Royaume-Uni: Angleterre et Pays de Galles
Capitale — Londres
Dernières mises à jour
L'administration consigne les incidents
L’administration pénitentiaire avertit, en cas de violences particulièrement graves, le responsable local de la Police Intelligence (composante de la police britannique chargée, entre autres, de regrouper les informations sur la criminalité). Le personnel doit, en cas de décès en prison, en informer sans délai la police et le médecin légiste (coroner).1
ministère de la Justice, circulaire PSI 64/2011 sur les mesures de protection en détention (en anglais) ↩
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Le nombre d’incidents est en hausse à la prison pour hommes de Birmingham.
Le ministère de la Justice recense, au cours de l’année 2018/2019 (trois premiers mois de 2019), 80 incidents (blocages divers) contre 65 l’année précédente.
D’autres types d’incidents sont signalés : 137 escalades de toits ou de grillages, deux prises d’otages. L’établissement connaît, en 2017/2018, un record d’incidents (279).
L’Inspection des établissements pénitentiaires attribue à la prison de Birmingham le qualificatif “mauvais” (classification la plus négative) sur les principaux critères d’évaluation. C’est la deuxième fois qu’un établissement est évalué de la sorte dans l’histoire du pays.
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L’Ombudsman des prisons et de probation (PPO) rapporte qu’un prisonnier, James Baldwin, âgé de 81 ans, était menotté de façon abusive durant ses visites à l’hôpital. Le PPO souligne que le détenu présentait un faible risque d’évasion et avait une santé fragile due à un cancer du poumon en phase terminale. Cette mesure de contrainte a été considérée comme non appropriée et non proportionnée. M. Baldwin a également été retrouvé deux fois gisant nu sur le sol de sa cellule peu avant de mourir. Des contrôleurs font état, en novembre 2018, d’un cas similaire concernant le décès de Peter Mellings, âgé de 68 ans. M. Mellings a été escorté à l’hôpital menotté et enchainé quelques semaines avant son décès, malgré sa condition physique fragile. Le ministère de la Justice déclare avoir révisé les procédures de contention des détenus lors de leur hospitalisation.
La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements
oui
La surpopulation se concentre dans les prisons locales et de catégorie C, où se trouvent la plupart des personnes détenues. Certains établissements pour femmes la connaissent également (augmentation du nombre des femmes détenues et fermeture de la prison d’Holloway en juillet 2016).
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Trois établissements pour hommes sur cinq sont surpeuplés en Angleterre et au Pays de Galles. Plus de 18 000 détenus sont enfermés dans des cellules suroccupées.
Les prisons surpeuplées enregistrent habituellement des taux de violence élevés. Une notification d’urgence1 est délivrée à l’encontre de cinq établissements situés en Angleterre et au Pays de Galles. Des incidents violents surviennent régulièrement dans les prisons de Wandsworth et de Birmingham, parmi les plus surpeuplées.La notification d’urgence contraint le ministre à prendre des mesures immédiates pour améliorer les conditions de détention et pour réduire la violence. ↩
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Les cas d’automutilation sont en hausse au pays de Galles. Ceux recensés à la prison d’Usk augmentent de 200 % en 2018. Les incidents sont, cette même année, au nombre de 3 024 dans les prisons galloises.
Le ministère de la Justice déclare débloquer 70 millions de livres afin d’améliorer la sécurité et les conditions de détention. Il annonce le recrutement de 4 700 nouveaux agents. Les membres du personnel formés à la prise en charge de la souffrance psychique seront au nombre de 24 000. La mesure vise à prévenir les risques de suicide et d’automutilations.
Il est tenu compte des besoins spécifiques des personnes détenues en matière de
- langue
- religion
- régime alimentaire
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Un quart des 1 300 détenus de la prison de Berwyn, à Wrexham au Pays de Galles, parle gallois. Le personnel parlant cette langue est en nombre insuffisant. Peter Clarke, inspecteur général des prisons, rapporte le manque de “stratégie efficace pour promouvoir la langue galloise”.
Des formations professionnelles sont dispensées
oui
L’administration pénitentiaire assure la formation professionnelle et la prise en charge des enseignants.1 Les formations habituellement proposées sont notamment la plomberie, la coiffure, la maçonnerie, la mécanique vélo…
Inspecteur en chef des établissements pénitentiaires, “Rapport annuel 2017-18”, juillet 2018, p. 42 (en anglais). ↩
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Les restaurants gastronomiques “Clink”, présents dans huit prisons, participent à un projet de formation des détenus à la restauration.
Ces restaurants sont ouverts au public. Ils permettent aux détenus d’acquérir une qualification professionnelle et de se préparer, par un emploi, à la sortie. Le risque de récidive en est réduit.
Une étude conduite par le ministère de la Justice dans la prison de Brixton signale l’impact du projet sur le taux de récidive : 11 % pour les participants au programme, 32 % pour les autres.
Nombre et pourcentage de personnes âgées
- 60-70 ans : 3 299
- 70 ans et plus : 1 733
Le nombre des personnes âgées augmente de 3 % par rapport à l’année précédente. Il était de 4 884 en décembre 2017.
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La population carcérale âgée augmente en nombre et proportion. Le nombre des détenus de plus de 60 ans devrait augmenter, entre 2018 et 2022, de 12 % et celui des plus de 70 ans de 19 %. Cette augmentation résulte de l’incarcération croissante de personnes âgées (50 ans et plus) et de l’allongement des peines prononcées.
Les personnes détenues peuvent fumer
nulle part
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Tous les établissements sont, depuis janvier 2019, non-fumeurs. La cigarette électronique est autorisée.
Nombre d’agressions envers les personnels
10 085
Environ 10 % des agressions sont des agressions graves1. Le nombre d’agressions connaît une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente.
Une agression grave est, selon le ministère de la Justice, “une agression sexuelle ; une agression rendant nécessaire une hospitalisation non-ambulatoire à l’extérieur ; une agression rendant nécessaire un traitement médical pour commotion ou lésions internes ; une agression provoquant n’importe laquelle des lésions suivantes : fracture, brûlure, lésion causée par un coup d’estoc avec un objet tranchant, écrasement, ecchymoses étendues ou multiples, ecchymose entourant l’œil, fracture du nez, dent perdue ou brisée, coupure nécessitant une suture, morsure, perte temporaire ou permanente de la vue”. ↩
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Les agressions envers les personnels augmentent de 21 % en 2019 par rapport à la totalité de l’année précédente. Malgré cette augmentation globale, une baisse de 14 % est constatée au dernier trimestre de 2018 par rapport aux mois précédents. Cette baisse est, selon le secrétaire d’État à la Justice Rory Stewart, la première significative depuis deux ans. Il estime cependant le niveau de violence inacceptable.
L'affectation des personnes transgenres dans un établissement dépend de
leur propre identification
“Toute personne détenue transgenre doit être soutenue, devant le tribunal, dans l’expression du genre auquel elle s’identifie”.1
Cette consigne n’est pas applicable en toute situation. Il est possible de passer outre l’auto-identification de genre en cas de manque de preuves et/ou de risque identifié (si le placement de la personne dans un établissement correspondant à son auto-identification n’est pas sûr). La décision doit être fondée sur des critères clairs. Elle prend en compte la sécurité de la personne détenue et des personnes codétenues. Le ministère de la Justice estime qu’“indépendamment du lieu de détention, l’identification de genre des personnes détenues doit être respectée. On veillera à leur fournir les accessoires leur permettant d’exprimer leur identité de genre“.
National Offender Management Service, “The Care and Management of Transgender Offender”, instructions du 1er janvier 2017 sur la prise en charge des infracteurs transgenres, p. 11 (en anglais). ↩
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Le nombre de personnes détenues transgenres est en augmentation au Royaume-Uni. Elles sont, au mois de mars 2019, au nombre de 125 en Angleterre et au Pays de Galles. Ce chiffre fait l’objet de débats. Certaines personnes ayant achevé leur transition ne souhaitent plus être comptabilisées comme personnes transgenres.
Sur environ 100 femmes trans’ ayant déjà opéré leur transition, 20 seulement seraient détenues dans des prisons pour femmes.
Les personnes LGBTQI+ sont détenues dans des quartiers ou des cellules séparés
dans quelques cas
Les chefs d’établissement placent parfois les personnes transgenres dans des unités de prise en charge et de séparation (Care and Separation Units). L’administration pénitentiaire déconseille le recours à ce dispositif. Le Conseil sur les questions relatives aux personnes transgenres (Transgender Case Board) doit être informé sous huit jours d’un tel placement. La décision peut être annulée en faveur d’une prise en charge alternative.1
National Offender Management Service, “The Care and Management of Transgender Offender”, instructions du 1er janvier 2017 sur la prise en charge des infracteurs transgenres, p. 18 (en anglais). ↩
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Le premier quartier pour personnes transgenres du Royaume-Uni ouvre, début mars 2019, dans une prison pour femmes. L’établissement se situe dans le sud de Londres. Sa création vise, selon le ministère de la Justice, à garantir la sécurité des femmes détenues et des personnes transgenres.
Âge à partir duquel un mineur peut être incarcéré
10 ans
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La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demande à l’Angleterre et au Pays de Galles, le 6 mai 2019, de relever l’âge de la responsabilité pénale. Il est actuellement fixé à 10 ans. Les conventions internationales recommandent un âge de responsabilité plus élevé. L’Angleterre et le Pays de Galles ont, selon la Howard League for Penal Reform, le taux d’incarcération de mineurs le plus élevé d’Europe de l’Ouest.
La CEDH affirme qu’exposer des enfants aussi jeunes au système judiciaire aggrave le risque de récidive.
Toute allégation ou tout soupçon de mauvais traitement infligé à un détenu est enregistré
Aucun registre ne consigne les allégations ou soupçons de mauvais traitements. L’administration pénitentiaire doit avertir, dans les cas les plus graves, le responsable local de la Police Intelligence1 (voir rubrique Incidents).
Composante de la police britannique chargée, entre autres, de regrouper les informations sur la criminalité. ↩
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Le mécanisme national de prévention (MNP) du Royaume-Uni souligne, dans sa communication au Comité contre la Torture de 2019, l’absence de publication de données annuelles détaillées sur les allégations et les faits prouvés de mauvais traitements. Les membres du MNP dénoncent des conditions et des régimes de détention ou encore des traitements si indécents qu’ils les assimilent à des mauvais traitements.
L’administration délègue à des prestataires privés tout ou partie de la gestion des établissements
oui
L’administration délègue en totalité à des prestataires privés la gestion de quatorze établissements anglais. Les opérateurs sont au nombre de trois :
- G4S, cinq établissements
- Serco, cinq établissements
- Sodexo, quatre établissements.
La prison de Parc (Bridgend) est la seule en gestion privée au Pays de Galles.
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La prison de Birmingham, sous contrat avec G4S, repasse, en février 2019, sous le contrôle de l’administration publique. Cette décision est prise suite aux déclarations, en août 2018, de l’Inspecteur en chef des établissements pénitentiaires, relatives à la dégradation des conditions de détention.
Des espaces sont dédiés aux activités culturelles
oui
L’offre d’activités culturelles et artistiques varie d’un établissement à l’autre. Ateliers, événements, performances, projections de films sont proposés à l’initiative de personnes et d’organismes extérieurs.
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Les principales activités :
- ateliers et projets musicaux (Changing Tunes, Firebird Turst, Irene Taylor Trust)
- formations et projets artistiques (Art Alive Arts Trust, The Koestler Trust, The Michael Varah Memorial Fund, TiPP)
- ateliers de théâtre (Clean Break Theatre Company, The Comedy School, Geese Theatre Company, Safe Ground, Synergy Theatre)
Des activités culturelles et de loisirs sont organisées dans les bibliothèques des établissements, comme les Storybook Dads. Il s’agit d’une activité destinée à favoriser la relation entre les pères et leurs enfants. Ces hommes enregistrent des histoires qu’ils leur destinent.
Des espaces sont dédiés aux activités physiques et sportives
Les détenus âgés de moins de 21 ans doivent bénéficier de deux heures hebdomadaires au moins d’activités physiques (Règle 41 des établissements pour jeunes délinquants). Les détenus âgés de plus de 21 ans en bénéficient d’une heure au moins (Règle pénitentiaire 29).
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Certains clubs et associations accompagnent les personnes détenues de diverses façons :
- Chelsea Football Club et la Fédération anglaise de rugby à XV, à la prison de Portland (18-21 ans)
- Street Soccer Academy (football de rue), à la prison de Forest Bank (18-21 ans et adultes)
- Airborne Initiative, programme extérieur en plein air aux prisons de Feltham, Brinsford, Cookham Wood, Werrington, Guys Marsh et Berwyn (18-21 ans)
- Get Onside, programme du club rugby de Saracens et le club de football de Fulham à la prison de Feltham (18-21 ans)
- Urban Stars South Gloucestershire, à l’établissement d’Ashfield (moins de 18 ans)
Les personnes détenues sont en mesure d’informer sans délai un proche de leur détention
Les personnes détenues peuvent appeler leur famille ou un conseiller juridique lors de l’incarcération ou après la première nuit en détention.1
Prison Reform Trust, “Information sheet for women in prison for the first time(fiche d’information pour les femmes détenues)”, octobre 2017, p. 2 (en anglais). ↩
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L’inspecteur en chef des établissements pénitentiaires indique, dans son rapport annuel 2017-2018, que moins de la moitié des hommes rencontrés au cours de ses visites se sont vu proposer un appel gratuit à leur famille.