cadre des audiences des prévenus sourds et des malentendants.2
Le CPT recommande que les personnels de l’administration pénitentiaire soient formés à répondre aux besoins spécifiques des personnes en situation de handicap.3
Articles 257 et 283 Règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
Article 256, règlement pénitentiaire (en roumain). ↩
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au gouvernement roumain de la visite du 7 au 19 février 2018”, 19 mars 2019, p. 40 (en anglais). ↩
Personnes condamnées à mort
La peine de mort est abolie
oui, depuis 1989
La Roumanie abolit la peine de mort, le 31 décembre 1989, suite à la chute du régime communiste et à l’exécution du couple présidentiel Ceaucescu.