France
Capitale — Paris
Dernières mises à jour
Nombre de personnels de santé (ETP)
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Onze psychiatres qui interviennent dans les prisons de Lyon-Corbas, Saint-Quentin-Fallavier et l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Meyzieu signent une lettre ouverte, en juillet, pour tirer la sonnette d’alarme sur le manque de personnel médical. Ils expriment leur inquiétude et estiment la santé des personnes détenues “en péril“.
Fin novembre, un article constate que la situation ne s’est pas améliorée et que l’unité sanitaire de la prison de Lyon-Corbas ne compte aucun médecin, pour un effectif de 1 100 personnes détenues. L’infirmerie dénombre habituellement 120 passages par jour.
Les examens médicaux se déroulent en toute confidentialité
non
Les consultations doivent se dérouler en l’absence de personnel pénitentiaire pour respecter la confidentialité des soins. En pratique, la configuration des locaux et la présence permanente de personnels pénitentiaires ne permettent pas toujours d’assurer cette confidentialité et le respect du secret médical.
Au centre pénitentiaire de Château-Thierry, les dossiers médicaux sont placés sous clé. L’administration pénitentiaire n’y a pas accès.1
Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Seconde visite au centre pénitentiaire de Château-Thierry (Aisne) 2015, p. 72. ↩
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Les personnes incarcérées à la prison de Sarreguemines (Moselle) qui sont examinées à l’hôpital général ne bénéficient pas de la confidentialité. Les consultations médicales se déroulent en présence du personnel de surveillance, en violation du secret médical.
L’eau potable est accessible, sans frais, partout où résident les personnes détenues
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Les femmes détenues à la prison de Rennes n’ont pas accès à l’eau dans leur cellule du 13 juillet jusqu’à la fin du mois d’août. L’eau, contaminée, est estimée impropre à la consommation. L’administration pénitentiaire distribue, chaque jour, l’équivalent de deux bouteilles d’eau d’un litre et demi.
L'administration consigne les incidents
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Les 142 détenus que compte la prison de Saintes (Charente-Maritime) sont transférés, de façon préventive, face au risque d’inondation que connaît le département. L’établissement situé au bord de la Charente avait connu une situation similaire, en février 2021, lors de précédentes crues.
Les cellules/dortoirs sont équipés d’un dispositif de régulation de la température
oui
Les vagues de chaleur impacte fortement les prisons. L’une des mesures prises, pendant l’été 2022, au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, est le réveil des personnes vulnérables toutes les deux heures. Les surveillants effectuent des rondes au quartier disciplinaire et en détention ordinaire. Ils allument la lumière des cellules et demandent aux personnes détenues de bouger. Ce traitement est considéré comme inhumain et dégradant par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT). Pendant la même période, certaines personnes détenues de la prison des Baumettes cassent les fenêtres “anti-bruit” pour pallier les fortes températures à l’intérieur des cellules et faire circuler l’air. Cela leur vaut des sanctions disciplinaires.
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Des personnes détenues disent souffrir du froid. Plusieurs contactent la section française de l’Observatoire international des prisons. À Fleury-Mérogis, une femme témoigne : “il fait plus froid dans la cellule que dehors“. À Lutterbach, un prisonnier raconte : “Si je fais fondre du beurre dans une poêle, il redevient solide en 1 minute 45, tellement il fait froid“. L’OIP-SF publie un communiqué à ce sujet et conclut : “de nombreuses personnes détenues vont donc passer l’hiver à grelotter dans leur cellule“.
Pourcentage de personnes en détention provisoire
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La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté visite, en avril, la prison de Sarreguemines (Moselle). Elle constate que 48 % des personnes incarcérées sont en attente de leur jugement, soit bien au-delà de la moyenne nationale.
Les recommandations du MNP sont suivies d'effet
dans quelques cas
Il apparaît que les recommandations locales, adressées aux chefs d’établissements, sont fréquemment prises en compte. Certaines recommandations, plus globales, demeurent sans effet.
La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) publie au Journal officiel, le 13 juillet 2021, des recommandations en urgence pour l’établissement de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne). Ces recommandations ne sont pas suivies d’effet. En octobre 2021, le tribunal administratif de Toulouse enjoint le ministre de la Santé, le Garde des Sceaux et le préfet de la Haute-Garonne de réaliser onze mesures urgentes destinées à améliorer les conditions de détention.
En juillet 2022, l’OIP-SF et Ordre des avocats de Toulouse saisissent le juge des référés pour dénoncer les conditions de détention à la prison de Seysses. En août 2022, le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse enjoint l’administration d’améliorer les conditions de détention. Il demande la remise en état des sanitaires, la distribution bimensuelle de pièges à cafards, et la mise en place d’un protocole de prise en charge des urgences médicales. Ces mesures font partie de celles déjà énoncées dans la décision d’octobre 2021. Une des avocates de l’OIP-SF regrette que le juge ne pose pas de conditions relatives à l’avancée des travaux.
Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise estime, le 2 décembre 2022, que les conditions de détention à la maison d’arrêt de Nanterre méconnaissent gravement les droits fondamentaux des personnes incarcérées. Il ordonne à l’administration de mettre en œuvre des mesures urgentes pour améliorer la situation. La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait déjà dénoncé, en 2016, l’importante surpopulation qui affectait l’établissement, les conditions matérielles de détention ‘fortement dégradées’, le manque de personnel, ainsi qu’un climat de violence particulièrement préoccupant.
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La CGLPL publie à cinq reprises des recommandations en urgence, depuis 2021, à la suite de visites d’établissements pénitentiaires. Dix-sept visites dédiées à la dignité des conditions de détention en maison d’arrêt sont réalisées depuis 2022. La CGLPL note : “les descriptions et recommandations auxquelles elles donnent lieu sont désespérément comparables“.
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La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté note, lors d’une troisième visite réalisée à la prison de Béziers en 2022, que ses précédentes recommandations ont été “fort peu suivies“.
Nombre de décès en détention
262
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Un homme incarcéré à la prison d’Aiton (Savoie) agresse son co-détenu à coups de casserole et d’un objet tranchant. Ce dernier meurt sans avoir pu être secouru à temps par les surveillants. Il s’agit du deuxième meurtre recensé, cette année, au sein de l’établissement.
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Un homme décède, brûlé vif, dans sa cellule de la prison de Nanterre. Lorsque les équipes arrivent, l’homme est déjà mort. Le parquet ouvre une information judiciaire pour “homicide involontaire contre X“ afin de faire la lumière sur les circonstances de la mort.
Nombre d'établissements
187
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La prison de Lavau (Aube) s’apprête à entrer en service. Elle est critiquée, quelques jours avant son ouverture, pour des malfaçons et des problèmes de salubrité. Plusieurs équipements ne seraient pas encore fonctionnels, notamment l’éclairage, les téléphones, des portes. Des surveillants du syndicat FO Justice rapportent l’existence d’infiltrations d’eau et estiment que les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité des personnels. Ils alertent contre une “ouverture chaotique“ et un “naufrage confirmé“.
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La majorité du budget de l’administration pénitentiaire est dédiée à la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, soit 634 millions d’euros. La section française de l’Observatoire international des prisons estime, dans une analyse, que cette politique de construction “va droit dans le mur“. L’association souligne notamment la dette de cinq milliards engendrée par ce choix et indique : “Au-delà de son inefficacité, cette politique aggrave les maux qu’elle prétend résorber“.
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Le plan 15 000 prévoit de porter, à l’horizon 2027, le nombre de places de prisons à 75 000, avec la construction de 51 nouveaux établissements. Le ministère de la Justice indique, en septembre, que la moitié seront opérationnels en 2024. Le plan de construction sera doté, en 2024, de 308 millions d’euros. Des opérations de réhabilitation, à hauteur de deux millions d’euros, sont conduites en parallèle.
Un organe de contrôle s’est prononcé sur la surpopulation carcérale
Le Comité européen pour la prévention de la torture publie, en 2017, le rapport suivant : “Les mauvaises conditions matérielles de détention et la surpopulation constatée dans certains établissements pénitentiaires combinées à l’absence de régime, notamment dans les maisons d’arrêt de Fresnes et de Nîmes pourraient être considérées comme un traitement inhumain et dégradant”.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), “Rapport au Gouvernement de la République française relatif à la visite effectuée en France du 15 au 27 novembre 2015”, p. 5 ↩
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La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté publie au Journal officiel, le 14 septembre 2023, un avis relatif à la surpopulation et à la régulation carcérales. Celui-ci précise que les mesures mises en œuvre jusqu’alors se sont montrées inefficaces. La CGLPL rappelle l’ensemble de ses préconisations et réitère le constat selon lequel la surpopulation carcérale “doit cesser d’être appréhendée comme une problématique essentiellement pénitentiaire et devenir l‘objet d’une véritable politique publique, dotée de moyens propres et pérennes. Elle doit s’accompagner d’un questionnement sur la place de l’emprisonnement dans le système pénal et d’un recours accru aux peines alternatives à l’incarcération“. L’autorité administrative indépendante propose d’inscrire dans la loi un mécanisme de régulation carcérale.
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Les Barreaux de Versailles, de Paris, des Hauts-de-Seine, du Val-d’Oise, de Seine-Saint-Denis et de Meaux s’associent à la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP-SF) pour saisir le tribunal administratif de Versailles. Ce dernier ordonne à l’État, le 17 avril, la mise en œuvre de 12 recommandations immédiates en vue d’améliorer les conditions de détention à la prison de Bois d’Arcy. Certaines sont adressées au préfet, d’autres au ministre de la Justice. Tous deux disposent de dix jours pour exécuter l’ordonnance.
Cette action fait suite à la publication d’un rapport, en décembre 2022, de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL). Elle y préconisait la suspension de toutes les admissions en raison de l’indignité des conditions de détention.
La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements
oui
Cette surpopulation se concentre essentiellement dans les maisons d’arrêt où sont incarcérés les prévenus et les personnes condamnées à de courtes peines. Elle affecte davantage les établissements d’Outre-mer.
Voir la carte
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La prison de Bordeaux-Gradignan enregistre, le 11 décembre, un taux d’occupation de 211 %. C’est l’un des plus élevés de France. Une visite parlementaire effectuée à cette date observe qu’une centaine de cellules sont triplées. L’arrêt des admissions durant un mois, effectué en mai, n’a pas résorbé la situation. À l’heure actuelle, 644 hommes vivent dans 305 places et 49 femmes dans 22 places.
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La moitié des personnes détenues disposent, à la prison de Sarreguemines, d’un espace individuel inférieur à trois mètres carrés.
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La prison de Vesoul compte, en avril, 73 personnes détenues pour 40 places.
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La maison d’arrêt de Gradignan suspend les admissions, en mai, dans le cadre du dispositif “stop écrou“. L’opération doit durer un mois au minimum et répond à une surpopulation importante.
L’établissement compte le double de personnes détenues que de places. Les conditions de détention sont jugées déplorables : moisissures, matelas au sol, promiscuité. Peu d’activités permettent aux personnes détenues de sortir de leur cellule.
Les personnels, en sous-effectif, se disent submergés. Le trafic de drogues et de médicaments serait courant. -
Plusieurs prisons sont occupées à plus de 150 %. C’est le cas de 48 d’entre elles. Certains établissements enregistrent une densité carcérale au-delà de 200 % : Nîmes (212 %), Bordeaux-Gradignan (211 %), Carcassonne (214 %). Cette surpopulation est jugée “chronique“.
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La prison de Périgueux enregistre un record de surpopulation. L’établissement dispose de 99 places. Il dénombre 165 détenus. Un syndicat de surveillants (Force ouvrière), prédit une “catastrophe“ en cas d’absence d’évolution de la situation.
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Quatre hommes se partagent une cellule de 9m2 à l’établissement de Camp-Est (Nouméa, Nouvelle-Calédonie). L’établissement compte 610 personnes détenues pour 410 places. La surpopulation entraîne promiscuité et tensions. Un détenu témoigne : “Il fait chaud, il y a de la poussière dans les cellules. Il y en a qui pètent un câble, qui cassent tout. Il y en a qui n’arrivent pas à dormir. Après, ils sont obligés de prendre des cachets, ils sont mal“. La présence de rats et de cafards est rapportée, les toilettes fuient, la chaleur est parfois intense, le réseau électrique est défaillant.
L’état de délabrement du Camp-Est avait déjà été épinglé, en 2011 et en 2019, par la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Le tribunal administratif avait enjoint l’administration pénitentiaire, en 2020, à “faire cesser les différents manquements à l’hygiène dans les quartiers de centre de détention pour hommes, notamment dans les cellules ‘containers maritimes’“. Le quartier mineurs a été rénové, mais les mesures sont jugées insuffisantes. La section française de l’Observatoire international des prisons estimait, en 2020, qu’elles s’apparentaient à “un pansement sur un bâtiment vétuste et insalubre“ et que la solution serait de “raser le Camp-Est et de le reconstruire“.
Les personnes détenues sont classées selon leur niveau supposé de dangerosité
oui
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Un rapport, publié en mai 2023, fait mention de 225 détenus particulièrement surveillés (DPS) pour 73 000 détenus. Ce document fait suite à une commission parlementaire chargée de faire la lumière sur la mort, en 2022, d’Yvan Colonna à la prison d’Arles. Le rapport indique que “le cadre légal du registre des DPS relève du niveau règlementaire et souffre d’une absence de définition dans la loi“. Il pointe de nombreux dysfonctionnements et affirme que le statut des DPS “n’a pas vocation à revêtir un caractère définitif a priori“. Le rapport formule 29 recommandations susceptibles de faire évoluer ce statut, dont un réexamen de l’inscription au répertoire des DPS et une plus grande précision dans les motivations qui président à l’inscription de la personne concernée.
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Le statut de “détenu particulièrement surveillé” (DPS) est créé en 1967. Il permet de classer certains détenus en raison de leur niveau de dangerosité présumé ou de leur risque d’évasion. L’inscription, le maintien et la radiation de personnes détenues à ce répertoire revient au ministre de la Justice. Il en découle des mesures de sécurité spécifique, comme l’affectation dans une cellule proche des postes de surveillance, un contrôle renforcé de jour comme de nuit, une vigilance accrue lors des opérations de contrôle et de fouille, un examen méticuleux à toute candidature aux activités proposées en détention. Chaque DPS peut faire l’objet, au niveau de l’établissement, d’une note individuelle pour ajouter d’autres mesures (encellulement individuel, escorte renforcée lors des déplacements, rapports fréquents…). Le régime des DPS concernerait, chaque année, entre 200 et 250 personnes détenues.1
Évolution de la capacité d'accueil des établissements
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Un rapport parlementaire daté du 25 mai met à mal les promesses d’accroissement du parc pénitentiaire formulées par le gouvernement. Le député Patrick Hetzel, rapporteur spécial des crédits de la mission Justice de l’Assemblée nationale, estime que le plan de construction de 15 000 places est “d’ores et déjà sous-dimensionné“. Ce dernier, conçu en deux tranches (7 000 places en 2022, 8 000 en 2027), accuse du retard : seules 2 441 places sont en service à la fin de l’année 2022.
Le député relève des problèmes de “pilotage“ à l’origine de ces retards. La chancellerie, pour sa part, souligne la difficulté à trouver des terrains pour y ériger de nouveaux établissements pénitentiaires et réfute tout problème de gouvernance. Elle réaffirme que le calendrier sera tenu. -
La construction de 15 000 places de prison est prévue pour 2027. Les 24 000 places sorties de terre, de 1990 à 2022, n’ont pas résorbé la surpopulation carcérale. Le magazine d’inspiration économique Challenges s’interroge sur la politique menée par le gouvernement et rappelle que le Comité pour la prévention de la torture (CPT), ne préconisait pas, dès 2021, cette approche : “l’accroissement des capacités d’accueil est loin de constituer une solution durable au problème de la surpopulation“.
Les personnes détenues disposent
d’un lit ou d’un matelas au sol
La surpopulation est telle que toutes les personnes détenues ne disposent pas d’un lit.
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L’administration pénitentiaire rapporte, en avril 2023, que 2 151 personnes détenues dorment sur un matelas au sol. Cette situation est circonscrite aux maisons d’arrêt.
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Les personnes détenues ne disposent pas toutes d’un lit. Certaines sont contraintes de dormir sur des matelas au sol, par manque de place. Elles sont, au mois de février, plus de 2 000 à vivre dans ces conditions.
Les salaires sont
largement en-dessous du salaire minimum
La rémunération minimale prévue par la loi pénitentiaire varie entre un sixième et un tiers du salaire minimum (SMIC) au service général. Elle peut atteindre un peu moins de la moitié du SMIC quand les personnes détenues travaillent pour des entreprises privées ou pour la Régie industrielle des établissements pénitentiaires (RIEP). La rémunération ne peut pas être inférieure à 1,58 € par heure, alors que le Smic horaire brut est de 10,03 € (au 1er janvier 2019).
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Les travailleurs détenus sont tenus d’être rémunérés sur un salaire horaire indexé sur le SMIC. Cette obligation n’est pas respectée. Le Comité européen des droits sociaux indique que “la rémunération horaire des détenus est inférieure au niveau établi, principalement en raison de la pratique de la rémunération à la pièce.”
La loi prévoit l'encellulement individuel des mineurs
oui
Les mineurs disposent souvent de cellules individuelles mais ce n’est pas toujours le cas, notamment en cas de surpopulation.
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L’établissement pour mineurs de Meyzieu (Rhône) compte davantage de filles incarcérées que de places disponibles. Le quartier qui leur est réservé dispose de cinq cellules. Elles sont, à la mi-janvier, au nombre de sept. L’administration place des lits de camps pour les accueillir. Cette mesure contrevient au principe d’encellulement individuel, habituellement respecté dans les lieux qui accueillent des détenus mineurs. L’administration déplace les jeunes filles, à la fin du mois de mars, pour qu’elles puissent être seules en cellule. Ces changements contribuent à “dégrader les prises en charge, créer de la rupture“, estime un personnel de l’établissement.
Les violences entre personnes détenues font l'objet d'une enquête
Tout fonctionnaire qui “dans l’exercice de ses fonctions” acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est obligé de le porter sans délai à la connaissance du procureur de la République.
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Un homme, placé au centre de semi-liberté de la Talaudière (Loire), meurt dans la nuit du 28 au 29 décembre 2022. Plusieurs personnes détenues à la maison d’arrêt, située à proximité du quartier de semi-liberté, témoignent. Elles disent avoir entendu des coups et alerté des surveillants. La victime aurait, selon l’un de ces témoins, reçu des coups de fourchette dans les yeux et dans la carotide. Le co-détenu mis en cause a été transféré. Un juge a été saisi.
Des politiques de prévention du suicide sont mises en œuvre
oui
Les politiques de prévention du suicide se succèdent mais ne parviennent pas à faire diminuer leur nombre de manière significative.
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Le gouvernement se dote, en 2022, d’une nouvelle feuille de route sur la lutte contre les suicides. Un guide pratique sur la prévention doit ainsi être remis aux personnels à la fin du mois de mars 2023. Ce plan fait suite à celui engagé en 2009, qui contenait vingt mesures. Parmi celles-ci, la mise en place de co-détenus de soutien était préconisée. Cette disposition reçoit des critiques.
Nombre de décès attribués à un suicide
125
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Le ministère de la Justice rapporte 125 suicides en prison en 2022. Ce nombre était de 121 en 2021, de 113 en 2020 et de 114 en 2019.
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Un homme d’une vingtaine d’années se serait pendu à la prison de Bois d’Arcy. Un enquête est ouverte pour connaître les circonstances de cette mort.
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Un homme de 47 ans se suicide à la prison de Montbéliard. Il avait été incarcéré la veille, après une comparution immédiate.
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Un homme se suicide à la prison de Rémie-Montjoly (Guyane). Celui-ci, âgé de 22 ans, était placé au quartier disciplinaire.
Nombre de postes de surveillants (ETP)
29 112
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Les personnels de la prison de Gradignan rapportent de nombreuses difficultés : manque de soutien de la hiérarchie, sous-effectif, ambiance délétère. Un surveillant témoigne : “On nous fait de moins en moins confiance. La direction a recours à un usage détourné de la vidéoprotection pour surveiller le personnel“. Les arrêts maladies, les démissions et les burn-outs sont autant de symptômes de conditions difficiles d’exercice du métier. Une greffière évoque un manque de bienveillance, un cumul excessif des tâches. La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté s’était alarmée, en 2022, du taux d’absentéisme, parfois à hauteur de 36 %. Elle indiquait que le personnel “faisait son possible“ pour pallier une situation dégradée. Plusieurs personnels ont depuis quitté l’administration pénitentiaire.
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Le métier de surveillant suscite peu de vocations. L’administration peine à recruter. Le Syndicat national pénitentiaire Force ouvrière estime qu’il a manqué, en 2022, environ 700 recrutements.
Le passage des surveillants de la catégorie C à la catégorie B pourrait aggraver la situation. Les fonctionnaires de catégorie B doivent être titulaires du baccalauréat. Près de 40 % des surveillants sont uniquement diplômés du brevet des collèges.
Nombre de personnes incarcérées
72 173
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Les prisons françaises comptent, au début du mois de février, 72 294 personnes détenues. C’est davantage que le nombre de places opérationnelles (60 662) dont dispose le parc pénitentiaire. Il en résulte un taux d’occupation élevé dans les maisons d’arrêt et les quartiers maison d’arrêt, où se concentre la surpopulation carcérale. Plus de 2 000 personnes détenues dorment sur un matelas au sol.
Certains travaux sont rémunérés à la pièce
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Des entreprises dites concessionnaires rémunèrent des travailleurs détenus à la pièce. C’est ce que rapporte la section française de l’Observatoire international des prisons dans une contribution relative au travail en prison dans le cadre de la Charte sociale européenne. Elle indique qu’une pratique “consiste à établir un prix par pièce réalisée, de multiplier ce prix par le nombre de pièces réalisées, et de convertir le résultat en heures travaillées. Le nombre d’heures payées est alors bien inférieur au temps effectivement travaillé“. Cette pratique est illégale depuis la loi pénitentiaire de 2009.
Budget de l'administration pénitentiaire
3 593 017 147
dollars - 3.3 milliards d’euros
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Le gouvernement français s’apprête à investir 4,4 milliards d’euros, d’ici 2027, en vue d’achever des chantiers de construction ou de réhabilitation de places de prison. Le budget de l’administration augmente, en 21 ans, de 254 %. L’extension du parc pénitentiaire constitue le premier poste de dépense.