Certains des pays les plus exposés aux événements climatiques élaborent des plans spécifiques de prévention et de gestion des catastrophes pour leurs prisons. Le degré de préparation est tributaire des ressources allouées aux administrations pénitentiaires, dans un contexte de fréquence et d’intensité accrues des catastrophes. Les plans adoptés et mesures mises en place sont alors rapidement insuffisants, voire inopérants.
Aux Philippines, il existe une procédure standard en cas de catastrophe naturelle, rédigée en janvier 2018. À Taiwan, les prisons ont toujours été considérées comme devant être autosuffisantes. Les plans de réponse aux catastrophes au niveau national, de comté et de municipalité les mentionnent rarement. Elles ne sont pas intégrées dans l’ensemble du processus taiwanais d’aide en cas de catastrophe.
En Nouvelle-Zélande, une étude de 2017 se penche sur la réduction des risques de catastrophe et de la gestion des urgences dans les prisons du pays. Elle souligne l’absence de plan global. Chaque prison dispose de son propre plan de gestion des urgences au niveau local, et la collaboration fait défaut avec les autres parties prenantes. “La capacité de l’administration pénitentiaire à évacuer rapidement un grand nombre de personnes détenues.” est jugée inquiétante.
En Australie, le gouvernement ne dispose pas de politiques nationales ou de directives. Les établissements sont contraints de mettre en place, au cas par cas, des mesures à l’échelle locale. Les organes de contrôle et les organisations de la société civile déplorent un manque flagrant d’intérêt de la part des administrations pénitentiaires quant à la gestion de la chaleur en détention. Les recommandations des organes de contrôles ne sont pas appliquées.
Au Canada, près de 225 détenus sont évacués de la prison de sécurité maximale de Port-Cartier (Québec) en juin 2024, en raison des feux de forêt. L’évacuation se déroule en urgence et est vivement critiquée par le Syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN. Il dénonce le manque de préparation du personnel pénitentiaire, l’insuffisance des équipements de sécurité pour le transfert de ces prisonniers considérées comme à haut risque ainsi que leur placement dans des établissements d’un niveau de sécurité inférieur.
Aux États-Unis, la majorité des documents relatifs aux interventions d’urgence dans les prisons sont indisponibles, insuffisants ou non applicables. Les établissements et le personnel ne sont pas suffisamment formés à l’intervention en cas de catastrophe et à la remise en état, contrairement aux pratiques observées dans les écoles et hôpitaux notamment. Les personnes détenues ne sont classifiées comme vulnérables que dans un tiers des 47 États disposant de documents de planification des urgences publiques. Dans certains, elles sont identifiées comme une “menace pour la sécurité publique”.
Le média Grist note qu’il n’existe aucune directive pour protéger les personnes incarcérées en cas de catastrophe dans les 130 centres de détention de la Louisiane. Les responsables de ces établissements - les gouvernements des comtés, les shérifs et le département de la sécurité publique et de l’administration pénitentiaire de l’État - doivent donc élaborer leurs propres plans d’intervention en cas d’urgence.
Les incendies de forêt sont fréquents en Californie, mais peu de plans d’évacuation sont mis en place. Le Centre Ella Baker passe en revue, en 2023, le manuel d’opérations de l’administration pénitentiaire californienne (Department Operations Manual - DOM). Il estime que le manuel, trop vague, ne permet pas d’établir la manière dont elle assure la sécurité des personnes incarcérées en cas d’urgence. Il ne semble pas y avoir de plan d’urgence concret en cas de feux de forêts, de températures extrêmes ou d’inondations. La formation des personnels en matière de gestion des situations d’urgence n’est pas explicitée.